mardi 8 novembre 2016, par
Il est rassurant de constater à quel point la même matière première peut donner lieu à des réinterprétations différentes. La musique ‘froide’ des années ’80 ne revient pas, elle n’a connu qu’un hiatus jusqu’au début des années 2000. Depuis, on a pu en trouver des traces chez des formations aussi variées que The XX ou Interpol. Le cas des Russes de Motorama est aussi assez différent, et leur relecture présente de bien bons morceaux et une patte vraiment identifiables.
Si on n’a pas encore parlé de cette formation hébergée par les toujours épatants Talitres (The Callstore, Emily Jane White, Will Stratton...), on a déjà évoqué leur projet Utro qui navigue dans les mêmes eaux faussement glaciales mais ajoute l’usage de la langue Russe. C’est en Anglais qu’ils s’expriment ici, rendant l’abord moins étrange et tout de suite plus familier. Parce qu’on sait qu’on sera assez vite chez soi avec Motorama.
Tout d’abord, cette belle pochette qui en évoque d’autres, certes, mais présente une belle seconde lecture avec son premier aspect abstrait. Si Hard Times lance cet album sur un faux rythme, Tell Me pousse le bouchon plus loin. Comme il faut des ambiances qui collent à ce début d’automne, on est contents de se retrouver sur leur route.
Le chant n’est pas trop majestueux mais si le style a connu de grands vocalistes (d’Ian Curtis à Ian McCulloch), ce n’est pas un passage obligé. De plus, elle est assez planquée derrière l’écho et donne une patte reconnaissable et une certaine fraicheur.
Musicalement, les synthés, basses et guitares tiennent alternativement les avant-postes, pour des effets différents. Plus pop et sautillants, voire même pas trop éloignés des premiers Smiths quand la six-cordes est mise en avant, ils peuvent aussi pencher vers la ferveur robotique (avec un chancellement vocal qui rappellera Joy Division) quand la basse prend le contrôle de Someone is Missed. Cet album court et varié dans un genre, typiquement conçu pour les hautes rotations, surtout qu’il évolue vers plus de légèreté.
On notera donc l’accrocheur I See You qui repart quand le clavier vient en renfort et un rythme qui ne chancelle jamais permet à la langueur de Reflection de pleinement faire son effet.
Donc au-delà de la curiosité, il y a une vraie personnalité, et le traitement de cette musique froide nous fait clairement ressentir qu’il y a de la chaleur sous la glace. Plus de trente ans après ses modèles, cette musique peut donc encore s’incarner s’il y a de fortes personnalités pour la défendre.
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