lundi 20 février 2017, par
On replonge toujours dans le monde inquiétant de Xiu Xiu avec un peu d’appréhension, comme quand on descend dans une cave humide qu’on n’a pas encore exploré. Mais on sait aussi que cette cave peut receler des trésors et on en remonte soulagés et ravis.
Dès les premières écoutes, on sait qu’on n’a pas affaire à un Xiu Xiu trop obscur. Surtout le premier morceau The Call qui ne présente pas de rupture trop rude. On y entend certes quelques éructations mais ce ne sont pas elles qui cristallisent l’attention. La relative accessibilité dépendra bien entendu de votre acceptation du ton très affecté de James Stewart, lequel est un marqueur fort mais aussi un potentiel écueil pour l’auditeur trop occasionnel.
Les sons qui parsèment les morceaux peuvent être anxiogènes mais il y a toujours ce moment de recentrement, cette concentration autour d’une densité du son qui apporte une intensité jamais démentie. Queen of The Losers comprend tout ça. De même, Forget est un de ses bons morceaux (tous albums confondus) parce qu’il dégage une immense intensité avec l’électronique forte et puissante. Les morceaux plus nus comme Petite ne sont pas exagérément désolés. Il s’en dégage une émotion véritable, tout aussi palpable sur le poignant Faith, Torn Apart.
Il n’en abandonne évidemment pas son auto-flagellation pour autant (Do you hate because I seem so stupid sur Get Up) mais l’intensité en est simple, directe avec un son légèrement distordu. Et si la conjonction de gros son et de lignes mélodiques claires et faciles rend Hay Choco Bananas immédiatement sympathique, il pousse les curseurs tellement loin sur la fin que si l’accessibilité est réelle, elle reste limitée à un public un rien averti et curieux.
On retrouve aussi au casting de cet album de vieilles connaissances comme John Congleton ou Greg Saunier (Deerhoof) mais aussi Kristof Hahn des Swans ou Charlemagne Palestine. Des collaborations de haut vol donc pour un album qui marque un retour à une forme plus compacte après s’être frotté aussi bien à des standards folk que la musique de Twin Peaks.
Un film d’horreur qui ne fait pas peur peut être considéré comme raté, voire ridicule. Libéré d’une part de sa composante anxiogène, cet album de Xiu Xiu n’en garde pas moins tout son intérêt, parce qu’il conforte d’autres manières de rester intense. Plus soyeux peut-être, mais toujours singulier et sans concession, l’univers de James Stewart livre un de ses hauts faits avec ce Forget.
Depuis eux albums, Cross Record est le projet solo d’Emily Cross. Chanteuse de Loma, elle agit aussi en tant que ‘Death Doula’, autrement dit en assistant des fins de vie. Elle a aussi quitté son Texas pour le Dorset et est devenue mère, ce qui ne doit pas être un mince ajustement. Donc quand on décèle que c’est une chanteuse habitée, tout ce substrat prend son sens, prend chair même. (…)
Comme un Perfume Genius qui a émergé à la même époque, Trevor Powers est passé de petit génie de la bedroom pop intime à singer/songwriter aux possibilités pas encore complétement cernées. Le point de départ de cet album est la découverte d’anciennes vidéos de son enfance retrouvées dans la cave de ses parents. C’est pourquoi on entend beaucoup d’extraits de vidéos, de conversations. (…)
Il y a des artistes qu’on côtoie depuis très longtemps, dont l’excellence semble tellement aller de soi qu’on est surpris qu’ils arrivent à se surpasser. On la savait sociétaire d’un genre en soi dont d’autres membres seraient Angel Olsen ou Emily Jane White, voire Bat For Lashes. De fortes personnalités à n’en pas douter. Mais sur cet album, le ton est bien plus rentre-dedans que chez ses (…)
On a déjà avancé l’idée que The National serait le plus grand groupe de rock du monde. Ou alors pas loin. Mais sans doute par défaut. Il faut dire que leur succès est arrivé sur le tard et presque malgré eux. Ils peuvent se targuer d’une impressionnante discographie. Et puis il y a cette sensation que les albums s’enchainent sans que leur statut n’impose leur contenu. Ils arrivent à avoir des (…)