vendredi 20 avril 2018, par
L’obstacle de la langue n’en est jamais vraiment un en musique. On vous a parlé du Russes d’Utro, du Lituanien d’Alina Orlova et on ne va pas faire semblant qu’on comprend mieux ceux qui ont décidé de s’exprimer en Allemand. Du reste, on sait que très peu d’auditeurs s’intéressent au contenu sémantique de l’hégémonique musique anglo-saxonne. L’emploi de la langue Arabe par le Tunisien d’origine Jawhar Basti est donc une particularité. Mais il dépasse de loin l’anecdote parce que la musicalité de cette langue est vraiment particulière, surtout dans ce contexte.
Le pitch facile et choc pour son formidable second album Qibla Wa Qobla était de présenter une sorte de Nick Drake des Sables. Cette étiquette bien pratique et finalement méritée semble moins bien adhérer à cet album. On y retrouve en effet moins de folk mélancolique, plus de syncope et de nombreux présentant deux visages, plus intime et plus ample.
N’attendez donc que peu de couleur locale, de gammes ‘orientales’, de quarts de tons. Le chant, les histoires, souvent sous forme de conte sont suffisantes pour assurer la singularité en sus de l’emploi de la langue elle-même. Les bonnes idées ne sont cependant ni nécessaires pour faire de la bonne musique et on sait depuis le magnifique qu’on peut compter sur de grands morceaux. On a pu entendre ces titres en mode acoustique, c’est-à-dire sans les occasionnellement puissants arrangements et cet impitoyable crash-test était convaincant. De quoi nous laisser revenir vers cet album en toute quiétude et de quoi aussi nous convaincre qu’il y a plus que de l’écriture là-dessous.
On notera aussi une basse assez présente (Winrah Marah), des cordes soyeuses pour densifier la seconde partie de Bik Ndour. On fond donc pour la mélodie fraîche de Soutbouk. Ce petit arpège sur lequel le reste vient en renfort est irrésistible. On cède aussi volontiers pour le petit piano pour Wena Wena Mechi et sa magnifique mélodie. Cette invitation au voyage peut prendre des allures de blues dense (Guelou Lmout), d’une belle langueur (Menich Hzin) ou encore de douceur acoustique (Sghar).
Sur un troisième album, on ne peut plus compter sur l’effet de surprise. Et quand l’essai précédent est brillant, le risque de déception est grand. On n’aura pas à déplorer de baisse de régime cependant puisque Winrah Marah se permet de se placer dans la lignée de son prédécesseur en montrant une vraie évolution.
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