Accueil > Critiques > 2018

Indridi - Ding Ding

lundi 3 septembre 2018, par marc


Islande est terre de paysages somptueux (sur photos, faute de m’y être rendu en vrai) et d’artistes intenses et singuliers. On le sait, ça se confirme. Issu de la formation punk-hardcore Muck (inconnue de mon bataillon), Indridi se profile en effet comme le prolongateur d’une belle lignée. De deux lignées, si on veut aussi l’inclure dans une informelle école récente qui mêle la simplicité des compositions d’influence folk et un certain goût de l’intensité sonore.

La première inclinaison se retrouve ici dès le premier morceau qui commence en picking délicat. On retrouvera cette veine sur les morceaux les plus dépouillés comme Amy, Summermania ou Hvorteder chanté dans sa langue natale (Haloween semble chanté en Islandais). On nous cite Bonnie ’Prince’ Billy ou Sun Kil Moon. Je veux bien comprendre la filiation mais ce ne sont pas les amateurs de folk épuré qui seront le plus à la fête ici.

Parce que ces morceaux peuvent aussi prendre de l’ampleur comme Amma qui entame cet album. On pense alors à ce que font des artistes comme Ed Tulett ou Novo Amor ensemble ou séparément. Mais si ces derniers privilégient la délicatesse et l’apesanteur, Indridi pousse le curseur soit vers plus de dépouillement (quelques notes de clavier suffisent parfois) ou même plus de bruit, le fuzz étant de sortie sur le second morceau et les arpèges électriques zébrant le très beau Tinder. On retrouve sur ce morceau et d’autres (ADHD) la sombre tension qu’on avait tant aimée, jadis, sur le premier album de Joseph Arthur.

Il existe maintenant toute une série d’artistes qui arrivent à mêler la délicatesse acoustique et une certaine force électronique ou électrique. Le mélange semble tellement compliqué à réaliser et est gratifiant à chaque fois. Donc, au-delà des esprits curieux, c’est surtout aux amateurs de belles choses qu’on conseillera Indridi. Dans un monde idéal, ça fait beaucoup de monde.

    Article Ecrit par marc

Répondre à cet article

  • Stranded Horse – The Warmth You Deserve (with Boubacar Cissokho)

    Il y a des albums qu’on détaille, dont on analyse chaque parcelle. Et puis il y a ceux qui se conçoivent dans leur globalité tant leur style est transparent. Ce huitième album de Stranded Horse appartient à ces derniers tant il est cohérent de la première à la dernière note de kora.
    Si le style vous est familier, sachez que rien ne change vraiment ici, et c’est tant mieux tant cet univers (…)

  • The Imaginary Suitcase – A Chaotic Routine (EP)

    Oui, les choses changent, même pour les compagnons musicaux de longue date. Et même après une dizaine d’oeuvres relatées ici, on constate ce changement dès la pochette. On passera sur le changement de police de caractère pour se concentrer sur les visages, présents pour la première fois. Et puis constater que Laurent Leemans n’est plus seul à bord, même si les autres noms ne sont pas (…)

  • Basia Bulat - Basia’s Palace

    Depuis le 2 janvier 2007, la musique de Basia Bulat est dans nos vies. Et elle y est restée. Après avoir revisité sa discographie avec un quatuor, la revoici avec du nouveau matériel initialement composé en midi. En mode disco donc ? Non, pas vraiment, même si Angel s’en approche un peu. Le décalage avec sa voix chaude est intéressant en tous cas.
    Dans le rayon du mid-tempo plus roots, des (…)

  • Jawhar - Khyoot

    Comme Raoul Vignal dans un genre proche, l’évolution de Jawhar l’amène à plus de douceur, à plus de rondeur, avec une vraie beauté qui en résulte, un peu différente de celle des débuts, mais tout autant indéniable. Lui qu’on avait notamment entendu aux côtés de Françoiz Breut ou Monolithe Noir dans un passé récent, il reprend ici le fil de sa discographie avec une certaine continuité. Ne (…)