lundi 24 septembre 2018, par
Que ce soit en cuisine ou en musique, la fusion est sans doute un des termes les plus flous qui soient pour des résultats assez hétérogènes. Entre le jazz fusion que personne n’écoute plus vraiment et les mélanges de type kamoulox combinatoire de certains restaurants, difficile de donner beaucoup de crédit à la formule. Dans cet ordre d’idées, Dirty South Crew revendique la fusion entre hip-hop et rock. Bon, cette alliance n’apparait plus contre nature depuis au moins une trentaine d’années (genre Run DMC), voyons comment elle peut rester pertinente.
Une des pistes de la réussite de cet album de Dirty South Crew est une certaine variété. Parce qu’en outre des guitares qui viennent apporter la pêche nécessaire au narquois Radio Star (une pique à Stromae sera toujours bienvenue) et se lancent même dans un solo à l’occasion, on peut aussi trouver des violons pour relever Tomorrow. Lesquels peuvent se combiner à de jolies harmonies vocales à tendance africaine pour enchanter Warriors. Les gimmicks peuvent aussi se faire plus électroniques (Julie). Mais quand on a une voix comme celle de la chanteuse, il ne faut pas grand’chose pour l’habiller. Précisons aussi que l’anglais et le français sont utilisés ici, augmentant encore la variété.
Le hip-hop serait-il dans une ère de nostalgie ? On ne dénote ici aucun passéisme dans le son, puisque ce qu’on entend n’est à rapprocher ni des débuts discoïdes du hip-hop ni des tentations metal des années ’90, mais on décèle tout de même une petite contradiction entre un son riche et actuel et l’envie brandie du Retour aux fondamentaux/un beat, un mic’ une sono. La nostalgie cela dit ne constitue pas leur préoccupation principale et leur morceau le plus enlevé pourrait être ce Lokuta Na Yo (‘Tu mens’ en Lingala) rageur et prenant par son contexte politique. Leurs souvenirs de tournée sur Hands Up, qui peuvent rappeler Salle Des Fêtes de La Canaille.
Si la tracklist est bien longuette, c’est parce que le groupe d’Amiens se permet quelques courtes fantaisies comme passer des bandes à l’envers en guise de pause. Ils ont donc des idées et les moyens de leur politique. Mêler hip-hop et rock est une vieille idée qui a eu des bons et mauvais résultats mais quand ces deux éléments ne sont que des ingrédients créatifs, ils peuvent maintenir le sourire de l’auditeur une heure durant.