mercredi 7 novembre 2018, par
Il l’avait annoncé, Dominique A avait des envies électriques et acoustiques assouvies sur deux albums distincts cette année. Première constatation, on n’est pas dans une dualité électrique toutes guitares dehors/feu de camp telle que la pratique, disons, un Neil Young. Mélanger ces titres à ceux de Toute Latitude est envisageable sans avoir de résultat déroutant, sans doute parce qu’ils sont issus des mêmes sessions. Les structures des morceaux sont construites autour d’arpèges (sa référence avouée dans la démarche étant Leonard Cohen), c’est manifeste, mais ce n’est pas le folkdécharné qu’on aurait pu attendre. Il y a en effet bien plus de couches que ça (Comme L’Encre).
Tout le bien étant dit de Toute Latitude, qu’en est-il cette Fragilité ? Le désormais quinquagénaire nous livre un album forcément moins flashy, forcément peu chargé en hymnes. La Fragilité porte bien son nom ou pas. C’est pertinent parce qu’il s’y met à nu comme d’habitude et que la puissance de feu (surtout manifeste en concert) ne peut être convoquée en renfort. Mais si la délicatesse est là, il ne doit pas compter sur la fragilité pour que le charme opère, même si cette fragilité est personnelle et même revendiquée par l’auteur. Ce n’est même pas lent (Le Temps qui Passe Sans Moi) d’ailleurs et même les morceaux un peu moins spectaculaires sont toujours parfaitement finis (La Splendeur, Le Soleil).
Mais on discute ici de nuances puisque c’est un album de Dominique A qui se place logiquement dans sa discographie étoffée. Il peut donc compter sur ses points forts. La Poésie est ainsi limpide, évocatrice et personnelle à la fois. On retrouve quelques mélodies magnifiques de Beau Rivage ou Comme Au Jour Premier dont on sait qu’il nous accompagnera longtemps.
Les thèmes sont aussi personnels et parfois récurrents. Le Grand Silence des Campagnes fait écho à Désert d’Hiver ou à Close Ouest, voire La Fin D’un Monde. C’est finalement un des derniers artistes naturalistes qui n’a pas peur de relater, tout simplement, sans fard et sans idéalisation d’une vie à la campagne fantasmée. Il trouve là aussi un bel équilibre entre abstraction et une écriture plus frontale (Le Ruban). Le tout avec un sens mélodique poussé fort loin.
Tout ne renverse pas en première écoute mais on sait qu’on passera tellement de temps avec un de ses albums qu’on sait que la première impression n’est jamais définitive. Cependant, quelques semaines de fréquentation assidue plus tard, on peut affirmer qu’on l’a connu plus percutant. Cette Fragilité n’a pas l’impact d’albums comme Eléor ou Vers Les Lueurs parce qu’il est évidemment compliqué de rester parfait sur les 32 titres parus cette année. Mais il y a assez de perles pour que certains auditeurs puissent s’approprier cette Fragilité et avoir une relation bien personnelle avec elle.
On s’en voudrait presque de tresser des couronnes de laurier à tous les albums de Dominique A mais au vu de l’incroyable série en cours, on ne peut qu’acter qu’une des grandes discographies francophones, sans doute la plus passionnante de notre époque, s’écrit devant nous. Cela dit, ceci est une belle étape, pas un point final majestueux.
On avait déjà confessé un goût prononcé pour ceux qui abordent la chanson française avec des envies résolument indé. Dans ce contingent, Volin nous avait beaucoup plu et on retrouve son leader Colin Vincent avec plaisir sur ce nouveau projet. Si on retrouve la même propension à garder des textes en français sur des musiques plus aventureuses, le style a un peu changé.
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