mercredi 16 janvier 2019, par
Ce qui étonne chez la formation emmenée par Serban Vidick est la facilité avec laquelle légèreté et noirceur se côtoient sur cet EP. With The Moon nous fait en effet croire qu’on s’embarque dans une plaisante pop à guitares, pas exagérément joyeuse et bien plaisante.
A l’opposé, I Got Senses lorgne carrément du côté de Nick Cave. La guitare est plus lancinante cependant et le ton moins hanté que le crooner crépusculaire australien et c’est heureux, ça coupe toute tentation de comparaison trop frontale. Le plus sombre The Teaser plaira à ceux qui portent Black Heart Procession dans leurs cœurs. Entre ces deux le plus syncopé Shade Shape prend des petits airs de Spoon version décontractée.
Un peu sombre mais lumineux, cet EP d’A Boy With A Beard arrive à faire le grand écart avec ferveur et facilité. De quoi largement donner envie d’en connaitre plus. En l’état, leur personnalité peut prendre des atours bien différents et tous ces six titres font mouche.
Et si on parlait d’un autre groupe estonien ? Le premier étant Ewert and The Two Dragons, celui-ci pratique un genre bien différent, s’agissant d’un d’un trio électronique qui profite de la voix forte de Johanna Eenma.
Ils revendiquent cet EP comme sombre, ce qui est sans doute exagéré, surtout au vu des choses bien plus noires dont on aime parler ici.
Comme nous sommes des gens foncièrement positifs, on va se concentrer sur ce qui plait sur ces six titres. On préfère donc quand ils se font plus langoureux (Chances), avec une variation en son milieu qui relance le morceau de bien belle façon. On sent là-dedans un potentiel que le reste ne laissait qu’entrevoir. On applaudit aussi quand ils osent se lancer dans de l’electro plus poussée (Discoveries). C’est en ces deux occasions qu’on se dit qu’on a bien fait de faire le déplacement en pays balte, le reste semblant plus convenu. A eux de jouer sur leurs forces donc.
Dans les découvertes tardives de 2018 il y avait cet album sorti en 2016 en Italie et dans le reste du monde deux ans plus tard. Créature sonique de Marco Giambrone depuis 2012, la formation transalpine livre ici un album beau et recueilli.
On retrouve donc de belles choses évanescentes, une mélancolie qu’on avait aimé chez Noiserv (Endurance), un peu de distorsion en sus. Sur Somewhere, les paroles se bornent à répéter le titre. Inutile de préciser que c’est l’ambiance qui prévaut ici. Surtout que le ton détaché et l’aspect répétitif et lancinant peut les rapprocher du neo-folk (Innocence), de même que la justesse relative de la voix. L’effet est en tous cas semblable à ce que dégage Sol Invictus. C’est peut être un obstacle mineur pour certains auditeurs peu au fait de ce pan de la musique mais c’est tout sauf rédhibitoire sur la longueur.
Cavalry s’articule quant à lui autour d’un sax et une basse répétitive comme on aurait pu en trouver sur certains Pink Floyd hors d’âge. La lenteur de Labyrinth les situe par contre dans le sillage de Spain ou Barzin, Like Gaming Cards se posant candidat au slowcore. On le voit, la disparité des références établit une personnalité bien cohérente en tous cas.