lundi 6 mai 2019, par
Internet est là pour favoriser les échanges et les découvertes, les réseaux sociaux peuvent sans doute faire le buzz mais rien ne remplace le fait d’être au bon endroit au bon moment. C’est donc de l’autre côté de l’Atlantique que j’ai pu découvrir par hasard et à la radio une formation qui n’avait pas de sortie officielle à son nom. Une reprise aventureuse de Radiohead plus tard, ils allaient vite mettre tout le monde d’accord avec un brillant premier album. C’était il y a onze ans déjà et les voici à se frotter à l’exercice du double album.
Mais au contraire de formations comme Clash ou Arcade Fire qui ont profité de leur long quatrième album pour développer un éclectisme forcément inégal, ces 18 titres gardent une bonne cohérence. Même si le premier morceau qui commence en mode acoustique, vraiment impossible à identifier à l’aveugle. C’est un duo avec Danielle Haim. Il y en a d’ailleurs deux autres et bon, n’étant pas client de Haim, ce ne sont pas nos moments préférés. N’est pas Phoebe Bridgers qui veut.
Le ton est apaisé, on ne sent pas que les six années sans album et le départ de leur multi-instrumentiste Rostam Batmanglij les ai laissés dans un abîme de perplexité. En extrapolant (beaucoup) on pourrait même dire que cet apaisement n’est pas le meilleur moteur artistique. Paradoxalement, c’est un album prolixe qu’ils livrent. Aucun morceau ici ne semble superflu mais aucun ne semble indispensable non plus. Ce sera forcément vu comme une grosse faiblesse par le groupe qui nous a livré quelques-uns des singles les plus percutants de la décennie passée.
Harmony Hall par exemple est tout de même bien passe-partout. Et même si on y entend ‘I don’t wanna live like this/But I don’t want to die’, on préférera ne pas repenser au premier album à ce moment-là. On a aussi pensé à une version en tongs d’Arctic Monkeys, avec la même ambition mais des moyens radicalement différents.
Il y a aussi de rares moments où on sent qu’ils se lâchent. Sympathy joue sur la rupture, le rythme bien entretenu et les chœurs un peu barrés. C’est bien amusant en tous cas et est peut-être est-ce même le meilleur moment de l’album, celui où les garçons bien peignés ont la cravate en bandana mais gardent une choré impeccable. Mais même quand c’est plus lisse on se laisse moins prendre au jeu (Sunflower). Fort heureusement, la haute tenue mélodique est toujours au rendez-vous (Rich Man).
On décèlera aussi leur troisième degré sur Unbearbly White qui semblera un manifeste à certains à qui ces premiers de classe assumés ne plaisent pas. Ce détachement peut aussi être une limitation, il manque sans doute un peu de transpiration au groove sec d’How Long ?.
Father of The Bride pourrait proposer une dose de soleil nécessaire de temps en temps. Sauf que cette envie n’est pas compatible avec la propension à s’envoyer 18 titres d’un coup. Ce qu’on a surtout aimé chez Vampire Weekend, c’est une forte personnalité et la capacité à transcender un genre (la pop ensoleillée) qui n’était pas celui qu’on écoutait le plus. Ces deux qualités se sont bien érodées en tous cas. Remplacer la qualité par la quantité n’aidera pas à passer le cap. Ceci est un chouette album, foncièrement, mais qui ne marquera sans doute pas. Parce que le chahut marque souvent plus qu’une étude studieuse.
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