Accueil > Critiques > 2005

Jeronimo : 12h33

lundi 21 août 2006, par marc


Parfois la critique fuse, presque dès la première écoute. Parfois il faut plusieurs écoutes et l’avis enfin se forme. Enfin il arrive qu’une critique s’écrive à la vitesse d’une ligne par semaine. Mais bon, de temps en temps il faut mettre en ligne, c’est à dire faire des phrases à l’aide de mots. On y va.

Cette introduction témoigne juste de mon manque d’avis tranché sur le second album de Jeronimo

Succéder à un album sympathique mais qui a plu presque par ses défauts est une chose difficile. Même si la réputation vient plus de ses prestations scéniques que ses galettes.

A première chanson montre une plus grande maturité au niveau composition et production mais bon, j’ai du mal avec ses titres sentimentaux au premier degré (La fille que j’aime), d’autant plus que quand un léger décalage est apporté le charme est de nouveau présent (Nous allons avoir un petit). Mais le décalage ne suffit pas toujours. La chienne de Baïkonour me laisse juste perplexe...

Finalement, ce sont les morceaux les plus électriques qui ressemblent le plus au premier album comme Tous les gens que tu aimes vont mourir un jour, et Je vais tout plaquer sauf toi, avec des éléments plus qu’évidents du Daddy’s gonna pay for your crashed car de U2 et qui consiste en un énumération tendue. C’est un gimmick qui fonctionne aussi sur Moi, je voudrais, une des plus belles réussites de cet album. Tant qu’on est dans les réussites, épinglons le single Les mains qui tremblent.

Une nouvelle facette de Jerome Mardaga (c’est son nom dans la vraie vie) est révélée par Ce que nous ont laissé les vieux qui m’évoque le Dominique A de l’album Remué et par un Comme par miracle intimiste.

Corrina, Corrina et Girl from the north country side sont des titres de Bob Dylan qui figurent sur un album très ancien (The freewheelin’ Bob Dylan) et sont traîtés ici comme le I’m afraid of americans de Bowie autrefois : c’est-à-dire traduits de façon vraiment littérale (rien à voir avec Hughes Aufray). Arriver à faire entrer le zim’ dans son univers, voilà qui mérite d’être cité. Et puis si le doute et le manque d’inspiration le taraudent un jour, je signe des deux mains pour un album de la sorte.

Le regard faussement naïf fait partie de Jéronimo et on est amenés à penser qu’on est face à une personnalité, tant ce qu’il fait ne rentre dans aucune boîte dans laquelle on voudrait l’enfermer. De plus, même si tout ne m’a pas plu, il faut saluer la cohérence de l’ensemble. Reste à espérer le voir évoluer perpétuellement, pour ne pas le voir ’faire du Jéronimo’ comme Miossec fait du Miossec par exemple.

S’il passe dans votre coin (et si vous habitez la Belgique, ce n’est vraiment pas rare), pensez à aller le déguster en concert. (M.)

    Article Ecrit par marc

Répondre à cet article

  • Jeanne Cherhal - Jeanne

    Jeanne Cherhal est une chanteuse moderne. Elle n’a en tous cas jamais reculé devant la dualité entre chansons d’amour et chansons sur la condition féminine, on ne décèle ici aucune déviation de sa trajectoire en la matière. Paradoxalement, c’est le conseil mal informé d’un exécutif de maison de disque qui lui a suggéré que ça pourrait être pas mal, pour elle, d’écrire des chansons féministes (…)

  • Nicolas Jules – Rock ’n Roll Marabout

    “Un disque de rock’n’roll en solo. Tout comme le chanteur sur la pochette n’est pas Chuck Berry, l’oiseau n’est pas un marabout mais un jabiru d’Amérique.”
    Même la lacunaire introduction est du Nicolas Jules pur jus, ça ne change pas. Ce qui change, et c’est une excellente nouvelle c’est que ses albums sont disponibles sur Bandcamp, qui reste une façon efficace de soutenir les artistes et (…)

  • Albin de la Simone - mes battements/Toi Là-Bas

    Normalement, on se concentre exclusivement sur l’aspect musical des choses. Même les musiques de film, série ou danse sont vues pas le simple prisme auditif. On va faire une exception ici parce qu’on l’a lu, Mes Battements d’Albin de la Simone. Et on a bien fait tant c’est un bonheur de sincérité et d’humour. Ce sont des anecdotes, un peu, des histoires courtes, des instantanés écrits et (…)

  • The Imaginary Suitcase – A Chaotic Routine (EP)

    Oui, les choses changent, même pour les compagnons musicaux de longue date. Et même après une dizaine d’oeuvres relatées ici, on constate ce changement dès la pochette. On passera sur le changement de police de caractère pour se concentrer sur les visages, présents pour la première fois. Et puis constater que Laurent Leemans n’est plus seul à bord, même si les autres noms ne sont pas (…)

  • Half Asleep – The Minute Hours

    C’est un chant doux et du piano qu’on entend sur le beau Mater qui lance cet album. Puis les choeurs évoquent plus le classique contemporain. Ce premier brillant morceau fait plus que planter le décor, il anticipe la diversité de ce qu’on entendra sur le sixième album de la musicienne Belge Valérie Leclerc.
    Si les références littérales sont rares, on peut néanmoins la situer dans un (…)

  • Alek et les Japonaises – Tranquille

    Qui se ressemble s’assemble. C’est peut-être ce poncif qui préside à la destinée du label Gnignignignigni. Comme Alek et les Japonaises était présent sur le formidable premier album de Peritelle (Salle Des Machines, terrible), voici un album complet sur le label bruxellois. Et ce n’est pas fini (on en reparle très bientôt).
    Une même maison de disques, certes, mais une certaine communion de (…)

  • Marble Sounds - Core Memory

    Marble Sounds figure sur la liste des groupes jamais pris en défaut et probablement sous-estimés depuis quinze ans maintenant. Ce sixième album (pour autant de critiques ici) confirme leur statut tout en proposant de nouvelles choses.
    On avait déjà remarqué que leurs albums d’une constance remarquable manquaient peut-être d’un single marquant. Il y a plusieurs candidats ici. Et dès le (…)

  • Endless Dive – Souvenances

    On ne va pas tourner autour du pot, si vous tenez à apposer une étiquette sur votre flacon d’Endless Dive, celle de post-rock adhèrera. Mais on est clairement à la limite du genre, avec une vraie personnalité qui dévie souvent vers le folktronica. Il faut dire que le ton très fortement mélancolique est encore augmenté par des incrustations de sons et dialogues fixés sur VHS ou cassette, voire (…)