vendredi 17 janvier 2020, par
Pour quoi faire un album et pour qui ? C’est une question essentielle qui n’appelle pourtant que peu de commentaires. Dans le cas de ces reprises, à priori aussi proches des versions originales, et disponibles de façon limitée, on peut dire que le plaisir est le principal moteur. Il y a un an tout pile sortait cet étrange objet numérique, issu de l’enregistrement de trois soirs de suite au Winter Garden Atrium of Brookfield Place de New York pour interpréter en live la légendaire trilogie berlinoise de David Bowie.
Jonathan Meiburg était pour l’occasion entouré de ses collaborateurs habituels Emily Lee, Sadie Powers, Josh Halpern et Lucas Oswald mais aussi de Jamie Stewart (Xiu Xiu), Ed Rodriguez (Deerhoof), Dan Duszynski (Loma->2141) et rien d’autre que Carlos Alomar, guitariste et producteur de celui qui nous manque tant.
Non, Shearwater ne s’est pas transformé en groupe de reprises même si on connaissait déjà le Lodger repris en intégralité et sur scène. A priori, ces chefs-d’œuvre absolus de David Bowie sont plutôt éloignés de son univers, surtout si on considère leurs débuts. Pourtant c’est une inspiration revendiquée (comme Talk Talk par exemple). Mais se frotter à de tels chefs-d’oeuvre impose l’excellence, sinon on risque le ridicule. Assurer musicalement n’est pas un plus, c’est une nécessité absolue pour que ces compositions complexes ne virent pas d’emblée au gloubiboulga.
On retrouve ainsi toute ma densité sonore exceptionnelle d’African Night Flight et jamais on n’a l’impression que la formation ‘court derrière’. Savant mélange de groove et de force électrique, la musique de Lodger montre que Bowie a toujours su s’entourer de pointures parce qu’il n’avait pas le choix pour donner vie à des compos pareilles. Pas la peine d’en faire des caisses donc, de vouloir dévier de l’original.
Au-delà de l’admiration sans borne pour Jonathan Meiburg, il est impeccable et son engagement sur le percutant Joe The Lion est irréprochable. On notera aussi le solo distordu de Boys Keep Swinging. Le plus étonnant, c’est que si les voix de Bowie et Meiburg ne sont pas vraiment les mêmes, on a la distance voulue pour que ce ne soit jamais un pastiche mais la bonne proximité pour ne pas détourner l’attention. Friandise absolue, on a Jamie Stewart de Xiu Xiu sur quelques titres. Ça marche évidemment sur Repetition et le comparse le temps de Blue Water, Black Death (Meiburg l’accompagne sur la route ce printemps comme musicien de Xiu Xiu) est parfaitement à la place sur Always Crashing In The Same Car, Beauty and the Beast et puis Heroes dont il magnifie vraiment la fin par un engagement total.
Evidemment, cet album résonnera avec une tonalité bien personnelle en fonction de votre vécu avec ces œuvres. C’est un retour bien en arrière que m’ont proposé Heroes et Low. Peu fréquenté ces dernières années, il tient avec une facilité dérisoire le poids des ans malgré ou grâce à son étrangeté et ses longues plages instrumentales. Il confirme aussi que Lodger est bien mieux qu’un outsider. Sound and Vision est toujours aussi marquant avec son air de ne pas y toucher.
Bowie nous manque, on le sait et ça se confirme jour après jour. Mais comme tout artiste marquant, son œuvre lui survit. Au-delà des enregistrements il y a aussi cette possibilité de réinterprétation, ce qui la rapproche de la musique ‘savante’ (par opposition avec la musique simplement ‘enregistrée’), statut mille fois mérité.
Bien honnêtement, quand on a découvert Beirut en 2006, on ne se doutait pas qu’on allait suivre le jeune Zach Condon pendant plus de 17 ans. Cette musique fortement influencée par les fanfares balkaniques a suscité d’emblée l’intérêt mais le procédé semblait trop étriqué pour s’inscrire dans la longueur. On avait tort, forcément, et ceci en est un nouveau rappel.
En première écoute, ce Hadsel est plutôt en (...)
A une époque où la modernité n’est plus une vertu cardinale, il peut être étonnant de retrouver cette conjonction de talents (Avey Tare, Panda Bear, Deakin et Geologist) aussi en forme après près d’un quart de siècle d’existence. Avec Time Skiffs, on pouvait clairement parler d’une nouvelle période pour le groupe, un revirement vers plus de musique ‘figurative’ par opposition aux brillants collages (...)
L’artiste qui aura fait le plus parler de lui en 16 mois est un prix qui ne rapporte rien sinon des critiques multiples et sans doute un peu de confusion de la part d’un lectorat débordé. Bref, après avoir pris congé de Soft People, l’actif Caleb nous a donné un album un opéra rock Beatles queer puis deux EP qui mélangeaient chansons et poèmes autour du personnage semi-autobiographique de Chantal. Sa (...)
Chez Sufjan Stevens, il y a les choses qu’on admire et celles qu’on adore et ce ne sont pas nécessairement les mêmes. Et si chez les fans de la première heure le meilleur était au début, c’est sans doute son fantastique Carrie and Lowell qui a été le plus acclamé et est considéré comme la ‘base’ de son style. Parce que Sufjan, c’est bien plus large que ça, entre albums hénaurmes et risqués, ambient pas (...)