lundi 24 février 2020, par
On sait qu’on écoute un album de Destroyer après approximativement une seconde et demi. C’est ce qui se produit ici et on se retrouve toujours chez soi. Ou plutôt chez lui. Et ses meubles ont changé de place. C’est que le Canadien Dan Bejar a beau avoir un ton bien à lui, pratiquer une musique toujours sophistiquée, élaborée et très adulte, il réserve toujours des surprises et sa discographie n’est pas linéaire, loin s’en faut.
Si vous l’avez vu sur scène, vous savez que musicalement, Destroyer c’est non seulement pléthorique mais splendide. Le procédé est ici totalement à contre-courant puisque l’album a été concocté musicalement par son collaborateur de longue date John Collins chez lui, dans son coin à Seattle, à partir de démos et pistes sonores enregistrées par Dan Bejar. Il a notamment incorporé des pistes de sax des sessions Kaputt et de la trompette de Poison Season. Les guitares ont été ajoutées par Nicolas Bragg. Si le résultat est forcément plus synthétique, il n’en est pas minimaliste pour autant. Et paradoxalement, il est moins froid que Kaputt. Il faut dire que l’inspiration avouée (Bjork, Air, Massive Attack) vient des années 2000, pas 1980.
My disposition, in spite what they say/Improves
Alors que l’adhésion avait été rapide sur les deux derniers (et n’était jamais venue sur le pourtant très bien noté Kaputt), il a fallu un peu de temps pour celui-ci. Le temps d’au moins entendre les textes et d’en savourer l’étrangeté qui jamais ne semble de la pose. On ne va pas se mentir, on ne peut pas dire qu’on comprend toutes les métaphores opaques de la poésie étrange de Dan Bejar, mais on reste un peu fascinés. Snobisme ? On n’en sait trop rien, par contre, on est certain de la subjectivité qui accompagne notre attachement.
Pourtant, ça part très fort avec un Crimson Tide des grands soirs, envoûtant, noir et dense. Cette façon de faire peut aussi faire prendre du galon électrique à un morceau plus désolé comme Kinda Dark, apportant densité et texture. Comme prévu, les synthés sont de sortie (It Just Doesn’t Happen) et le résultat est propre et ample (Cue Synthesizer). Et s’il semble règler des comptes sur un The Television Music Supervisor qui donne un ton moins enthousiasmant à l’ensemble, il garde une forme d’humour personnelle. Par exemple, la plage titulaire est un morceau instrumental.
Just look at the world around you/Actually, no, don’t look.
Ecouter de la musique et en parler est une expérience à la fois émotive et intellectuelle et Dan Bejar joue depuis toujours sur les deux tableaux. Qu’on se laisse porter par la musique ou sa diction unique ou qu’on se penche sur des textes un peu opaques mais fascinants, on apprécie, à chaque fois.
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