Accueil > Critiques > 2020

Laguerre/Noetinger - DnT

vendredi 6 mars 2020, par marc


Anthony Laguerre fait partie de ces héros discrets, de ceux qui se cachent derrière des projets vraiment aboutis (Filiamotsa, Piles, Club Cactus) ou des expérimentations dignes d’intérêt. Cette collaboration avec Jérôme Noetinger est le résultat de deux jours de boulot intense et créatif au Centre Culturel André Malraux de Vandœuvre-lès-Nancy en juillet 2019.

Le résultat est sans doute moins accessible que l’album solo de Laguerre sorti l’an passé et qui avait beaucoup plu à la rédaction (oui, je sais, j’écris tout seul…). Le duo était d’humeur expérimentale, voire un peu âpre. Si vous avez eu du mal à terminer Ummagumma de Pink Floyd, passez votre chemin. On pense d’ailleurs à cet ancêtre quand les sons d’Eveil suggèrent une jungle au petit matin qui s’emballe.

Pas de pulsation pour paver la route, juste un bruissement, même si on entend aussi des percussions plus ‘classiques’ sur Frisson Furtif. On retrouve sur Masse le fer du son une des raisons qui nous ont rendus Laguerre si attachant. C’est imparable, vraiment. Et on n’échappe pas au déferlement sur Réveil qui lui évoque plutôt le réveil de cochons un peu énervés. On oublie d’emblée le concept de ‘chanson’ de toute façon, parce qu’ils essaient de mêler une énergie rock à des manipulations poussées (électroacoustiques, batteries amplifiées, bandes tripotées, feedback) pour un résultat qui intrigue, pousse des portes et découvre des surprises planquées derrière.

    Article Ecrit par marc

Répondre à cet article

2 Messages

  • Eilis Frawley - Fall Forward

    Certains albums résistent. Non pas à l’écoute, celui-ci nous accompagne depuis trois mois. Mais à l’analyse. Leur fluidité n’aide pas le critique. Mais sera appréciée par l’auditeur, on vous le garantit. Eilis Frawley est une batteuse à la base, notamment au sein de Kara Delik dont on vous reparle prochainement. C’est manifeste au détour de morceaux comme People qui s’articule autour de cette (…)

  • Ventura - Superheld

    C’est sans doute une contradiction, mais on peut conserver un excellent souvenir d’un album ancien tout en confessant avoir loupé ses successeurs. Heureusement, le hasard (et les distributeurs) sont là pour nous remettre sur le droit chemin. Issu d’une scène suisse dont on ne cesse de (re)découvrir la profondeur, ce groupe de Lausanne nous offre une nouvelle expérience sonore.
    On avait (…)

  • Gina Eté - Prosopagnosia

    How come you, too, assume your opinion counts ?
    Si cette phrase eut être rude si elle est adressée à un critique du dimanche comme votre serviteur, il prend une autre dimension quand il traite du droit des femmes à disposer de leur corps. Parce que chez la Suissesse Gina Eté, le fond est consubstantiel de la forme. Et cette forme prend encore de la hauteur après un premier EP et un album qui (…)

  • Daydream Three – Stop Making Noise

    ‘Si ça va trop vite ou trop fort, c’est que vous êtes trop vieux.’
    C’est ce que veut l’adage et l’Italien Enzo Pepi a décidé de le prendre à contrepied, intitulant son album d’une réflexion souvent entendue. Mais on se doute qu’on lui fasse encore la remarque. Surtout que de fureur il n’est finalement pas question ici. Ce vétéran italien de la scène rock/noise utilise la distorsion, certes, (…)