lundi 28 septembre 2020, par
On n’est sans doute qu’au début de la vague des albums sortis pendant le confinement ou inspirés par lui. A son corps défendant, la Montréalaise Marie Davidson a presque anticipé la tendance en voulant il y a un peu moins d’un an prendre un peu de recul vis-à-vis de son rythme de vie effréné de dj de stature internationale. Et cette envie prend une forme plutôt éloignée de ce qu’on attendait d’elle. Ce qu’on connaissait c’était deux albums dark, teintés d’Italo Disco et d’EBM avec Essaie Pas et un remarqué et percutant album solo.
Si ses collaborateurs sont les mêmes, à savoir son mari Pierre Guerineau et Asaël R. Robitaille qui avait taillé le son de New Path, les directions sont assez différentes. On ne le remarque pas tout de suite puisqu’on reprend contact via le percutant Renegade Breakdown qui semble dans la lignée de Working Class Woman et de sa si marquante locomotive. En 17 ans et près de 2000 articles, je n’avais pas eu l’occasion de citer Mylène Farmer. Ils y font allusion et ça colle en effet sur une partie en français de ce premier mais c’est d’une puissance de feu inaccessible à celle qui est devenue une caricature (c’est le stade après ‘icône’). Elle arrive à en tirer le meilleur (le sens mélodique indéniable, l’ancrage années ‘80) sans céder au reste.
Le second morceau est une ballade rock. Ca semble un peu moins percutant parce que le chant apporte un peu trop de décalage. Mais avec un peu de recul, le justement nommé Back To Rock se place dans une longue lignée d’artistes de la scène électronique qui se sentent irrésistiblement attirés par le rock et ses attitudes. Entre les robes lamées de Miss Kittin et les tentatives d’être un ‘vrai’ chanteur de James Murphy, on a déjà vécu ça souvent, avec toujours un peu de perplexité. On ne tourne vraisemblablement pas facilement le dos à 70 ans de références populaires.
Mais ce n’est pas un petit caprice passager, c’est carrément la ligne directrice de l’album qui s’infléchit sensiblement. Le temps de réflexion qu’elle s’est imposé lui a donné des envies bien différentes. Elle tente même la balade dénudée, comme on a pu l’entendre il n’y a pas si longtemps chez Brisa Roché, quitte même à la faire en français, ce qui la nimbe d’une étrange lumière. Elle tente aussi le jazz hors d’âge (Just In My Head), comme issu d’une BO d’Angelo Badalamenti. Ce sont les thèmes de l’aliénation volontaire ou pas, ce sentiment de vide qui constituent le liant entre les morceaux.
Si son élasticité vocale ne lui permet pas d’assumer tous ces délires, c’est toujours impeccablement composé et exécuté. Même quand ils se lancent dans des déviations gothiques (relecture MIDI de composition baroques) sur Lead Sister qui parle du drame de la vie de Karen Carpenter. Et quand ils relancent le beat, c’est pour la relecture disco de Worst Comes to Worst, ce qui leur va forcément bien. Mais Renegade Breakdown n’est pas l’équivalent pour certains artistes de ce double ou triple album éclectique. Ce n’est pas un gros fourre-tout occasionnellement génial comme Sandinista ! ou Reflektor mais une suite d’expérimentations qui n’augurent sans doute rien de la suite. La surprise fait partie du plaisir.
Parce que Marie Davidson est une artiste importante de notre époque, avec un vrai point de vue, acéré et féministe. Le fond reste cohérent sous le nouvel (et sans doute temporaire) éclectisme de la forme. Si les capacités de chanteuses ne sont pas toutes réunies pour l’ampleur balayée, cet album surprenant est une intéressante collection.
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