Accueil > Critiques > 2021

Gina Eté - Erased by Thought

mardi 25 mai 2021, par marc


Quand on a copieusement apprécié un EP, le premier album qui suit est forcément attendu avec au moins de la curiosité. Et dans le cas de la Suissesse, la curiosité a même fait place à de l’attente. Et quand le premier morceau est déjà excitant, on s’installe définitivement. La belle voix haut perchée évoque d’emblée Beth Gibbons (Portishead) un jour de fête. Le son est subtil et s’étend mine de rien sur Trauma.

Elle passe à l’Allemand sur Lach Du Nur et cette fluidité entre les langues contribue aussi au plaisir. On retrouve cette façon d’amener le morceau où on ne l’attendait pas, à insensiblement accélérer tout en gardant de la légèreté, est vraiment plaisante. Mais ce n’est pas systématique non plus, Gina ne propose pas que des morceaux aux deux visages. Elle se débrouille avec un seul piano et c’est fort beau aussi (Tired People, Machs Gut) et il n’y a que des cordes et presque rien d’autre sur Am Tellerand.

Quand elle chante en Français aussi, on pense à Camille (Nulle Part). Puis la densité du son, ces brouillards qui s’épanchent sur une rythmique placide l’en éloignent forcément, tout en la ramenant dans le giron de ce qu’on aime. C’est très beau une fois encore. La voix est affectée mais le ton un peu distant, la combinaison des deux fonctionne en plein. Donc quand elle pousse sur Lach Du Nur, on la suit sans forcer. Si on se laisse moins emporter par le plus enjoué Troubleshooting, cette petite digression est bienvenue dans le contexte de l’album.

L’espoir s’est donc transformé en certitude, et l’artiste prometteuse en valeur sûre. La relative retenue de Gina Eté permet à tout de libérer un effet maximal que sa maitrise achève d’entériner.

    Article Ecrit par marc

Répondre à cet article

2 Messages

  • Gina Eté - Erased by Thought 26 mai 2021 19:38, par Laurent

    Bien vu, Marc. Là, on est sur une découverte de qualité primeur (je n’ai pas eu l’heur d’entendre cet EP). C’est positivement génial quelle que soit la langue. J’ai bien sûr été par les noms alléchés (ceux de Beth Gibbons et Camille m’ont immanquablement mis en état de vigilance maximale, et ne sont pas lâchés ici à l’emporte-pièce). Pour ma part, impossible de ne pas penser immédiatement à sa compatriote Sophie Hunger. J’adhère et j’adore à la première écoute !

    repondre message

    • Gina Eté - Erased by Thought 1er juin 2021 09:13, par Marc

      Il y avait en effet quelques éléments pour allécher le commentateur officiel du site et de fait, Sophie Hunger fait partie de ce monde-là, il y a décidément bien des choses passionnantes en Helvétie.

      repondre message

  • Mildfire - Kids In Traffic

    Pourquoi les genres disparaissent-ils ? Ces symphonies de poche tellement présentes et attachantes ont un peu perdu de leur lustre et c’est un peu dommage. Parmi ces orfèvres, citons The Annuals, Choir of Young Believers, Musée Mécanique, Fanfarlo ou Efterklang parce qu’il est toujours bon de se rappeler de bons souvenirs. Dans cette veine, on avait spécialement apprécié Einar Stray et on ne (...)

  • The Smile - Wall of Eyes

    Même en 2042 et après avoir sorti 13 albums réussis, The Smile restera ’le groupe des deux types de Radiohead’. C’est comme ça, le groupe d’Oxford est trop ancré dans la culture pop pour passer au second plan de quoi que ce soit. Mais cette encombrante et inévitable figure tutélaire ne doit pas oblitérer les qualités indéniables de The Smile. Les deux protagonistes, flanqués du batteur Tom Skinner au (...)

  • Maxwell Farrington & Le Superhomard - Please, Wait...

    On ne peut pas dire que la paire formée par Maxwell Farrington et Le Superhomard (le producteur français Christophe Vaillant) se repose sur les lauriers d’un premier album remarqué. Après un EP il y a deux ans et une tournée intense, voici déjà le second album en peu de temps sur le toujours excellent label Talitres.
    Australien établi à Blinic en Bretagne, Maxwell Farrington propose sa belle voix de (...)

  • Heeka - The Haunted Lemon

    Il faut se méfier des avis trop rapides, des débuts d’albums trompeurs. Ce sur les morceaux initiaux du premier album de l’artiste flamande (née Hanne Hanegraef) installée dans le sud de la France doivent beaucoup aux voix, dédoublées. Quelque part entre Camille et Agnes Obel, ces morceaux intrigants et séduisants à la fois ne représentent cependant qu’une facette d’Heeka.
    Une fois mis en confiance, (...)