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Séance de Rattrapage #103 – IKE, MLD, Nasty Joe

vendredi 8 juillet 2022, par marc


IKE – The Great Escape

Moins de dix secondes et on sait qu’on écoute un disque de jazz. Isaac de Martin ne pratique cependant pas une variété pure du genre. Tout d’abord, le chant de Sera Kalo vient apporter de la chaleur et c’est spécialement brillant sur It’s OK. On la retrouvera plusieurs fois au long de l’album, notamment sur What Then qui restitue le charme des premiers Massive Attack et lui permet de moduler une fausse montée de façon enthousiasmante.

Ce qui frappe aussi c’est le mélange réussi avec l’électronique. Lee long Kurbis final qui prend pour fond des structures électro plus complexes. Ces structures peuvent aussi se faire plus denses (Franck, I’m Illegal) ou lui permettre d’explorer des sons plus deep (Interlude). On a même une conjonction des trois (jazz, voix et electro) sur Somewhere. Il y a donc plusieurs fort bonnes raisons de se frotter à cet élégant second album.

MLD – We Are (EP)

MLD est le projet solo de Stéphane Mourgues qui officie aussi sous les amusants pseudos de Hello Bye Bye et DJ Moule. Ce qu’il fait en tant que MLD est de la techno mâtinée de synthpop pour un résultat pour le moins robotique. Il revendique l’héritage de ceux qui ont tenté et réussi le mariage avec une certaine pop et des rythmes plus durs comme Chemical Brothers ou Vitalic. Il partage avec le Dijonnais un gout du mélange d’accords mineurs et de basses saignantes mais dans l’ensemble, ceci est à la fois plus brut et moins flashy.

C’est plutôt lent et lourd et fonctionne en tant que tel, notamment parce qu’il y a des vraies remontées mécaniques (Incantation) et des nappes pour rehausser le tout. On entend aussi un peu de voix éthérées sur I Love My Robot, dans la veine d’un certain electroclash au virage du millénaire. Cinq titres pour autant de variations sur un style, cet EP frappe fort et juste et s’impose comme petite capsule d’énergie.

Nasty Joe – Deep side of Happiness (EP)

Du post-punk avec un son bien distordu et des guitares acérées, c’est un genre qui nous plait toujours autant, surtout sous la forme d’un EP. C’est d’ailleurs le second du quartette bordelais. Et on peut dire que dans le genre, c’est un bel exemple saignant.

Si on ne distingue de voix graves à la Interpol ou autres Das Llamas, le ton remarquablement distancié est de circonstance, se mêlant sans avoir l’air à la densité. Le son plus abrasif mis à part, on pense aux plaisirs tendus de Ghinzu (A Tooth For an Eye). Parfois ça se calme pour mieux repartir (Discorde), mélangeant couplet apaisé et refrain abrasif sur Deep Side of Happiness qui confirme leur capacité à se transcender. Ou alors on a droit à une franche montée en chœur (Friend). Bref, c’est une belle panoplie qui est déployée ici, avec quelques soubresauts qu’on n’oubliera pas.

    Article Ecrit par marc

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