lundi 23 janvier 2023, par
Italie 1990, c’est la coupe du monde de Toto Schillaci et du but assassin de Platt. Mais c’est aussi une formation londonienne qui pratique un post-punk crépusculaire et nerveux. Oui, Wire vient immédiatement en tête dans ces cas-là mais aussi des choses comme Squid.
Il faut dire que le genre est très balisé, et anglais jusqu’au bout de la diction. On peut tenter de copier ça mais ils garderont toujours la main. Mais ils étendent leur enveloppe, pouvant distiller des déflagrations bruitistes (Leisure Activities, Golgotha) qui frappent fort. Ou alors user de guitares fort acérées tout en comptant sur une basse bondissante (Magdalene). Et ils peuvent aussi se lancer dans la syncope dérangée de The Mumsnet ou le dub intranquille de Does He Dream. Competition peut se permettre de rester placide avec ses guitares qui vrillent. On le voit, la panoplie est large et satisfera sans coup férir tout amateur du genre (et on en est...).
Il y a des artistes qui ne reculent devant aucun challenge et la formation italienne Larsen se compte parmi eux. Après la bande-son d’un livre-photo, le groupe qui comprend notamment l’omniprésent Fabrizio Modonese Palumbo et Paul Beauchamp documente sur son 19ème album une performance de quatre heures combinant ‘totems sonores’ et les créations culinaires du chef Gabriele Gatti.
Vous aurez donc droit à deux morceaux donc et comme souvent chez Larsen, c’est de la sculpture sur son. En équilibre instable, des vagues de distorsion venant perturber et inquiéter une impossible quiétude. Faisant la part belle au drone, il est difficile d’établir une claire différence entre deux parties de 23’21’’ chacune mais la fascination vient immanquablement.
Et si c’était ça le cauchemar du critique, ces albums qu’on écoute à l’infini parce qu’on aime ça et qu’on a tant de mal à détailler ? Pour une fois, le nom du groupe donne une idée non biaisée du genre pratiqué. Vous entendrez ici un afro-rock instrumental, acide et psychédélique. Du bon quoi, le genre qui se révèle vite indispensable à une certaine dose.
On pense au Santana des seventies (Soul Sacrifice, quelqu’un ?) mais ils savent aussi ralentir un peu comme sur Ghibli ou Ifri qui fait même mine de s’arrêter pour mieux repartir. Le tout reste joliment funky (Elephant), avec en renfort une basse galopante (Madagascar, Ganimede). Quoique vous fassiez, le trio (Aldo Betto, Blake Franchetto et Youssef Ait Bouzza) fait tout pour vous rendre la vie plus légère, avec virtuosité et plein d’allant.