Accueil > Critiques > 2023

Animal Collective – Isn’t It Now ?

mercredi 1er novembre 2023, par marc


A une époque où la modernité n’est plus une vertu cardinale, il peut être étonnant de retrouver cette conjonction de talents (Avey Tare, Panda Bear, Deakin et Geologist) aussi en forme après près d’un quart de siècle d’existence. Avec Time Skiffs, on pouvait clairement parler d’une nouvelle période pour le groupe, un revirement vers plus de musique ‘figurative’ par opposition aux brillants collages psychédéliques excités de leurs années les plus influentes. Cet album-ci se présente comme son prolongement et on peut entendre ici une ‘vraie’ batterie, nécessaire aux revirements de Genie’s Open.

C’est un album qui prend un peu plus son temps en tous cas, ce qui pourra aussi rebuter et en atténue sans doute la diffusion. Et s’enquiller un morceau de 22 minutes en milieu d’album est un choix personnel. Il y a évidemment moultes variations là-dedans mais ça réclame quand même un investissement non négligeable de la part de l’auditeur, ce qui est une constante chez eux même s’ils ont aussi quelques singles brillants à leur actif.

En parlant de forme classique, on lorgne parfois du côté du Pink Floyd des tout débuts (Genie’s Open). Ils n’ont pas peur des changements de braquets en tous cas, avec des morceaux qui s’arrêtent et repartent comme Magicians of Baltimore. On rencontre donc de ‘vraies’ chansons comme Stride Rite mais si elles tiennent la route, elles gardent leur étrangeté intrinsèque.

Sans doute que cette formation culte n’a pas beaucoup de nouveaux auditeurs, mais il serait curieux d’avoir la réaction de ceux qui les découvrent maintenant sans les 20 ans d’accoutumance accumulées par les vétérans qu’on est devenus. Présenté comme un prolongement de Time Skiffs, cet album confirme le changement de cap opéré par le groupe de Baltimore et même s’il ne dégage pas sur toute sa longueur du même potentiel d’émerveillement, il témoigne de la volonté de ce collectif de ne jamais se laisser se scléroser.

    Article Ecrit par marc

Répondre à cet article

2 Messages

  • Animal Collective – Isn’t It Now ? 2 novembre 2023 15:19, par Laurent

    C’est vrai qu’il y a un côté "Piper at the Gates of Dawn" sur ce disque. Il faut en effet avoir le cœur bien accroché pour se dire : allez, je m’enfile les 22 minutes de Defeat, mais une fois qu’on est dedans, c’est comme un vieux chandail à l’odeur rassurante.

    repondre message

    • Animal Collective – Isn’t It Now ? 3 novembre 2023 08:39, par marc

      Si on nous avait dit il y a 20 ans qu’Animal Collective serait ’confortable et rassurant’. Mais ça fait toujours plaisir de les retrouver en forme. Et les morceaux de 22 minutes, ce n’est jamais facile de s’y lancer.

      repondre message

  • Saint Sadrill – Frater Crater

    La présentation du second album de Saint Sadrill name-droppe James Blake, Mark Hollis, Scott Walker et St Vincent. Ambitieux évidemment, contre-productif peut-être mais on ne peut nier une certaine pertinence là-derrière. Ce qu’on peut en déduire aussi, c’est que si ces climats amples et les surprises font partie de vos plaisirs d’écoute et si aucun des exemples ne vous rebute, vous prendrez (…)

  • Tamar Aphek - All Bets are Off

    On ne peut nier l’importance de la jeunesse, le mythe tenace du premier album. On sait qu’il y aura toujours des albums venus de nulle part pour récompenser notre patience et notre dévouement. On n’a qu’une seule chance de faire une bonne première impression et la jeune Israélienne Tamar Aphek la saisit à pleine mains. Son premier album (il y a eu un EP avant ça) démarre sur les chapeaux de (…)

  • MamaKilla - We Coo

    MamaKilla (on prononce ‘Mama kiya’ visiblement) est un power-duo avec Stéphane Del Castillo au chant et à la guitare, Boris Barzul à la batterie et aux samples. La formule est souvent reprise, notamment pour faire beaucoup de bruit ou assumer de bons délires psychédéliques. C’est un peu le cas ici, mais si on vous en parle, c’est surtout parce qu’il y a autre chose.
    On prend ses marques (…)

  • Freedom Candlemaker - Beaming Light

    Vous reprendrez encore une petite lampée de pop grecque ? Pas de panique, Lefteris Moumtzis s’exprime en anglais, le nom du projet étant même la traduction littérale du patronyme du Chypriote.
    On entre tout de suite dans son univers cotonneux avec un son très doux. Mais on aura aussi de la variété puisque après l’ample début il varie et syncope. On aura droit aussi à une dose de (…)

  • Youth Lagoon - Rarely Do I Dream

    Comme un Perfume Genius qui a émergé à la même époque, Trevor Powers est passé de petit génie de la bedroom pop intime à singer/songwriter aux possibilités pas encore complétement cernées. Le point de départ de cet album est la découverte d’anciennes vidéos de son enfance retrouvées dans la cave de ses parents. C’est pourquoi on entend beaucoup d’extraits de vidéos, de conversations. (…)

  • Sharon Van Etten - Sharon Van Etten & The Attachment Theory

    Il y a des artistes qu’on côtoie depuis très longtemps, dont l’excellence semble tellement aller de soi qu’on est surpris qu’ils arrivent à se surpasser. On la savait sociétaire d’un genre en soi dont d’autres membres seraient Angel Olsen ou Emily Jane White, voire Bat For Lashes. De fortes personnalités à n’en pas douter. Mais sur cet album, le ton est bien plus rentre-dedans que chez ses (…)

  • The National - Rome

    On a déjà avancé l’idée que The National serait le plus grand groupe de rock du monde. Ou alors pas loin. Mais sans doute par défaut. Il faut dire que leur succès est arrivé sur le tard et presque malgré eux. Ils peuvent se targuer d’une impressionnante discographie. Et puis il y a cette sensation que les albums s’enchainent sans que leur statut n’impose leur contenu. Ils arrivent à avoir des (…)

  • Xiu Xiu – 13’’ Frank Beltrame Italian Stiletto with Bison Horn Grips

    Jamie Stewart est un artiste qui fait de la musique excitante. De combien pouvez-vous dire ça ? On ne veut pas dire qu’il a toujours tout réussi, tout le temps, mais on prend toujours de ses nouvelles avec une curiosité certaine. On sait qu’on va être surpris, un peu secoués et peut-être même un peu soufflés. Ou même beaucoup soufflés dans le cas qui nous occupe, à savoir le successeur du (…)