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Claude - In Extremis

vendredi 25 octobre 2024, par marc


Si quand on vous dit ’In Extremis’ vous pensez Francis Cabrel, il est temps de se pencher sur les plus jeunes pousses de la chanson française. Outre Oscar Les Vacances dont on aurait dû vous parler, on avait déjà identifié Claude comme un espoir certain après un premier EP qui avait marqué.

Aucun morceau de cette première publication ne se retrouve ici, mais l’éclatement des aspirations est encore plus poussé ici. Enchainez Réveille-Toi et La Nausée, vous n’aurez pas l’impression d’écouter un album de chanson française parce que quand c’est electro, ça l’est radicalement, ce n’est pas une petite couche de beats pour faire moderne. Mais cette radicalité occasionnelle surprendra dans le cadre d’une écoute complète.

A l’opposé, certains morceaux comme Avec, Micro-Ondes ou In Extremis sont plus contemplatifs. Toujours touchants dans les textes mais pas marquants dans la forme, avec quelques options (la voix de tête sur la plage titulaire) qu’on ne partage pas nécessairement. De plus, ces morceaux sont enchainés en milieu d’album, renforçant l’effet ’ventre mou’.

Parce qu’entre ces deux extrêmes, il reste plusieurs perles sur ce premier LP. La fusion des deux tendances susmentionnées donne en effet lieu à d’authentiques réussites. Citons bien évidemment les singles comme Addition et Soustraction (deux tout grands morceaux) qui montrent son énorme potentiel à sortir des morceaux où la fusion entre l’electro-pop et la chanson française est impeccable. Au rayon de ce qu’on retiendra parce qu’ils restent bien en tête, il y a la belle ampleur d’Ode à Mark (Zuckerberg ?) et la verve de La Pression. Ajoutons aussi la sincérité sans misérabilisme de Baisodrome

Très éclectique, le premier album de Claude est forcément un peu inégal, avec une perception de la réussite qui va sans doute fortement varier d’un auditeur à l’autre. On préfère toujours se concentrer sur ce qui plait et il y a suffisamment de raisons de se réjouir pour que Claude reste une des meilleures promesses de la chanson française.

    Article Ecrit par marc

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2 Messages

  • Claude - In Extremis 28 octobre 14:37, par Laurent

    Déjà, merci de ta vigilance car malgré l’affection portée à un premier EP effectivement marquant, cette sortie en long format était restée bien trop confidentielle et m’avait largement échappé. J’aurais loupé quelque chose ! Bien sûr, le degré de réussite est subjectif (et en l’occurrence, relatif) mais j’ai été globalement emporté.

    Tu as bien raison sur la présence d’un ventre mou (mais moins mou que je l’avais d’abord craint). Comme tu le dis, c’est toujours touchant dans les textes et fort heureusement, l’amateur de poésie que je suis s’en satisfait sur un titre comme Micro-Ondes. Ça ne suffit hélas pas pour rester captivé sur toute la longueur mais tout de même, voilà un premier essai très enthousiasmant. Les gimmicks électro légèrement ringards de Claude font le charme d’un morceau comme La Pression, et les plages instrumentales sont fort solides.

    Dans le registre chanson-électro-pop, difficile évidemment pour Claude de se faire une place en cet an de grâce 2024 où des Hervé, Malik Djoudi voire Lescop ont un peu enterré le game. Cela dit, le radicalité électronique du moustachu peut éventuellement le distinguer. J’ai régulièrement pensé à Peter Peter, également auteur d’un album plus club cette année, mais aussi à... Pierre Lapointe ! Rien à voir musicalement, mais les similitudes au niveau du chant sont parfois troublantes.

    Hormis donc le petit passage à vide en milieu d’album, je considère cet "In Extremis" comme la première confirmation d’un talent à suivre de très près, et qui devrait soit exploser, soit imploser à la prochaine étape. En tout cas, quel artiste singulier, quel compositeur doué dans son genre, et quelle plume léchée !

    Ah oui : bien sûr, ça parle de Zuckerberg, c’est évident. :-)

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    • Claude - In Extremis 5 novembre 17:12, par marc

      Heureusement que je me retrouve sur la mailing-list de Microqlima, je serais sans doute passé à côté de cet album qui ne fait pas les gros titres de la presse musicale. Ce qui est un peu normal vu qu’il n’y en a presque plus. Mais c’est un autre débat.

      Je connais moins les autres sociétaires de cette electro-pop à la française, j’en entends sporadiquement au gré des humeurs des algorithmes. Lescop a en effet bien posé les bases et dans un trip electro un peu plus radical, il y a aussi Paris Orly qui vient de sortir (on en parle sur ce site).

      Je vois ce que tu veux dire avec Pierre Lapointe. Mais j’ai peur aussi que son prochain album confirme sa tendance à la naphtaline. Dire qu’il a été si brillant et novateur. Mais c’est un débat qui aura lieu en janvier.

      Vu qu’il confirme ici le bien qu’on en pensait après un EP qui confirmait des singles, tous les espoirs sont permis. Espérons aussi qu’il ait un peu plus d’exposition, ce serait mérité, même si on sait que le mérite n’a pas un grand rôle là-dedans…

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