Accueil > Critiques > 2024

Yoo Doo Right - From the Heights of Our Pastureland

mercredi 18 décembre 2024, par marc


Il y aurait beaucoup à écrire sur les groupes dont les noms évoquent des morceaux d’autres artistes. Obligatoire pour les tribute-bands, cet hommage se retrouve souvent entre Radiohead, dEUS ou The Blank Agains ou Don Aman. Si le nom du groupe de Montréal nous a tout de suite évoqué un classique de Can, la musique n’est pas Kraut ici. Ou pas que.

Même s’il ne convient pas de juger un livre sur sa couverture, la pochette est assez pertinente, ce ciel sombre dans lequel un ouragan promet de mettre le souk dans une banlieue grise. On sent dans le calme relatif de l’introduction que le temps ne restera pas clément.

Leur truc, c’est l’ambiance pesante qui s’établit, entre inquiétude et euphorie. Après une introduction presque obligatoire pour attiser l’attente, on entendra même du chant sur Spirit’s Heavy But Not Overthrown pour en faire un noise-rock tendu, comme si Sonic Youth se mettait au shoegaze. C’est la seule incursion vocale et elle est très pertinente. Ce grand long morceau se pose donc à l’intersection des traditions new-yorkaises et montréalaises.

Parce que si le son est différent et plus chargé de violon, il n’y a que Godspeed qui puisse rendre compte de ce qu’on entend sur From The Heights of Our Pastureland. Avec en sus de brusques accalmies qui frappent autant de des montées. Notons d’ailleurs que Jessica Moss de Silver Mt Zion était sur l’album précédent. Le cousinage est réel donc.

C’est la batterie qui mène les débats d’Eager Glacier ou sur le galopant Ponders End qui en prend une dimension épique. Et la déflagration vient, forcément lourde, vraiment redoutable en fait. Ces émotions fortes typées post-rock surviennent sans que le groupe n’en reprenne littéralement les poncifs.

Présentée par un rabatteur sûr, la musique de Yoo Doo Right a tout ce qu’il faut d’intensité et de rigueur pour plaire à tous les amateurs de lourdeur euphorique. Leurs cieux sombres sont libérateurs.

    Article Ecrit par marc

Répondre à cet article

  • Mogwai – The Bad Fire

    Si Mogwai est un des premiers noms qui vient à l’esprit quand on parle de post-rock, ils en ont abandonné bien des recettes il y a fort longtemps. C’est sans doute cette volonté d’évolution, certes mesurée mais constante qui leur permet ces 30 ans d’existence déjà et de nous gratifier d’un onzième album.
    Une constante, c’est leur amour du titre tordu, sans doute des private jokes opaques (…)

  • Explosions in the Sky – American Primeval (Soundtrack)

    Les groupes indés dont on parle ici ont parfois l’occasion d’arrondir leurs fins de mois en plaçant un morceau ou l’autre dans une œuvre audiovisuelle. Pour les groupes de post-rock, le potentiel est encore plus grand. Outre ceux qui placent un titre comme la très belle utilisation de East Hastings de Godspeed You ! Black Emperor - No Title as of 13 February 2024 28,340 Dead dans Under the (…)

  • Wyatt E - amāru ultu qereb ziqquratu Part 1

    Le style, les ambiances de Wyatt E. étaient déjà connues et on les retrouve toujours avec autant de plaisir. A la lisière de choses connues (post-rock, doom), ils ont toujours su ajouter une touche personnelle. Il existe des exemples de post-rock avec des ambiances proche-orientales. Citons Esmerine ou Oiseaux-Tempête mais ceci a une coloration différente. L’ambition est d’explorer l’ancienne (…)

  • Godspeed You ! Black Emperor - No Title as of 13 February 2024 28,340 Dead

    La musique, ce n’est pas seulement ce qu’on entend, c’est aussi ce que l’on projette. Fort de cet adage un peu ampoulé, on peut admettre que de la musique instrumentale puisse avoir un contenu politique. Et les Canadiens de Godspeed You ! Black Emperor en connaissent un rayon en la matière. Leur huitième album n’est pas tellement un cri de révolte ou un appel à la paix inenvisageable à l’heure (…)

  • Sunset Rubdown - Always Happy To Explode

    On a constaté récemment que le talent de Spencer Krug s’exprime le mieux dans deux pôles opposés. Le premier est plus sobre, en piano-voix souvent et dégage une émotion certaine. L’autre est plus épique et peut prendre des formes diverses, plus électriques et incandescentes avec Dan Boeckner au sein de Wolf Parade, plus synthétique quand Moonface rencontre les Finnois de Siinai. Ou alors plus (…)

  • Spencer Krug – 20202021 Solo Piano

    Il y a sans doute une schizophrénie musicale chez Spencer Krug, et sa créativité peut prendre tellement de formes qu’on n’est jamais à l’abri d’une surprise. Donc, pendant les sessions de répétition de Wolf Parade, il a en un jour réenregistré en version piano-voix ls morceaux de son album [Twenty Twenty Twenty One]->2609] qui venait de sortir. Cette sortie qui précède de peu le retour de (…)

  • Islands – What Occurs

    Kate Nash, Menomena, The Decemberists et maintenant Islands avant bientôt Bright Eyes, il faut se pincer pour ne pas se sentir quinze and en arrière. Mais bon, comme ce sont de bons souvenirs et que tout le monde est dans une forme créative manifeste, on ne va pas bouder son plaisir.
    Dans le cas du groupe Canadien, ce n’est pas exactement un retour vu qu’ils sont dans une période plutôt (…)

  • Boeckner – Boeckner !

    Les carrières de Spencer Krug et Dan Boeckner n’en finissent plus de se croiser. Ainsi, après Wolf Parade (leur groupe commun), Handsome Furs, Divine Fits et Operators, le voici qui utilise également son nom pour la suite de sa carrière (solo). On a beau retrouver un univers musical très familier, ceci n’est pas exactement identique à ce qu’on lui connait déjà.
    Il faut dire aussi que si (…)