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Electrio – Stabbat Mater

mercredi 1er octobre 2025, par marc


Les fusions de classique et d’autre chose sont légion et peuvent prendre une grande variété de formes. De l’amplification symphonique aux tentations plus pop de chanteuses de formation lyrique comme Shara Nova (My Brightest Diamond) en passant par les frontières rendues poreuses par des artistes comme Rufus Wainwright. Le cas qui nous occupe avec le trio basé à Copenhague est encore différent puisque la matière première est éminemment classique. Et même plus ancienne encore parce qu’on parle du Stabbat Mater, chant liturgique dont la création est estimée au treizième siècle.

Le guitariste Francesco Rista, le compositeur électro-acousticien Simone Giordano et la soprano Sandra Lind Þorsteinsdóttir se sont basés sur les versions de Marco Rosano de cette œuvre souvent mise en musique. Elle est déjà plus dépouillée que celle, plus ample et plus connue, de Pergolesi (1736 tout de même...). Le ton est évidemment austère et recueilli et la beauté intemporelle de ces hymnes est intacte, préservée notamment par la pureté de la voix.

Ils n’ont pas ajouté une couche de beats pour faire moderne, c’est beaucoup plus subtil que ça, vous vous en doutez. Ce qui fait que l’émotion est intacte. Et le mystère aussi. Et ce, dès l’entame avec un son, presque drone, d’une majesté certaine. Le ton est plutôt acoustique, même si la guitare peut se parer d’effets. Tout a été retravaillé séparément et certains morceaux ont une structure sonore plus palpable comme Si Dolce e Il Tormendo. La musique ne prend pas le pas sur la voix, c’est une convention qui est respectée tout au long de l’album et rend certaines diggressions plus frappantes.

Après un nombre (très) élevé d’écoutes, on ne sait plus vraiment si ces airs nous étaient déjà familiers ou s’ils le sont devenus. Mais certains morceaux sont restés frappants de beauté pure comme O Quam Tristis ou Fac Me Cruce. Parfois il ne faut pas compliquer les choses, cet album est simplement beau. En proposant des atours modernes et discrets, le trio ne dénature pas le matériau tout en dépoussiérant une œuvre majeure. Avec quelques morceaux qui font vraiment frissonner l’échine.

    Article Ecrit par marc

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