lundi 28 août 2006, par
C’est le dernier qui a parlé qui a raison. Si cette maxime m’a plus d’un fois plongé dans des abîmes de perplexité, il faut bien admettre qu’elle s’applique à la critique qui nous occupe. Mais foin de digressions, je m’explique. Si l’année 2005 a vu une déferlante de groupes plus ou moins cold-new-wave, l’année en cours en a vu nettement moins. Plus que les critiques de l’époque, ce sont les écoutes répétées qui ont défini la hiérarchie. Par exemple, l’album des Editors a bien mieux résisté aux outrages du temps que celui des The Departure. Pourquoi évoquer ces deux groupes ? Tout d’abord parce que les références de base pourraient être les mêmes. Ensuite parce qu’une bonne partie des clichés revivalistes des derniers nommés est ici évitée, ce qui laisse à croire que le mouvement à la base régressif trouve une certaine maturité.
Dés le départ, le ton est donné. On n’est pas là pour la gaudriole. La maîtrise est là, sans aucun doute, surtout si on pense qu’il s’agit d’un premier album pour ces Texans. Cette origine peut paraitre incongrue si on pense à certains clichés bouseux mais moins si on songé à Explosions in the Sky par exemple. Le son est plutôt actuel, même s’il est froid et référencé. Les influences sont larges, du brassage post-new-wave à la relecture noisy (le mur de guitare lancinant de The Ghost rappelle le récent album de Film school).
L’album est équilibré entre intensité et légèreté. On parlera ici de recyclage et de remise à jour plutôt que de régression. Ici, pas de référence directe à Joy Division, un des groupes les plus galvaudés (pensez à retourner aux originaux, un déchaînement de fureur) ces derniers temps. On peut rapprocher parfois l’intention de l’album le plus rêveur de U2 qu’est le toujours recommandable The Unforgettable Fire. Avec cette barrière assez difficile à franchir pour ce genre de musiques qui nécessite passer la froideur du son pour trouver une vibration.
Cette vibration qui peut venir d’où on ne l’attend pas, comme sur The Owl qui est un instrumental évoquant cet incunable Curesque qu’est Carnage Visors. On peut aussi se rappeler les intermèdes des albums Low et Heroes de David Bowie période dite ’Berlinoise’. Bizarrement, les deux instrumentaux sont enchaînes et Today sert de rampe de lancement à un We chose faces plein de roublardise mais auquel j’ai cèdé (meilleur titre haut la main). Car on voit venir certaines montées à des kilomètres, les procédés employés pour rendre un titre comme We chose faces sont assez hénaurmes (les guitares floues lancinantes, les paroles répétitives, le rythme hypnotique de la batterie claire), mais néanmoins, on se laisse gagner par ce mélange. Il n’y a pas de honte à s’abandonner à des ficelles qui s’apparentent à des câbles (je pense à l’ultra-téléphoné Dragster Wave de Ghinzu, voire ce monument de bluff qu’est le With or Without you de U2) si l’efficacité est là
Mais le reste de l’album est plus éthéré (Lights puis la seconde partie en général), ce qui empêche de complètement convaincre sur la longueur.
Pour ce qui est des obligatoires références, en plus de celles citées ci-dessus, on notera la très Cure l’intro de At last is All (morceau léger et presque anodin comme Long walk), la vraie fêlure sur la voix parfois sur Last Ride Together, la copie carbone de Strangelove (il faudra en parler vraiment un jour, à force de le citer) sur If It Was Me, surtout pour ce qui est du dédoublement de la voix.
Je m’en voudrais aussi de passer la pochette sous silence, sorte de croisement des logos de Simple Minds et Love and The Rockets. Au passage, le nom du groupe intrigue autant qu’il ne m’amuse.
Comment se mesure l’intensité d’une musique ? Aucun instrument ne nous aidera jamais. Il faut se fier à ses sensations, à ce qui reste en tête. Mais l’attention et le degré d’abandon jouent également leur rôle. Si vous êtes prêts à baisser la garde et à vous laisser submerger (ce devrait être le cas en concert), vous allez vivre quelques moments d’émotion. Dans le cas contraire, il reste une musique bien balancée, plutôt légère et pas énervante même si plutôt austère. (M.)
Une certaine distance vis-à-vis des artistes qui sont critiqués ici rend incongrue la proximité géographique. 1480 est un morceau ici mais aussi un code postal. Y a-t-il une école wallonne de la turbulence ? Si on se réfère à La Jungle et ceci, ce n’est pas impossible. Est-ce une coïncidence s’ils font tous deux partie du catalogue Rockerill ? Nous ne le pensons pas.
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