lundi 28 août 2006, par
Cette année a déjà vu quelques albums de fort bonne facture. Cependant, un grand choc n’est pas encore venu. Mais cet album est ce qui s’en rapproche le plus. Nous allons voir pourquoi.
Il est des étiquettes lourdes à porter. Dans le but de vendre des places de concert, le Botanique (salle de concert bruxelloise, on est sur Internet, tout le monde ne vient pas du coin de la rue) présentait My Latest Novel comme le "Arcade Fire écossais". Etiquette lourde s’il en est puisque les Canadiens ont tout emporté sur leur passage, critiques, public, concerts et j’en passe. Mais la comparaison a sa part de pertinence donc elle servira de base.
Qu’est-ce qui rapproche ce nouveau groupe de celui des époux Buttler ? Tout d’abord un côté à la fois aérien (les envolées spiralantes appuyées par un violon) et terrien (peu ou pas d’instruments électroniques, ici même l’électricité est presque absente). On pourrait aussi parler du le mélange d’hyper intime et d’occasionnels refrains unanimistes praticables en stade de foot (la fin de Learning Lego).
Ensuite l’origine d’une musique n’est peut-être pas une référence en soi. Mais sachant qu’ils proviennent de Glasgow, on peut faire un saut de puce et remarquer la filiation avec Belle and Sebastian (La guitare de The Job Mr Kurtz Done). Restons dans le quartier pour les autres voisins de Mogwai avec qui ils partagent un certain sens du climax qui tue alternant avec des passages plus apaisés. Sur Sister Sneaker Sister Soul, la ballade est acoustique, puis remue un peu, puis un palier arrive, avant que l’inévitable (on le sent, on l’attend) duo batterie violon ne vienne tout balayer sur son passage. Dans une anthologie des réussites du genre on trouverait quelques perles du premier album des Tindersticks pour fixer les idées.
Maintenant que le décor est planté, on peut attaquer le vif du sujet. Car en effet, la confusion avec tous les groupes précités n’est pas possible tant apparaît forte la personnalité propre du groupe.
Les violons ne s’additionnent pas par couches pour former des nappes de sucre, mais appuient à un ou deux les moments d’intensité (Les montées comme sur The moon is in the Gutter, Pretty in Panic, Sister Sneaker Sister Soul). Ou alors entourer un morceau de douceur (Wrongfully, I rested, The Hope edition et son superbe picking). Mais retirez-les, il reste de fort bonnes chansons (toutes presque sans exception). Donc le talent de composition est là et c’est finalement le plus important. C’est ce qui rend le tout si familier. Mais on ne pense jamais être dans la resucée d’autre chose.
De plus, les morceaux ne sont jamais univoques ou linéaires, mais contiennent leur propre dynamique interne. Si l’écoute est plus agréable d’une traite que mêlée à d’autres choses qui ne lui ressemblent pas, chaque titre peut être écouté indépendamment des autres.
Convoquons d’autres loups pour évoquer Wolf Parade qui pourrait parfois lui être associé (When We Were Wolves) pour l’énergie implacable de la répétition.
Le tout se termine par une douceur de derrière les fagots (The Reputation of Ross Francis) qui convie le fantôme de Neil Young, comme pour nous raccompagner gentiment à la porte. Ajoutons pour l’anecdote que la voix féminine ressemble parfois celle d’Architecture in Helsinki.
Tous les groupes cités forment une bien belle compagnie. Donc si toutes ces références vous plaisent autant qu’à moi, vous savez ce qu’il vous reste à faire. Allez hop ! En haut de la pile et prenez là-bas votre ticket pour les classements de fin d’année...
L’exercice d’un tel album est casse-gueule puisque s’appuyant sur une musique essentiellement acoustique visant l’intensité pure, endroit où la barre est placée fort haut. Mais My Latest Novel s’en sort avec tous les honneurs, slalomant tous les pièges et livrant ce très bel et attachant album. (M.)
Comme Raoul Vignal dans un genre proche, l’évolution de Jawhar l’amène à plus de douceur, à plus de rondeur, avec une vraie beauté qui en résulte, un peu différente de celle des débuts, mais tout autant indéniable. Lui qu’on avait notamment entendu aux côtés de Françoiz Breut ou Monolithe Noir dans un passé récent, il reprend ici le fil de sa discographie avec une certaine continuité. Ne (…)
On apprécie toujours le retour d’un ami de longue date, surtout s’il reste empreint d’une grande beauté. Comme on l’avait signalé à la sortie du précédent Years in Marble, il s’éloigne d’influences comme Nick Drake (avec un picking virtuose) pour favoriser un mid-tempo qui coule de source comme South, Brother qui relate ses retrouvailles avec son frère qui vit en Espagne. La finesse d’écriture (…)
On l’a dit, on connait remarquablement peu d’artistes pour les plus de 2000 critiques écrites ici. Pourtant quelques camaraderies virtuelles ont pu se développer. A force de commenter les albums de The Imaginary Suitcase, j’ai même eu droit à une écoute préliminaire de cet album. Ceci est juste une petite mise au point au cas où vous viendrez fort légitimement douter de mon objectivité en la (…)
Conor Oberst a aquis très tôt un statut culte, le genre dont il est compliqué de se dépêtrer. Lui qui se surprend ici à avoir vécu jusque 45 ans (il y est presque...) nous gratifie avec ses compagnons de route Mike Mogis et Nate Walcott d’un album qui suinte l’envie.
Cette envie se retrouve notamment dans la mélodie très dylanienne d’El Capitan. On peut retrouver quelques préoccupations du (…)