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Bob Dylan : Modern Times

vendredi 8 septembre 2006, par marc

Les légendes ne meurent jamais


Sous la cellophane qui emballe le dernier album de Bob Dylan figure un livret avec la couverture identique à la pochette du CD. Contre toute attente, il ne contient pas les paroles (pas d’analyse de ce côté-là donc, sa diction me restant fort opaque) mais le catalogue de la discographie du chanteur. Et ce n’est rien de dire qu’elle est impressionnante. Pas moins de 46 albums, compilations, lives, raretés, collection de bootlegs constituent un des pedigrees musicaux des plus fournis. Le but est évidemment commercial mais il est bon de se replonger dans ce qui nous a donné tant de plaisir. L’annonce du second volet de son indispensable autobiographie (le premier volume est vraiment passionnant) et la sortie récente de Feels Like Going Home, le remarquable documentaire que lui a consacré Martin Scorsese le placent comme un des talents majeurs du vingtième siècle de toute façon.

Donc, on a la preuve visuelle que Bob Dylan n’a plus rien à prouver à personne. Et qu’il n’avait pas besoin de ce trente et unième album pour redorer son blason. Mais il n’est pas homme à se reposer sur ses lauriers. Montrant même depuis trois albums un net regain de forme, lui qui a connu quelques passages à vide. Ce qui est paradoxal, c’est que la principale caractéristique du Dylan actuel c’est un son. Paradoxal parce qu’on connaît de lui plutôt les prouesses littéraires ou les brûlots. En mélangeant rock de bayou, boogie fiévreux, blues primitif et folk dense, des genres archi rabâchés, il obtient grâce aussi à ses fidèles musiciens un produit presque unique. La voix (A voice like sand and glue selon la vieille chanson de Bowie) a vieilli, devient de plus en plus râpeuse, mais la façon de chanter reste unique. Et est plus apaisée, plus sûre, comme celle d’un vieux briscard qui est sûr de son talent.

Comme toujours chez Dylan, et presque toujours chez Bowie, l’originalité n’apparaît pas au premier coup d’œil. Il faut de la patience pour apprécier toute la subtilité du propos. Toutes ces compositions (et nombreuses reprises) auraient pu être interprétées à différentes étapes de sa carrière, du milieu des années ’60, quand il inventait le folk-rock (sur Blonde On Blonde par exemple) à son Infidels de 1983 en passant par ses collaborations avec The Band ou The Grateful Dead. C’est le son, encore une fois, qui apporte le cachet nécessaire.

C’est certain, il se cache une indéniable désuétude à l’heure du home-studio pour tous, de myspace et du revival post-punk. Tout le monde ne sera pas sensible à ça, loin s’en faut, et je n’ai à aucun moment ressenti d’émotion autre qu’un grand respect alors que bien de ses réalisations passées m’émeuvent encore. Sorti par un autre que lui, cet album n’aurait même peut-être pas atteint mes oreilles.

En reprenant des standards intemporels, Bob Dylan, mine de rien, apporte une certaine perfection formelle à cette musique à la fois banale et incroyablement unique. Complètement hors du temps sans être démodé, ce chanteur-là prouve une fois encore que le talent, le vrai, n’est pas altérable. (M.)

    Article Ecrit par marc

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7 Messages

  • Bob Dylan : Modern Times 5 janvier 2007 10:06

    Excusez-moi,mais pour parler de DYLAN et donner son avis sur son oeuvre , le minimum et d’en comprendre les paroles : c’est comme si un Inuit du grand nord qui ne pipe pas un mot de français pouvait se permettre de parler de G.Brassens.
    Ne prenez pas ça mal:mettez-vous à l’angais.

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    • Bob Dylan : Modern Times 5 janvier 2007 18:05, par Marc

      Une réponse en deux temps pour toi, ô courageux anonyme :
      - ne pas comprendre une langue n’implique pas de ne pas pouvoir parler de la musique qui va avec. Une partie des francophones ne pipent pas un mot d’anglais et ça n’a jamais empêché personne d’apprécier le rock dans cette langue. Le meilleur enregistrement public de Brassens est enregistré en Angleterre (en 1973) or les habitants de cette île ne doivent pas mieux appréhender les subtilités de la langue de Villon que les Inuits (pour reprendre l’exemple subtil).
      - Mon niveau d’anglais se porte bien, merci (je suis d’ailleurs à Seattle, je te ramène quelque chose ?). Les paroles de Dylan ne m’ont jamais rebuté et je possède l’intégrale de ses textes de chansons. Le but de cette critique était de donner un avis sur la musique, sans tomber dans une vaine exégèse. C’est vrai que l’aspect littéraire est primordial chez Dylan, mais ce n’est pas sur cet aspect-là que je voulais m’appesantir.

      Voilà voilà.

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      • Bob Dylan : Modern Times 5 janvier 2007 20:41, par un autre anonyme plus connu

        Oui mais excusez-moi,mais pour parler de DYLAN et donner son avis sur son oeuvre , le minimum et de savoir jouer de la guitare et de l’harmonica : c’est comme si un teufeur du grand bruxelles qui ne pipe pas une note d’accordéon pouvait se permettre de parler d’Yvette Horner. Ne prenez pas ça mal : mettez-vous à l’accordéon...euh ou à la guitare...

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        • Bob Dylan : Modern Times 12 mai 2007 15:51, par bibi

          euh je pense qu’il y a pas mal de n’importe quoi dans tout sa. c’est pas parce que tu joue de la guitarre et de l’harmo et que du apprecie bobby zimmerman que tu a le droit de dire que les deux sont indisociables.
          Perso je ne joue pas a la guitare et je bafouille un timide blowin in the wind voir un Mr tambourine man sur moin harmo a 5 euros mais sa m’empeche pas d’ecouter du Dylan en boucle... et sa m’empeche absolument pas de vivre sa musique pleinement, je trouve meme sa mieu de ne pas voir sa musique comme une suite d’accords et de notes isolés un a un, mais d’en extraire seulement la melodie, le feeling quoi ! et pour sa sa aide de pas savoir jouer a la guitare^^ . bon et plutot que de se mettre a l’acordeon ou a la guitare pour vivre pleinemant Dylan, il faut mieu un peu de marie-jeane ( en hollande biensur, la ou c’est legal xD ^) je pense que la plupart de ses textes prennent leur veritable sens ainsi
          Par contre C’est clair que la comprehension des paroles est quasi indispensables(quoique certaines pourraient se passer de traduction tellement elle sont harmonieuses ainsi)car le petit Bob est un poete qd meme(pour moi le meilleur de tous depuis bien longtemps) et le travail qui a été fait (par exemple sur tambourine man) merite bien toute notre notre attention.
          Aussi tres bonne idee du mec qui a ecrit l’article d’avoir ecrit sur sa musique plus que sur ses textes, dylan ayant prouvé mainte fois son abilité au maniage de la plume^^ ! Et c’est pas faut que sa diction est difficilement accessible des la premiere ecoute ( ce qui par ailleurs , selon moi, donne une bonne parite de leur charme a ses chanson)

          Bon bah voila, surtt n’oubliez pas ce pauvre robbert zimmezrman, qui decidement n’a pas dit son dernier mot !

          signé : Un gosse de 15 ans né 45ans trop tot

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          • Bob Dylan : Modern Times 14 mai 2007 18:49, par Marc

            Merci pour ton soutien Bibi,

            Mais je pense que le commentaire qui précède le tien est à prendre au second, si pas au troisième degré...

            Sinon, c’est bien d’apprendre la guitare, comme ça plus tard tu pourras faire des critiques de rock.

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            • Bob Dylan : Modern Times 5 août 2008 16:47

              Si on part du principue qu’il faut comprendre l’anglais pour écouter Dylan on est mal parti !
              Mais dans ce cas, il faut savoir peindre pour aller à une expo de peinture, savoir faire un film pour pouvoir critiquer, etc etc
              J’adore les donneurs de leçons de cet acabi !!!

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              • Bob Dylan : Modern Times 10 janvier 2012 02:40

                Pourquoi tant de fautes d’orthographe quand vous parlez d’un auteur ?
                Avant les cours de guitare, quelques leçons de français s’imposent...!!!
                Néanmoins , si l’on aime Dylan sans comprendre un seul mot de sa poésie, on ne l’aime qu’à moitié, non ?
                Vous me direz qu’il y a pléthore de chanteurs français à succès que l’on préfèrerait tellement ne pas comprendre...
                Paradoxale...

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