mercredi 25 octobre 2006, par
Les mêmes en énervés
Il doit bien y avoir un doseur en chef, un type qui dirige les groupes en décidant des mélanges. On écoute trop de groupes trop proches sauf pour des éléments subtils pour que tout ne soit pas concerté. Blague et paranoïa à part, il est troublant de voir ce que le revival new-wave qui devrait s’éteindre nous fait écouter. La liste est trop longue et déprimante à décliner, mais toutes les combinaisons de new-wave et post-punk doivent être épuisées maintenant. Je pourrais vous dire qu’ici, c’est la tendance à haute énergie, voir carrément punk du revival qui est mise à l’honneur et je pourrais en terminer là. Même voix, même production, même basse, tout a déjà entendu. La folle puissance est la marque de fabrique. C’est un peu court, je vous l’accorde et ça ne suffira pas à étanche ma prolixité, donc je ne vous laisserai pas face à une critique laconique.
On avait vu ¡Forward Russia ! au Pukkelpop et l’impression avait été bonne, même si les compositions nous avaient semblé tout sauf mémorables. On n’écoute pas un album pour confirmer ses préjugés mais dans ce cas-ci la première impression a été la bonne.
On se saisit de l’album et on constate que tous les morceaux ont pour titre un numéro, idée calamiteuse puiqu’ils sont dans un ordre non chronologique (ce n’est pas grave) et que ça renforce d’autant la sensation d’uniformité. Le moins qu’on puisse dire, c’est que ça part fort. Thirteen place un petit synthé, des voix éthérées avant que la section rythmique n’englobe le tout. Le ton est donné, la mélodie est presque suivable. Ils insufflent une énergie juvénile dans des tentatives lyriques eighties. On en peut qu’admirer l’ouvrage bien faite mais la même sensation d’artificiel étreint comme face à White Rose Movement pour reprendre un exemple récent. Le second morceau (Twelve) enfonce le clou, plus direct, dansant et meilleur.
Le reste sera à l’avenant, dense, rentre-dedans. Avec des titres parfois plus sautillants (Seventeen) pas mal. Fallait-il le laisser déraper dans le bruyant ? La question mérite d’être posée vu que ce sont les moments les moins intéressants du morceau. Que dire sinon qu’un synthé discret et efficace (Fifteen pt1) est parfois convoqué en renfort et que Nine est plus ‘pop’ (tout est relatif) avec un refrain plus accrocheur. C’est ce qu’on en retient tout d’abord. Mais tout n’est pas joué avec les doigts dans la prise. Ainsi, Nineteen aussi part plus doucement, comme certains morceaux de I Love Yu But I’ve Chosen Darkness. Mais l’intimité, l’intensité ne s’improvisent pas et ici ça passe moins bien. Un morceau comme Sixteen part aussi d’une manière toute différente, avec deux voix dont une féminine. Le ton se veut plus méditatif. Mais qu’on se rassure, la bonne vieille énergie revient bien vite, on ne se refait pas. La tentation de faire autre chose ne dure donc pas.
Parlons maintenant de la voix qui n’est pas beuglante, c’est déjà ça, mais le chant la fait ressembler à mille choses actuelles, White Rose Movement en tête, en gros, tout ce qui tient du registre affecté lyrique des années ’80. Si au milieu de cette furie maîtrisée ça peut apparaître original, la lassitude (l’irritation) gagne vite à cause de ce ton geignard récurrent.
On ne peut plus jouer du punk ‘classique’ de nos jours, il faut y incorporer une basse new-wave sous peine de paraître hors du coup. Le résultat dégage une pêche vraiment convaincante, ce qui l’est moins c’est le nombre de clones (moins déchaînés, d’accord) et le manque de morceau sortant du lot lasse. Messieurs les Anglais, on a notre quota de groupes disco-punko-new-wavo-revivalistes, on va bloquer les frontières, là…
Comme c’est souvent le cas, découvrir un.e artiste implique de bien vite en découvrir d’autres projets. On vous parlait il y a peu d’Eilis Frawley et son atypique et attachant album et la voici en batteuse inspirée qui a une belle part dans la réussite de cet album. On entend clairement sa voix sur plusieurs morceaux Self Destruct mais elle n’est pas la seule à assurer le chant.
Quand les (…)
Certes il y a les historiens, mais rien ne vaut ceux qui ont vécu une époque. Ce n’est pas un hasard si c’est un authentique Wireophile qui a attiré notre attention sur cet album (et il en parle très bien). Bassiste et fondateur des légendaires Wire, Graham Lewis a déjà sorti des albums quand la plupart des défenseurs actuels du genre (Squid par exemple) n’étaient pas nés. En sus du groupe de (…)
En matière de critique, tout est question de perception. Certes, on tente de définir le contexte, de placer une œuvre dans une époque au moment où elle se déroule (oui, c’est compliqué) mais souvent, on essaie en vain de définir nos affinités électives. Et puis si on n’arrive pas à expliquer, rien ne nous empêche de partager. Ainsi, on a adoré tout de suite ce que faisait Squid. En alliant (…)
Une certaine distance vis-à-vis des artistes qui sont critiqués ici rend incongrue la proximité géographique. 1480 est un morceau ici mais aussi un code postal. Y a-t-il une école wallonne de la turbulence ? Si on se réfère à La Jungle et ceci, ce n’est pas impossible. Est-ce une coïncidence s’ils font tous deux partie du catalogue Rockerill ? Nous ne le pensons pas.
Mais cet album produit (…)
Il y a des noms qui sont liés à une époque, qu’on oublie forcément un peu avant de les voir ressurgir de nulle part. Lescop fait partie de ceux-là, vous l’avez definé, petit.e.s futé.e.s que vous êtes. Les années ’80 sont une esthétique qui n’a plus déserté le paysage musical depuis plus de 20 ans. Mais si ce troisième album reste dans ce (micro)sillon, il le fait avec tant d’allant qu’on ne (…)
I know it when I see It
Cette phrase d’un juge de la cour suprême américaine quand on lui demandait ce qu’était la pornographie peut aussi s’appliquer à certains styles musicaux, aussi faciles à identifier que compliqués à décrire. Les années ’80, ce n’est pas qu’une lointaine décennie, c’est un parfum qu’on reconnait tout de suite chez ce trio finno-allemand.
Et il convient bien à cette (…)
Le vintage années ’80 est un style qui se pratique depuis des dizaines d’années. S’il peut évidemment être pratiqué par des novices, on ne se lasse pas non plus de ceux qui ont vécu les évènements en direct. Outre les légendes Wire, il y en a d’autres qui ressurgissent du passé. Actif au milieu des années ’80, le quatuor belge est revenu aux affaires à la faveur du confinement qui les avait (…)
Les influences, on peut les aborder frontalement ou par la bande. Dans le cas du second album du groupe belge, si les marqueurs post-punk ou cold sont bien là, ils sont déjà très processés. On vous a déjà parlé de groupes comme Ultra Sunn (et on vous reparlera de The Ultimate Dreamers) plus frontalement cold wave ou gothique, on est plutôt ici dans un pop-rock mélancolique qui lorgne du côté (…)