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Emily Haines & The Soft Skeleton - Knives Don’t Have Your Back

vendredi 3 novembre 2006, par Fred

Calme et émouvant


Emily Haines nous avait déjà fait entrevoir le potentiel de sa voix, son talent de songwriter et son inclinaison pour les chansons tristes par le passé.
Laissant tomber les batteries, les hit-hat et les boucles de basses de Metric pour le charme feutré et rassurant d’un piano, Emily nous livre son premier album solo, Knives Don’t Have Your Back, qu’elle aura pris 4 ans a finaliser.

Our Hell, le morceau d’ouverture est une belle réussite qui place directement les hameçons qui vous feront rester pour la suite. Docteur Blind moins enjoué, a un air de musique de film, probablement du à l’accompagnement aux cordes (somptueux d’ailleurs).
Les cordes font d’ailleurs quelques autres appartitions sur l’album pour soutenir les ambiances et les harmonies piano/voix.

Ces chansons élaborées, on l’imagine, en solo sur un piano familié, sont toutes des perles de la vie d’une trentenaire moyenne, parfois désorientée, triste ou mélancolique (Crowd Surf of a cliff, The Lottery).
Les accompagnement, limités pour les titres les plus intimiste au simple piano, incorporent également sur d’autres titres des cordes, une batterie, une basse ou même des cuivres.
La production est quant à elle à sa place pour une album intimiste de quasi luxueux : "Pas de coup d’éclat mais surtout aucune fausse note." est son leitmotiv.
(On aurait peut-être aimé qu’un côté barré, voir même un peu rude, soit peut-être plus exploité par la production, mais celà aurait changé le ton général de l’album qui ici est beaucoup plus axé vers les atmosphères calmes et les salons cosy.)

Comme une après-midi d’octobre étonnement chaude (vous voyez de quoi je veux parler je suppose), cet album se déguste d’un bout à l’autre. C’est parfois calme, parfois plus rythmé, parfois presque contemplatif, mais c’est le plus souvent fort réussi (à l’exception peut-être de Nothing & Nowhere).
Le tout garde de plus un côté un peu décalé, un peu menaçant, un petit brin d’étrange (Detective Daughter, Mostly Waving). Comme par exemple sur certaines compositions d’An Pierle. La voix d’Haynes elle même n’est pas étrangère à ce fait.

Un album à conseiller donc sans hésiter pour ceux qui veulent découvrir la voix et le talent d’Emily Haines ou qui aiment la musique de ces chanteuses amoureuses de leur piano.

    Article Ecrit par Fred

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