mercredi 13 décembre 2006, par
Where the music matters
Le paysage radiophonique est constitué de 90% de stations inintéressantes. C’est vrai quels que soient vos goûts et Seattle n’échappe pas à la règle. C’est au hasard d’un zapping matinal que je suis tombé sur l’émission culte (je ne le savais pas encore) de John sur KEXP 90.3 fm si vous êtes dans le coin). C’est toujours intrigant d’entendre un obscur Joy Division sur le coup de 8h00. Depuis, il ne se passe pas une matinée sans que je m’instruise, m’émerveille, me lasse aussi parfois au son de cette radio. Qu’on ne s’y trompe pas, la programmation du reste de la journée n’est pas toujours à l’avenant, l’exigence étant la seule ligne directrice qu’il s’agisse de reggae, de musique du monde ou expérimentale.
Suis-je en train d’inaugurer une nouvelle série de critiques de radios ? Que non pas, le propos est une compilation mystérieusement intitulée Live At KEXP Volume 2. Il s’agit d’une collection de captations dans les studios de cette radio. La distribution en est exemplaire. Un mélange de groupes du moment de gloires de l’indie sur le retour et de groupes locaux. Plus crédible tu meurs. Dans la première catégorie on peut trouver une version d’Insistor qui prouve que Tapes ‘n Tapes n’est pas juste une baudruche internet, The Decemberists qui laissent entrevoir leur potentiel, un brillant Munich d’Editors qui est un peu meilleur que leur niveau en concert, un fatalement impeccable Bright Eyes acoustique ou encore l’excellent The Funeral des locaux Band Of Horses. La seconde comprend aussi bien le post-punk anguleux des souvent imités Gang Of Four, une superbe version acoustique de People Have The Power de Patti Smith, une institution à elle toute seule. Je voudrais vous épargner la critique track-par-track, toujours fastidieuse sans compter que ce qui peut vous plaire ne sera pas nécessairement. J’ajouterai juste qu’il y a aussi un peu de Hip-hop de haut niveau (M.I.A., Lyrics Born) qui apporte une diversité bienvenue et que Zero 7 peut rester intéressant dépouillé de la couche électronique.
Je terminerai par une mauvaise et une bonne nouvelle. La mauvaise, c’est que cette compilation n’est disponible que jusqu’au 31 décembre 2006. Dépêchez-vous de vous rendre dans un des disquaires le possédant ou de le commander en ligne sur le site www.kexp.org. Restez-y (sur le site) pour la bonne nouvelle. En fait cette compile n’est que la partie émergée d’un énorme iceberg. Je m’y suis retrouvé comme un gosse de quatre ans dans un magasin de jouets, ne sachant plus où donner de la tête, écoutant toutes ces merveilles par tranche de vingt secondes avant de changer pour une autre. Au bord de la crise de nerfs. Là, je me suis bien repris. Il y a à peu près tout ce dont on vous dit du bien, de dEUS à Arcade Fire en passant par The Veils ou Beirut. Ou de Dizee Rascal à The National en passant par Maximo Park ou Sufjan Stevens. Enfin, allez-y quoi... J’y retourne régulièrement pour voir ce que j’aurais oublié et j’en redécouvre à chaque fois. C’est gratuit, légal et exclusif puisque tout a été capté dans leurs studios en live.
‘Where the music matters’ est le slogan de KEXP. Ce sont mes amis, ce seront bientôt les vôtres.
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S’il est une chose qu’on ne pourra pas reprocher à Shearwater, c’est celle de ne pas occuper le terrain. Depuis leur album Jet Plane and Oxbow de l’an passé, on a en effet eu droit à deux sorties virtuelles d’anciens concerts et une reprise intégrale du Lodger de David Bowie. Et maintenant sort ce live qui témoigne de la pertinence de leurs prestations publiques. Espérons que cette politique (…)