Accueil > Critiques > 2007

 !!! : Myth Takes

mardi 6 mars 2007, par marc

Le grand méchant groove


Au moment d’écrire une critique du premier album de !!! (Prononcez tchick tchick tchick, snobisme gratuit), je n’imaginais pas que j’aurais à refaire ça. En effet, en dépit de moments très réussis, il manquait de morceau complet marquant, défaut plutôt rédhibitoire pour un album orienté dancefloor. L’attitude m’avait d’ailleurs plus intrigué que les titres eux-mêmes. Pourquoi est-ce que je vous en parle dès lors ? Par sens du devoir ? Pour pouvoir me plaindre ? Non, rien de tout cela. Tout simplement parce que cet album est bien meilleur.

Il comporte notamment une triplette de morceaux, du second au quatrième, qui vaut vraiment le déplacement. All My Heroes Are Weirdos et Must Be The Moon ont une tension de sarabande irrésistible qui emporte tout sur leur passage. Pied au plancher, elles sont de la catégorie des grosses useuses de semelles.. C’est ce qui les caractérise est l’incorporation d’un feeling funk vintage dans un son typiquement actuel. Mélange réussi A New Name est un peu à la traîne dans l’ensemble, plus marqué par les sons du premier album (basse synthétique comme guitare) mais présente un authentique riff qu’appuie une montée pour le rendre vraiment irrésistible l’espace de quelques secondes. Le reste du morceau ne servant qu’à créer la tension.

Le reste des morceaux ne se hisse peut-être pas à ces standards par la faute de baisses de tension qui déforçaient déjà le premier album mais sont de bonne tenue et comportent tous des moments qui empêchent la banalité. Bend Over Beethoven, par exemple, souffre juste un peu de sa longueur mais est vraiment délectable. L’album en devient donc écoutable d’une traite. Ils essaient même de faire de vraies chansons qui résisteraient à un autre traitement comme Sweet Life. Mission accomplie si on veut mais ce n’est pas là-dedans qu’ils sont les meilleurs.

On en vient à songer qu’en plus de gimmicks reconnaissables (le son de guitare particulier, le double chant caractéristique), !!! a réussi à créer un style propre qui se révèle utile. En s’éloignant de LCD Sounsystem et de tous ses groupes satellites, ils créent peut-être sans le savoir, le genre de groove de ce début de XXIème siècle. En détachant l’étiquette commode d’electro-disco-punk, ils se créent un mélange nouveau. Honnêtement, je n’aurais pas parié là-dessus à l’époque de Louden-up Now.

Dans cette année qui entre tout doucement dans sa phase cruciale (Il y a des jours comme ça, où sortent simultanément Arcade Fire, !!! ou Amon Tobin), !!! s’impose comme une des machines à groove de référence. A danser ou à écouter, c’est vous qui choisissez

    Article Ecrit par marc

Répondre à cet article

  • Underworld - Strawberry Hotel

    Il est des artistes qui mieux que d’autres nous ont donné des envies d’ailleurs, de champs musicaux inexplorés. Pour les amateurs de rock au sens large, des gens comme Underworld ont été des passeurs, comme New Order avait pu l’être pour des gens (encore) plus âgés que nous.
    Cette émancipation auditive était aussi bien ancrée dans son époque, et s’il n’est pas incroyable de retrouver le (…)

  • Paris Orly – La Réserve

    Le fond et la forme. La forme et le fond. Paroles et musique. La dualité est bien connue et on la retrouve ici, bien mise en avant sur ce premier album de Stéphane Loisel. Des mélanges sont encore à tenter et celui-ci a sa personnalité propre.
    Sur la forme tout d’abord, on peut dire que c’est réussi puisque des versions instrumentales pourraient fonctionner. Italo-disco, electro, le (…)

  • La Démesure du Pas – Migratory Music

    Si le hasard ou l’habitude vous guident vers ces colonnes, c’est qu’une certaine curiosité musicale vous titille. Partant de ce postulat, on se permet souvent de plonger dans des pans plus aventureux de la musique, quitte à s’y perdre parfois. Cet album parait sur Ormo records qui nous avait déjà gratifié d’œuvres comme Alan Regardin ou No Tongues, défricheurs de possibles (ref belge) (…)

  • Bear of Bombay - PsychoDreamElectroGaze

    Lire une étiquette est une règle de bonne pratique avant d’ingurgiter quelque chose. Le nom de l’album du Milanais Lorenzo Parisini qui officie sous le nom de Bear of Bombay ne laisse planer que peu de doute quant à son contenu et on l’avale d’un coup d’un seul en parfaite connaissance de cause.
    PsychoDreamElectroGaze donc... Tout est là, avec une densité certaine de Tears From Space, qui (…)