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The New Pornographers - Challengers

jeudi 6 septembre 2007, par Marc

De l’indie canadien de régime


Parmi les multiples façons de découvrir de la musique, ces dernières années ont vu l’éclosion d’une sphère internet qui se veut collaborative et conviviale. Quand un groupe de gens s’est mis en tête de catégoriser pour mieux conseiller (vendre à la base mais c’est vite parti en vrille), on a vu surgir des plateformes du style « donne moi des noms sur ton ipod et je devinerai le reste » qui ont la déprimante habitude de référencer en rond. Aussi quand un nom nouveau surgit, je profite de l’occasion pour élargir mes connaissances.

Disons-le tout de suite, ceux qui comme moi apprécient l’indie canadien ou plus largement nord-américain se sentiront tout de suite chez eux avec ces New Pornographers. Ceux qui se demandent pourquoi ils ne connaissent pas ceci alors qu’ils ont déjà gobé Arcade Fire, Wolf Parade ou autres Decemberists auront une réponse aisée : ça remplit toutes les cases pour se voir décerner le label de qualité « voilà de la bonne musique facile d’accès qu’elle est pas commerciale » mais vraiment pas plus. C’est dans l’absence de ce petit rien qui rend les groupes cités si indispensables qu’il faut chercher la solution.

Ca, c’est quand on ne connait pas le pédigrée dudit groupe. Et puis on lit les notes de la pochette et on lit les noms, entre autres, de Neko Case, la chanteuse d’alt. country (entendez country indépendante sans les chapeaux et l’immonde état d’esprit) qui a le vent en poupe, de Bajar de Destroyer, une de ces perles canadiennes dont la reconnaissance s’est perdue au dessus de l’océan et Carl Newman qui m’est inconnu mais signe la plupart des compositions. Et ça ne fait qu’accentuer la frustration. Ce qu’on pensait après une écoute être une bande de potes appliqués est en fait un super-groupe, dénomination qu’ils récusent un peu en vain d’ailleurs. Quand on sait à quelles altitudes peut se hisser Destroyer par exemple, le gentil vol de croisière se révèle décevant.

Rentrons quand même un peu dans le détail sinon vous allez croire que j’ai à peine écouté ce Challengers. Le premier My Right Versus Yours est assez engageant, même si on réalise assez vite que le registre est plus léger qu’initialement pensé. Plus dans la veine, disons, de Stars qu’on leur préfèrera définitivement, la mixité des voix venant renforcer cette impression. Par léger, on entend plaisant, jamais dérangeant sauf quand on attend en vain un peu d’action. Les ressemblances sont plus dans des groupes de pop à guitares comme The Chalets pour All The Things That Go To Make Heaven An Earth ou Mutiny, I Promise You. Ce qui s’éloigne de nos goûts il faut le dire. Une fois qu’on a assimilé que last fm donne des conseils pas fiables à 100%, on se traine jusqu’à la fin. C’est arrivé à chaque écoute malgré une plage titulaire plus calme qui leur va bien ou New Myriad plus original.

C’est le phrasé particulier du chanteur de Destroyer qu’on entend sur Entering White Cecilia qui n’aurait jamais eu sa place sur un de ses albums. Etrangement, c’est d’un manque de personnalité dont souffrent les New Pornographers. Neko Case par exemple a une voix plus ferme (Go Places qui évolue pas mal pourtant) mais moins touchante que celle d’Amy Millan. On comprend dès lors mieux pourquoi elle ne percera sans doute pas ici malgré un talent certain : c’est trop lisse pour les amateurs de sensations fortes et le marché est déjà saturé.

Comme beaucoup de groupes valables, c’est l’existence de groupes exceptionnels qui les rend moins indispensables. Si vous vous reconnaissez dans le toujours vain mais rarement évitable name-dropping qui précède, ceci ne fera certes pas tache puisque l’écoute de la première partie en est facile, mais si on aime tous ces groupes, c’est parce que chaque fois qu’on les écoute on a envie de les refiler au chausse-pied à tout son entourage (ceux qui me connaissent en savent quelque chose) alors qu’ici on se bornera à ne pas les déconseiller. Sauf aux rétifs à la musique légère.

    Article Ecrit par Marc

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