vendredi 7 mars 2008, par
Vade retro prise de tête
Un des effets secondaires d’un séjour aux Etats-Unis, c’est qu’on s’encombre d’une liste invraisemblable de groupes qui n’ont que peu, voire pas du tout d’écho ici. C’est le cas de ce duo d’Austin, Texas. Comme le genre qu’ils pratiquent, à la lisière entre du rock simpliste et de la dance simpliste est très sujet aux hype (Klaxons, Infadels, CSS… qui ont toute une palette bien plus étendue cependant), il est consolant de temps en temps de pouvoir en traiter en toute quiétude.
Tout d’abord, l’étiquette de dance-rock sera utilisée faute de mieux. Car il n’y a pas la moindre de trace de guitare ici. C’est la voix qui y fait penser. Haut-perchée, elle déconcerte de prime abord. Une voix à la « retire ton pied du mien, tu me fais mal », un peu comme cryogénisée depuis la vague de glam-métal des années ’80. Dit comme ça c’est évidemment pas très appétissant mais il faut le ranger du côté des kitscheries assumées d’un Electric Six. Le contraste est donc flagrant avec une des ‘grosses’ sorties de la semaine, à savoir Bauhaus dont la voix, certes affectée et trop proche de Bowie par moments, est d’une puissance qui déforce celle-ci.
Sur scène, c’est clairement un spectacle haut en couleur. Pas le genre nerd timide qui triture sa console. J’ai eu l’occasion de voir ça et c’est une curiosité. Un style qui veut faire bouger les gens se doit d’avoir un plumage à la hauteur, même si le ridicule est clairement au rendez-vous. Alors oui, c’est prétentieux d’un certain côté, les nappes de synthé sont tout sauf humbles, mais c’est l’euphorie qui est le seul critère de réussite. Et ici, on le rencontre au détour de plusieurs morceaux comme Freeheart Lover ou The Band Marches On. Mais il y a clairement des morceaux à skipper. Les instrumentaux manquent d’enjeu (Holy Ghost White Noise, Club Soda) par exemple et le simplisme du procédé use. Et quand c’est plus nerveux, ça devient même un peu éprouvant (HFM), loin de la maitrise d’un LCD Soundsystem dans Movement par exempke
Les conditions d’écoute sont primordiales pour apprécier ce Robotique Majestique (une tentative avortée de sonner français ?). Le volume doit être poussé à fond, toute velléité grognonne doit être absente. Volontairement basique et grandiloquent à la fois, Ghostland Observatory ne va pas révolutionner le genre assez bouché qui se situe aux frontières du rock et du dancefloor. Mais comme il n’est supporté par aucune hype, on pourra profiter de ces petites fioles pleines d’énergie même si le tout se révèle d’un simplisme pas toujours réjouissant. On rêve par exemple de leur piquer leurs bandes et de les laisser trainer chez les frères Dewael ou Trentemöller, histoire de voir jusqu’où on peut pousser ces morceaux.
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