mardi 20 mai 2008, par
Vide à moitié plein
Ce nouvel album d’Islands, c’est une énième resucée de la bouteille à moitié pleine ou à moitié vide. Certes il y a une ampleur et un souffle qui rendent une partie de l’album vraiment bonne, mais quand les mêmes recettes sont appliquées de manière simpliste, c’est juste boursoufflé et certains morceaux peinent à retenir l’attention malgré leurs cheminements tortueux (Life In Jail). Ce qui fait que les premières écoutes sont intégrales, puis se limitent vite aux seuls titres qui éveillent l’attention. Il reste donc quelques intenses moments de musique, et ce dès The Arm qui entame l’album.
Vous vous souvenez de la fin de l’incroyable Swans qui ouvrait Returns To The Sea ? On tombait dans un rock un peu pompier qui donnait le sourire à la fin de ce marathon. Eh bien, ici, certains morceaux commencent comme la fin de celui-là. Ce ne manque pas de souffle, et on est même gratifiés au détour d’un J’aime Vous Voir Quitter d’un passage ensoleillé. De son côté, Pieces of You assure le boulot du morceau qui n’est pas là pour servir de vitrine mais qui utilise avec application les recettes du reste de l’album, avec un peu plus de concision et moins de digressions.
Manie aussi des morceaux à tiroirs assez longs sans vraie ligne directrice (In The Rushes, We Swim), qui semblent parfois la juxtaposition arbitraire de morceaux très différents. Ce n’est pas qu’on veuille à tout prix qu’il y ait une signification aux circonvolutions mais les changements pour le plaisir de la non-linéarité, ça peut se révéler stérile aussi puisque si la maitrise est là, l’intensité et l’émotion en sont presque absentes. Pour des montées en régime de haut niveau, il faudra pratiquement attendre le dernier Vertigo. Il appartient à la catégorie des « morceaux jamais morts » de onze minutes. Sans la progression de Swans mais plus éclaté. Si vous pensez qu’il est préférable d’avoir un goût de trop qu’un goût de trop peu, vous avez votre morceau…
C’est grandiloquent, pompeux un peu, mais est compensé par une envie de tous les instants. J’ai en fait du mal à trouver d’autres artistes dont la démarche serait similaire. Sans doute Destroyer est-il le moins éloigné de cette façon décomplexée d’aborder des morceaux, surtout quand ils se lancent dans un slow ou quelque chose s’en approchant (To A Bond). Comme ce dernier, le procédé marche très bien ou beaucoup moins. Le chant aussi se fait plus ample, héroïque presque, en tous cas plus maniéré qu’auparavant. Mais même si le format long reste la norme, c’est parfois plus compact (Creeper), ce qui n’empêche pas un coup de mou au début de la seconde partie de l’album.
Le moins qu’on puisse dire, c’est que le nouvel album d’Islands est déroutant. Mais pas dans l’acception luxuriante qu’on imaginerait. La conjonction d’une facilité pop assumée alliée à une inventivité explosive était leur grande force. On a l’impression que la légèreté a dû faire place à une ambition qui n’est pas uniformément gratifiante. Ce qui rend cet album à la fois uniforme dans ses intentions et très différent dans ses résultats. On bascule donc continuellement entre admiration et un peu de lassitude.
Il y aurait beaucoup à écrire sur les groupes dont les noms évoquent des morceaux d’autres artistes. Obligatoire pour les tribute-bands, cet hommage se retrouve souvent entre Radiohead, dEUS ou The Blank Agains ou Don Aman. Si le nom du groupe de Montréal nous a tout de suite évoqué un classique de Can, la musique n’est pas Kraut ici. Ou pas que.
Même s’il ne convient pas de juger un livre (…)
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Il y a sans doute une schizophrénie musicale chez Spencer Krug, et sa créativité peut prendre tellement de formes qu’on n’est jamais à l’abri d’une surprise. Donc, pendant les sessions de répétition de Wolf Parade, il a en un jour réenregistré en version piano-voix ls morceaux de son album [Twenty Twenty Twenty One]->2609] qui venait de sortir. Cette sortie qui précède de peu le retour de (…)
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