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Jean-Louis Murat : Lilith

mardi 8 août 2006, par marc


En sortant de son dernier concert, l’autre soir d’octobre à l’Ancienne Belgique, il semblait clair que je venais d’assister à une présentation d’un des artistes les plus intransigeants de sa génération : concert à 90% tout seul à la guitare électrique qui a permis au moins de vérifier deux choses : ses compositions tiennent à ce point la route que je me demande qui peut prétendre aujourd’hui mieux composer que lui (en francophonie à tout le moins) et il a une des plus belles voix qui soient. Oh bien sûr, il n’a pas dû échanger plus de deux phrases complètes sur tout le show (si vous voulez avoir des nouvelles de René, il reste des tickets pour Las-Vegas) et il déroge à la sacro-sainte tradition des rappels programmés. Mais bon, si vous voulez reprendre des refrains en choeur, d’autres font mieux que lui.

Alors, à force d’alterner chefs-d’oeuvre (Dolorès) et récréations intéressantes (son escapade de Madame Deshouillères avec Isabelle Huppert ou la transition du Moujik et sa femme), on attendait fermement l’Auvergnat. Qui, disons-le tout de suite, nous comble au-delà de nos espérances. Car fournir un double album de nos jours est un beau cadeau si la qualité est au rendez-vous. Deux CD donc. Un premier plus dans sa veine pop-rock et un second plus versé sur les balades. Et du funk branque du Cri du papillon aux orchestrations de cordes somptueux (il n’y avait pas de risque que deux membres des Tindersticks soient autrement qu’impeccables), cet album de contrastes est peut-être son meilleur. Des écoutes à répétition m’en convainquent en tous cas.

On est loin ici de la froideur de Dolorès (qui faisait d’ailleurs le charme de cet album grâce à une production parfaite), on voit bien que le sillon plus intimiste de son album Mustango est encore plus profond. Jouant de l’extrême légèreté (Le voleur de Rhubarbe) à la volupté (Se mettre aux anges), le dépressif gagne encore à être connu. Quand on a survécu à un duo avec Mylène Farmer (et repris du Akhenaton), on peut tout se permettre, même un des albums de cette année 2003 dont on se souviendra. (M.)

    Article Ecrit par marc

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2 Messages

  • Jean-Louis Murat : Lilith 11 janvier 2012 22:07, par Renaudd

    Merci pour cet article. J’ignorais que deux membres des fascinants Tindersticks avaient contribué à l’album ; ils ne sont certainement pas pour rien dans le charme magique et inexplicable de cet album. La chanson la plus envoûtante est à mon goût "Qui est cette fille"... Pour moi, l’album de Murat à emporter sur une île déserte : c’est son seul double.

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    • Jean-Louis Murat : Lilith 12 janvier 2012 14:41, par Marc

      Lilith reste un des meilleurs albums de sa très fournie discographie, et donnait le coup d’envoi à une période très prolifique et parfois un peu dure à suivre. Difficile pour moi de dégager un morceau de cet album qui tire une partie de sa qualité de sa diversité.

      Pour ce qui est des Tindersticks, il y a cette reprise qu’il avait fait de leur No More Affairs, posté il y a un petit temps.

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