vendredi 8 août 2008, par
Soleil gris
S’il en est un qui a bien compris qu’on ne l’attendait plus au tournant et qui profite de sa liberté, c’est bien Beck. Après un copieux The Information, avec morceaux nombreux, stickers et vidéos, voici la version très courte de 33’ montre en main et sans matière grasse inutile. C’est sans doute aussi le plus monomaniaque des albums du Californien. C’est une certaine pop psychédélique qui est convoquée. Fini donc le feu d’artifice entre les genres qui faisait sa spécificité. Mais le ton général est assez sombre, ou plutôt gris.
Les premières écoutes ne permettent pas de déterminer de titres plus forts, ce qui est le signe d’un album qui repose sur la constance dans la qualité. Les suivantes s’attarderont sur Walls par exemple. Avec le renfort de caisses claires réverbérées, d’une ligne mélodique limpide, c’est le moment fort de ce Modern Guilt. Notons déjà que le tempo n’est pas nécessairement à la traine avec des morceaux comme Gamma Ray. Mais il peut aussi enchainer en douceur un nerveux Profanity Prayers et le plus langoureux Volcano, manifeste de l’album qui le clôture sur un mode inspiré mais torturé. En chemin, on aura aussi succombé au surprenant Replica, à la rythmique très syncopée. J’ai pensé à la voix de Morphine pour Soul of a Man qui promène des riffs épars de guitares rugueuses.
Mais il y a aussi et surtout des chansons franchement éthérées comme Chemtrails, et sa voix sous-mixée qui peut ramener les moins jeunes à leurs souvenirs de Stone Roses ou autres Spiritualized. C’est donc d’un psychédélisme de bon aloi, engagé et se termine dans un déluge de guitare qui ne peuvent que faire penser à Radiohead. Ce qui est paradoxal vu que ce n’est plus le sorcier Nigel Goodrich, partenaire habituel de la bande d’Oxford, qui est aux manettes comme sur The Information mais Danger Mouse (moitié de Gnarls Barkley et ayant produit The Good The Bad and The Queen ou autres Rapture). On le sent dans nombre des arrangements et dans le caractère très peu sec de morceaux qui reposent pourtant sur des riffs. Il en résulte une inventivité jamais prise en défaut.
Même s’il faut avouer que cet album glisse littéralement dans l’oreille après les premières écoutes, il marque en douceur et finit par s’imposer par sa cohérence de style. Beck dans un registre léger mais désabusé, dépouillé de tout artifice festif (hip-hop rural, etc…) réussit son pari de rester intéressant. Ce n’est donc pas une enfilade de perles de dancefloor ni une ingéniosité de tous les instants, mais le Californien arrive à marquer de sa personnalité une musique légère et enlevée mais teintée de gris, aux tendances psyché mais sans exubérance.
Difficile de revenir après plusieurs années d’absence, surtout si on était associé à un courant qui s’est un peu éteint. C’est en effet dans la vague freak-folk, mêlant écriture et musique aérienne et organique à la fois qu’on avait placé DM Stith. Avec son pote Sufjan Stevens ou autres Grizzly Bear, il était même un des plus éminents représentants de ce style qui nous a valu bien du plaisir.
Toujours aussi (...)
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