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Les Ardentes 2008

lundi 14 juillet 2008, par Fred, marc, Seb

D’eau et de feu


Une belle affiche, la légendaire chaleur (humaine s’entend) de Liège, il y avait plein de raisons d’écouter de la bonne musique en bord de Meuse. On va donc vous raconter nos souvenirs des Ardentes.

Jour 1 - jeudi

A peine arrivé, on se dirige vers la salle HF6 (référence au haut fourneau liégeois réouvert dernièrement) afin d’y voir Brisa Roché.
Le set de l’américaine est envoutant, passant du folk au psyché, avec des performances vocales audacieuses qu’on avait déjà apprécié sur album. On ne pourra s’empêcher de noter un ressemblance de Brisa avec une certaine Björk au niveau de l’apparence, de la voix et de postures.

(Brisa Roché)

On avait déjà vu The Do en concert et ici l’enthousiasme et les réticences sont les mêmes. On aime toujours qu’ils ne fassent pas une décalque des morceaux leur tout bon A mouthful mais la formule du trio leur impose de recourir à des séquences enregistrées. Il n’en reste pas moins qu’ils restent à l’aise et à leur place.

On n’aime pas critiquer les gentils. Mais il faut bien constater que dans un monde ou existent Feist ou Basia Bulat, la gentille Yael Naïm peine à convaincre qu’elle fera plus qu’un hit gentil. Il faudra lui dire qu’il faut des titres forts pour nous intéresser.

A l’heure qu’il est, il est toujours aussi difficile de se faire un avis sur Sebastien Tellier. La prestation qu’on a vu en partie confirme à la fois qu’il est capable de bonnes choses mais que même la ritournelle est sur la fine lisière entre génie et musique d’ascenseur. Les interventions ineptes renforcent encore la confusion.

Camille, comme dirait une connaissance « il faut voir mis ». On a déjà souvent évoqué ses albums et son live, mais c’est la première fois qu’on assiste à une de ses prestations. Et là, on se rend vraiment compte de la singularité de son univers. Le piano sera la seule concession à la musique non faite à la bouche. L’abattage est impressionnant et le répertoire est déjà consistant. Elle reste en tous cas une des défricheuses les plus essentielles de la scène française.

C’est sous une pluie torrentielle parsemée d’éclairs que le Danois Trentemoller livrera son live très habilement adapté de son album Last Resort. Batterie et guitare donnent une touche de vie à son univers sonore très personnel, tout en finesse. Mention spéciale également à l’installation sonore qui a permis un rendu à la hauteur des exigences d’un tel univers. Si vous n’étiez pas là, vous pouvez toujours y goûter en vous plongeant sur son dernier EP " Live in Concert - Roskilde 2007"

Laurent Garnier prend le contrôle pour un set de plus de 3h. Il prendra même la parole avant de commencer, apparemment décider à ne pas se laisser démonter par le climat qui était redevenu plus clément. D’emblée, la couleur est annoncée, le set est techno, avec des morceaux old school. Les subtilités jazzy et autres rythmiques afro ne sont pas au programme. La pluie n’a pas finalement pas dit son dernier mot et aura raison de notre ténacité. C’est l’heure de la soupe à l’oignon.

Jour 2 - Vendredi

Nous arrivons fin d’après midi pour découvrir Shameboy sur une main stage remplie de festivaliers et de boue. Armés de leurs synthétiseurs analogiques, ils enchainent leurs titres electro tous tirés du même fût. Ici on ne discute pas, la disto à fond, 3 ou 4 accords et c’est emballé. La recette est basique mais prend quand même et la foule a l’air d’apprécier. On saluera tout de même le vrai jeu du claviériste, chose assez rare dans ce style pour être soulignée.

(Yelle)

Yelle débarque affublée de son plus beau collant pour nous déverser son electro kitsch. L’album semble être plus supportable en live. Première surprise, elle chante juste (enfin quand les chansons contiennent une mélodie) ! Mais après ça, il y a le timbre, la musique et surtout l’après buzz. Pas simple de surfer sur la vague d’une "attaque" envers TTC avec "Je veux te voir". On aura droit à une reprise d’A cause des garçons et le remix de son remix (TEPR). Bref beaucoup de remplissage pour tenir un concert. N’ayant rien d’autre à se mettre sous la dent, nous patientons pour Soldout

Les Bruxellois reviennent trois ans après leur 1ère album dans une apparition unique pour ces mois de festivals. Serait-ce plutôt un test avant la sortie du nouvel opus ? Le concert ne présentera que quelques bribes de la suite, campant principalement sur les acquis. C’est un peu faible après une si longue d’absence et l’on était en droit d’attendre plus de nouveautés. Les nouveaux morceaux sont toujours basés sur le même setup. Charlotte aux chants, avec encore plus de micros pour toujours plus d’effets et David aux synthés et séquenceur. L’échantillon proposé semble plus agressif, avec une tendance limite electro-punk qui contraste toujours avec le charisme d’ange de la chanteuse. Peu convaincu, nous réservons notre avis final pour la sortie de l’album.

(Chloé)

Les choses sérieuses commencent dans la 3e salle avec Chloé. Non contente d’avoir réalisé l’excellent The Waiting Room, elle distille un version complètement revue pour le live presque méconnaissable. Le beat est très lent, l’ambiance est envoutante pour qui veut bien se laisser prendre au jeu. Une prestation dans les règles de l’art sortant des sentiers pourtant peu battus de la minimale. La française tort le cou aux préjugés : la France, ce n’est pas que Justice and co et non la minimale ne vient pas que d’Allemagne. Belle leçon, on en redemande !

Un commando isolé quittera Chloé pour aller se faire un avis sur CSS. Le second album de ces Brésiliens n’avait pas provoqué un grand émoi, allait-il se rattraper sur la scène open air ? Ce ne fut pas le cas : Une tenue improbable moulante et mauve, et un jeu approximatif ne permettant pas de rattraper des compositions peu convaincantes. On en reparle bientôt pour le pas bien formidable Donkey.

(Apparat)

Retour dans l’aquarium pour Apparat Band qui tourne déjà depuis plus d’un an avec cet album accompagné de Raz Ohara au clavier Rhodes. La prestation semble plus cohérente qu’en début tournée mais ces chansons introspectives passent toujours difficilement sur scène. La guitare n’est apparemment pas son instrument de prédilection. Nostalgie oblige, il clôture par un ancien morceau (toujours pas sorti d’ailleurs) aux commandes de son laptop accompagné du batteur. Ce titre crescendo imparable confirme qu’il n’est pas complètement tombé dans la mélancolie : ouf ! Il lui faut maintenant avoir la lucidité de se concentrer sur ses qualités. Il est sans doute en individuel un des live electro les plus passionnants du moment que le principe d’un groupe déforce un peu.

Egaré entre une paella et quelques bières nous n’arrivons que pour la fin du set de Sasha Funke. (On mange d’ailleurs très bien, on n’a pas avalé le moindre hamburger ou autre friture pendant 3 jours !). Digne représentant du label Kompakt, il propose un set minimal tout en nuance bien senti. On regrette d’être arrivé si tard. Matthew Dear enchaine dans la même veine mais dans une version plus austère. C’est toujours dansant et prenant mais on sent qu’on ne joue pas dans la même écurie. Le spectre de ses productions techno sous le pseudo Audion plane sur la piste.

On passera écouter un partie du set de la tête d’affiche de ce deuxième jour, Dave Clarke. Ce DJ légendaire nous offre un cours de techno, nous rappelant quelques morceaux de son histoire. On reconnait au détour de la playlist des beats vieux de 10 ans qu’il marie avec des rythmes plus récents.
Et comme pour les bons vins la qualité vient avec l’âge et en ce vendredi pluvieux, Dave Clarke a distribué un "Marc de Beats" (A.O.C.) du meilleur cru.

Retour chez Kompakt avec Gui Boratto, auteur du très apprécié Chromophobia qui passait pourtant tout juste l’étape du live. C’est sous la forme d’un DJ set qu’il revient pour notre plus grand bonheur. L’ambiance est construite le ton toujours minimale parfois mélodique mais l’ensemble est toujours cohérent. On regrettera juste l’absence du toujours percutant Beautiful Live, un des morceaux les plus diffusés sur les dancefloors de goût en 2007. Mais il n’est pas exactement raccord avec le reste, ceci expliquant celà.

M.A.N.D.Y malgré des débuts prometteurs aura raison des troupes fatiguées par la boue et la pluie. La météo nous aura finalement fait raté les troupes de Get Physical. C’est l’heure de la soupe au brocoli.

Jour 3 - Samedi

Parmi les genres difficiles à réussir, il y a le pop-rock à guitares. Das Pop en produit un tout mignon, mais qui peine à marquer. C’est que faute de compositions transcendantes, ils n’ont que leur bonne humeur pour faire passer des morceaux jamais dérangeants, certes, mais un peu plats.

(Liars)

Il vaut mieux savoir à quoi s’attendre avant d’aller voir Liars. C’était notre cas et ce fut donc un véritable bonheur de les revoir. L’expérience se révéla semblerait-il plus difficile pour certains néophytes. Le set composé de morceaux des deux derniers albums ainsi qu’une addition dont l’origine nous a échappé (nouveau matériel ?) démontra une fois encore la maitrise scénique des américains. Le set est ainsi pensé avec un début puissant, un milieu trippant et un fin énergisante afin de marquer définitivement les esprits. Comme prévu, les Liars font la part belle aux percussions, en doublant à l’occasion les batteries ou plus généralement en laissant les roulements de batterie contribuer significativement à l’atmosphère des morceaux.

Autant le dire tout de suite, on ignore à peu près tout de Spiritualized. Donc leur retour est rien moins qu’attendu en leur chef. Enchainer trois balades presque identiques nous achèvera. Ce n’est sans doute pas la bande-son rêvée pour une fin d’après-midi les pieds dans le cloaque.

On attendait par contre The Kills au tournant, alléchés qu’on était par un Midnight Boom de fort haute volée. Et ça part plutôt mal. Bien qu’il n’y ait que deux micros et une guitare à sonoriser, le son est plutôt mauvais et la voix ne passe pas. Puis le set se traine un peu. Il faudra un No Wow de très haute tenue pour faire repartir la machine. Le dernier album est joué presque dans son entièreté et perd en caractère vénéneux ce qu’il gagne en cohérence avec le reste de la disto. Pour le reste, Alisson est poseuse comme jamais (moins qu’avant parait-il) et c’est au détour d’un sourire ou d’un clin d’œil qu’on devine leur complicité. C’est que ce duo dégage de la sensualité. On a vu The Kills en vrai et c’était bien.

(The Kills)

Il fut.un temps où on est arrivés à bout d’une critique d’album de The Mars Volta. Vous voyez les fins de morceaux de rock en concert, quand tous les musiciens s’acharnent à faire leur petit solo dans leur coin avant de tous s’arrêter proprement en même temps ? Eh bien, Mars Volta c’est un peu ça mais dès le début du morceau. Ereintant est encore un mot faible pour cet hermétisme. Celui qui en aura le plus profité sera encore Calvin Harris qui commence son concert juste à côté un peu plus tard. Amené à remplacer M.I.A., il tirera mieux que bien son épingle du jeu, livrant un set très énergique même si très primaire. Le public était là pour s’enflammer sur Acceptable In The Eighties ou Girls et s’en donne à cœur joie. Accompagné de musiciens avec des instruments, il livre il faut dire une performance qui dégage, ce qui compense en bonne partie la faiblesse des chansons de son album I created disco. On a vu tellement plus subtil qu’on voit un peu les coutures mais on est obligés de se laisser un peu emporter. On reste un peu plus qu’il ne faut pour que ça ne commence pas à lasser.

Un autre lad purement british nous attend. On a abdiqué l’espoir de vibrer à de grands moments de la part de The Streets. On sait que son meilleur album est et restera sans doute son premier. Mais après des prestations incendiaires (Werchter 2003), cata (Pukkelpop 2005), il a trouvé sa voie dans l’entertainment (Pukkelpop 2007). Et c’est dans cette veine-là qu’il persévère. On aura donc droit à de larges extraits d’Original Pirate Material, son indispensable premier LP, plus quelques extraits des deux suivants. Soit un choix cohérent, qui va à l’essentiel, en rappelant le chemin descendu entre Turn The Page et le sirupeux Never Went To Church. Pour ceux qui ne sont pas bouchés à la langue anglaise d’aujourd’hui, son humour caustique et juste est toujours aussi réjouissant. Et puis il y a les extraits d’autres morceaux (Prodigy, Muse, Hot Chip…), l’indispensable plaine assise, le crowdsurfing final. De quoi animer donc. Espérons qu’il arrive quand même à retrouver la noire énergie des débuts.

(Calvin Harris)

Tout droit sorti du pays du Gouda, Noisia assène une drum’n’bass de qualité mais toujours éprouvante pour le non-initié. Le set techniquement très propre ne laisse que peu de répit et nous décidons de faire retomber la sauce avec Justus Kohncke. Sa version live de Safe and Sound peine à décoller. Ce n’est pourtant pas les mélodies electro très groovy qui manquent mais les loops trainent en longueur. Légère déception donc pour quelqu’un qui peut se vanter d’avoir signé chez Kompakt (encore eux !).

(Justus Köhncke)

Le quatrième jour nous passionnant moins (mais tout écho de cette journée est le bienvenu évidemment), c’est ici que nous retournons. Avec des habits plus lourds de boue, la tête plus pleine de souvenirs et une envie de revenir. Car à part une gestion calamiteuse de la boue des deux premiers jours(eh oui, il peut pleuvoir en Belgique, même en juillet ; Dingue) et un camping sous-estimé, l’organisation est de haut niveau et le confort d’écoute est bien présent. Valeureux Liégeois !


P.-S.

Désolé pour la piètre qualité des images, c’est un vieux et plus costaud appareil de bourlingue qui a repris du service...

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2 Messages

  • Les Ardentes 2008 16 juillet 2008 14:40, par nat

    Le dimanche était pas mal. Saint André accessible dès la première écoute, c’est frais, ça met de bonne humeur ! musiciens tous de liège (dont jérome mardaga) et chanteur très sympa ! ensuite yoav ! gros coup de coeur, ce gars est impressionnant, seul sur scène, il fait tout, ça donne bien et il reste simple, ce qui ne gâche rien. rien que pour yoav, cela valait la peine de venir le dimanche ! héééééé oui ! c’est ainsi !

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  • The Veils, Botanique, Bruxelles, 11/06/2023

    Appelez-ça de la fidélité si vous voulez, mais quand The Veils passe en Belgique, on se doit de (re-re-re)voir ça. Mais reprenons les choses au début. La première partie est assurée par Nana M Rose qui déboule seule avec sa robe à volants et une claviériste. C’est forcément simple, on se dit que les morceaux sont recueillis et que sa voix est belle mais en au moins deux occasions, c’est bien (…)

  • Xiu Xiu, Botanique, Bruxelles, 31/05/2023

    S’il est vrai que les plaisirs viennent des contrastes, l’enchainement d’Elton John au Sportpaleis (oui oui c’était très bien) et de Xiu Xiu à la Rotonde du Botanique a de quoi ravir. Mais reprenons les choses depuis le début. Si vous êtes à la recherche d’une première partie qui met tout le monde dans l’ambiance, alors Landrose est un excellent conseil. Evidemment, il faut que le public (…)

  • Albin de la Simone, Botanique, Bruxelles, 28/04/2023

    Les Nuits Botanique fêtent leurs 30 ans ! Pourtant, la fête n’est pas au rendez-vous. Pas de musique d’ambiance, pas de foodtruck en vue, seul le chapiteau dans le joli parc indique qu’on n’est pas un jour ordinaire.
    Passons, on est là pour revoir Albin de la Simone. On avait senti sur son dernier et excellent Les Cent Prochaines Annéesqu’il prenant un (petit) tournant. Ca se confirme sur (…)

  • Will Sheff, Botanique, Bruxelles, 10/03/2023

    Quelques images d’un concert une fois encore fantastique de Will Sheff. Avec de tous nouveaux musiciens, il garde toute son intensité et sa versatilité en fait une sorte de Neil Young pour la génération toujours dans la vie active. Evidemment, son seul album solo Nothing Special a fourni l’épine dorsale de la setlist, mais des classiques sont toujours là. On ne se lassera jamais d’Okkervil (…)