jeudi 28 août 2008, par
Froide chrysalide
Il va falloir s’y faire, les annonces tardives d’albums imminents vont sans doute se multiplier. Après, entres autres, Radiohead et The Raconteurs, voici encore une fracassante tentative de contrer le grand méchant leak. C’est donc trois jours avant sa sortie digitale le 21 août que l’existence d’Intimacy avait été révélée.
Après un album non pas conceptuel mais assemblé par l’idée d’un week-end dans Londres, c’est théoriquement autour d’une rupture que s’articule cet Intimacy. Autant le dire tout de suite, mes sentiments sont plus contradictoires que jamais. Tout d’abord, le principal problème de Bloc Party est aussi sa principale vertu. En créant une musique de plus en plus singulière, ils tournent le dos à un style, le revival d’un certain post-punk fiévreux qu’ils ont amené à des sommets le temps de leur brillant premier album qui ne comporte aucun moment de faiblesse. Jamais ils ne se sont contentés de ‘faire du Bloc Party’, comme Placebo est sorti du radar en faisant du Placebo. De toute façon, on s’en est rendu compte lors de leur prestation au Pukkelpop de cette année, leur jeune public ignore visiblement tout de Silent Alarm. Ca me rappelle certaines discussions eues à l’époque où je me rendais compte que même s’ils étaient jeunes, leur public était plus expérimenté. Mais on ne peut pas dire que leur évolution ait produit de meilleures choses que leurs débuts, que du contraire, même.
Franchement, j’ai eu un peu peur d’un album dans la foulée de leur atypique Flux. C’est que la musique récréative dansante ne supporte que rarement la durée d’un album. Un autre écueil était, après ce succès, la solution de facilité choisie par beaucoup qui est de monter le son et de mettre le doigt dans la prise, procédé qui nous a malheureusement donné bien des albums formatés et lisses. Rien de tout ça ici, il faut le signaler, même si un Halo comporte des accords en bonne et due forme.
Mais parlons des morceaux, on est aussi là pour ça. Les textures se font plus complexes et on remarque d’ailleurs chez le guitariste des airs de Johnny Greenwood (Radiohead). Même dans la coiffure, c’est dire. Il faut quand même bien évoquer Radiohead. Mais le groupe d’Oxford est une exception en ce qu’il est un des rares à avoir réussi ce que Bloc Party n’arrive pas encore à faire : rester passionnant en quittant le rock stricto sensu. Mercury est quant à lui bon mais sans plus. Loin des standards passés. Remplir un morceau de rythmiques d’allure déstructurée ne suffit pas à le rendre passionnant. Ce qui choque surtout, ce sont ces morceaux qui partent dans plusieurs directions à la fois (Trojan Horse, Ares), où la cohérence entre les riffs, la mélodie et la rythmique n’est pas claire. Certes, les meilleurs morceaux peuvent naitre d’une certaine forme de chaos, mais ici, on a juste l’impression qu’ils ne savent pas trop où ils vont. Comparez les résultats d’un Trojan Horse et, par exemple, un Like Eating Glass. D’accord, les ressemblances sont faibles a priori mais la différence dans la qualité des résultats est flagrante…
La voix de Kele Okereke est une marque de fabrique mais elle ne se prête pas à tous les exercices. Dans Biko (non, pas celui de Peter Gabriel), c’est même un peu limite. Alors, novateur ? Oui, sans doute en leur chef, mais si vous parcourez ce site, vous verrez qu’il y a bien plus barré et aventureux. Il s’agit sans doute d’un album presque cérébral à plusieurs niveaux d’écoute, et il faudra sans doute du temps pour que cet album décante. Mais bon, les obligations de l’actualité m’obligent à vous livrer mes impressions dès maintenant. De plus, je ne suis pas certain que dans deux semaines j’aurai complètement succombé. Sans doute aussi que plusieurs de ces morceaux se présentent comme de la chair à remix et n’ont pas atteint leur forme optimale
Il n’en reste pas moins qu’ils ont trop souvent recours à des artifices. One Month Off ressemble quand même à quelques morceaux passés (The Prayer en tête) et montre des signes d’essoufflement avec la montée d’un demi-ton et les bidouillages de fin. Et il faut des chœurs qu’on penserait empruntés à Atom Heart Mother de Pink Floyd pour maintenir un faiblard Zepherus à flot.
Ils n’ont pas fini leur transformation, on sent que ce groupe cherche à apporter une touche vraiment personnelle (Something glorious is about to happen disaient-ils bravement). De plus, on juge plus durement ceux dont on connaît le talent. Mais il manque de ce titre qu’on écoute en boucle, de celui qu’on a l’impression de redécouvrir à chaque fois.
Mais ne noircissons pas exagérément le tableau. Il faut certes passer la première partie de l’album pour que le meilleur arrive. Et il y a toujours de bonnes idées (Signs et ses arrangements plus complexes qu’il n’y parait) mais ce qu’il manque c’est la permanente intensité qui rendait tous leurs morceaux sans exception passionnants. Il manque un peu de cette flamme à un Better Than Heaven avant que l’explosion ne vienne rétablir un peu de furie contenue du plus bel effet. Ion Square est aussi bon, lancinant. Il fait donc partie de cette famille étrangement étendue de derniers morceaux meilleurs que le reste.
Alors, un bon album cet Intimacy ? Oui, peut-être, mais Bloc Party me donne toujours autant envie d’essayer de décrypter les intentions derrière la musique tant cette musique donne l’impression d’avoir été trop pensée, comme s’ils reniaient l’urgence et le léger chaos qui leur a valu tant de réussites. Disons qu’il marque une étape de plus dans la progression du groupe mais que nous sommes sans doute dans la phase chrysalide. Sauf que le papillon lui préexistait et qu’on appréhende la chenille. Ils sont sans doute un des plus gros potentiels de la scène anglaise et leur singularité éclate au grand jour. Malheureusement, ils ont perdu un peu de cette fièvre et l’intensité supérieure qui leur permettait de tout réussir. Il en résulte un album pas exagérément clinquant, rempli d’idées, mais un peu froid, et qui finalement un peu dépourvu en morceaux vraiment forts. Alors, un bon album cet Intimacy ? Pas trop finalement. Pas encore
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