vendredi 24 octobre 2008, par
Bon voyage à vous
Comment allais-je retrouver ce groupe qui me fut essentiel pendant une courte mais intense période de ma vie ? C’était un des intérêts personnels de cet article. Après m’être remis en mémoire le nom de leurs albums, une envie m’est venue, celle de braquer la médiathèque pour retrouver toutes ces madeleines comme Crushed Velvet Apocalypse, The Mariah Dimension ou Asylum. Tous ces albums sont indispensables pour tout qui accepte qu’une chanson peut faire plus de trois minutes et pour qui le brassage des genres est acceptable. Ca fait beaucoup de monde ? Certes, mais plein de gens se doivent de connaître ça aussi.
Leur ligne directrice ? Abattre les frontières entre les genres à coup de masse tout en imposant une marque personnelle. Définissons le style comme un mélange de folk, psyché, electro et une touche d’industriel. Vaste me direz-vous avec raison. Mais comme ils ont vraiment une touche personnelle, cette mixture prend. Il ne faut pas perdre de vue qu’ils existent depuis 1981 et que nous ne sommes pas face à un jeune groupe qui se cherche. Mais qui cherche quand même, au gré de ses envies et de ses humeurs, à polir un style. Bien honnêtement, cet album aurait pu être sorti il y a quinze ans. Mais jamais il ne sera daté.
Ils ont donc une carrière tout à fait singulière et leur discographie est assez fournie, d’albums réussis avec des orchestrations classiques (The Lovers et ses superbes parties de violons) comme des exercices electro (The Tower) sans jamais lâcher leur exigence d’un pouce. La voix, le ton déclamatoire d’Edward Ka-Spel est assez unique. Toujours à la limite entre le chant et l’incantation, elle est souvent sous les mêmes effets, ce qui donne une unité certaine non seulement à l’album mais à leur entière discographie. Les mélodies positives en deviennent presque inquiétantes (My First Zonee). Torchsong est traversée par un rif, des intrusions de saxos, des sons épars comme empruntés aux premiers Einstürzende Neubauten, mais sans jamais tomber dans le terrorisme sonore. Et ils enchainent avec un Rainbows Too ? qui déploie sur un tapis inspiré une diatribe intense. Le reste n’y ressemble pas vraiment, ce qui fait qu’on n’a pas le temps de s’ennuyer. Ce ne sont pas des circonvolutions permanentes, mais des ambiances qui prennent leur temps pour s’installer.
On retrouve aussi un folk un peu psyché qui évolue en plage d’ambient sombre (A World with No Mirrors) et les idées qui ne méritent pas de développement infini sont encapsulées dans de courtes séquences (Savannah Red). A l’opposé, ils développent sur la longueur des moments extrêmement lents, qui réclament de l’abandon mais peuvent alors bien relaxer (Oceans Blue). C’est que leur musique peut aussi s’envisager avec une pipe à eau à proximité (An Arm and a Leg). Ceci n’est pas un encouragement, hein… Signalons que ce n’est jamais trop répétitif, ni spectaculaire d’ailleurs. Je veux dire par là qu’il n’y a pas de brusques variations, de subites montées ou descentes. Ils sont en cela plus proches du psychédélisme à l’ancienne (le Pink Floyd de Barett) que des productions post-rock. Et ils ne cèdent jamais aux modes. C’est sans doute ce qui fait qu’ils sont destinés à rester dans une zone d’ombre, appréciés de fans souvent fidèles. Car ce ne sont pas (que ?) des terroristes sonores. Ils ont toujours été capables de mélodies fortes et mémorisables et le prouvent sur Faded photograph qui touche par sa simplicité désarmante.
A l’heure où les groupes qui relisent selon leurs propres canons le folk et le psychédélisme grâce à de l’apport de technologies (Panda Bear, Animal Collective, High Places, Atlas Sound…), il est pertinent de se replonger dans la discographie de ces précurseurs qui mêlent ces éléments depuis un quart de siècle. Le résultat est finalement assez différent et c’est tant mieux. Avec une liste d’albums longue comme un jour sans pain, une variété jamais démentie et une vraie personnalité, The Legendary Pink Dots est un cas vraiment à part dans le paysage. SI vous connaissez cette bande de bataves, pas de doute, vous allez être chez vous, avec une filiation directe avec ce qu’ils faisaient au début des années ’90. Si vous découvrez cet album et désirez en savoir plus, sachez que c’est un monde en soi qui s’offre à vous, avec ses merveilles et ses pièges aussi. Bon voyage.
En général, les mailing-list d’artistes sont des outils d’information, une indispensable source pour les sorties et les tournées. Parfois on a un lien privilégié avec les pensées des artistes, certain.e.s se révélant brillant.e.s dans l’exercice. On songe à Emily Haines de Metric ou Marie Davidson. Entre blog introspectif et histoires éclairantes, ces messages plus ou moins réguliers (…)
Que le projet de Vitalic et Rebeka Warrior s’inscrive dans la durée, ce n’était pas nécessairement écrit dans les étoiles après un premier album remarqué. Il reposait sur sur quelques axiomes comme l’emploi fréquent d’un allemand de cuisine qui laissait à penser que c’était un projet né d’une envie particulière. Et non, les revoici avec sous le bras un second opus plus consistant. Avec une (…)
Il est des artistes qui mieux que d’autres nous ont donné des envies d’ailleurs, de champs musicaux inexplorés. Pour les amateurs de rock au sens large, des gens comme Underworld ont été des passeurs, comme New Order avait pu l’être pour des gens (encore) plus âgés que nous.
Cette émancipation auditive était aussi bien ancrée dans son époque, et s’il n’est pas incroyable de retrouver le (…)
Le fond et la forme. La forme et le fond. Paroles et musique. La dualité est bien connue et on la retrouve ici, bien mise en avant sur ce premier album de Stéphane Loisel. Des mélanges sont encore à tenter et celui-ci a sa personnalité propre.
Sur la forme tout d’abord, on peut dire que c’est réussi puisque des versions instrumentales pourraient fonctionner. Italo-disco, electro, le (…)
Rien n’est plus plaisant que de constater l’évolution des artistes. On avait déjà rencontré l’univers particulier de Sophie Djebel Rose, apprivoisé son ton particulier, on apprécie d’autant plus la façon dont elle élargit elle-même son univers. Moins folk, plus franchement gothique, ce second album la rapproche d’artistes comme Anna von Hausswolff dont elle ne partage pourtant pas la rage (…)
Ce qui est étonnant avec les retours, c’est qu’on ne sait jamais combien de temps ils vont durer. Groupe actif dans les années ’80, ils étaient revenus il y a deux ans le temps d’un Echoing Reverie qui montrait un savoir-faire et une versatilité qui n’était pas à la portée du premier débutant. Ils sont donc de nouveau là pour de bon et on peut dire que les qualités perçues alors ne se sont pas (…)
Non, nous n’avons pas eu une révélation metal récemment. Mais un nouveau fournisseur (Bitume Productions) en met sur notre chemin alors on s’informe, on s’éduque et on relate. Parce qu’il y a des découvertes à faire dans le genre. Par exemple avec le troisième album de cette formation hongroise.
Si on distingue quelques passages obligés comme une double pédale sans doute mais en sourdine, la (…)
’Cette année c’est la bonne’. C’est ce qu’on s’est dit quelques fois avant d’abandonner l’espoir d’un nouvel album de The Cure. Lequel n’était même pas indispensable, on les sait toujours capables de longues tournées de longs concerts de longues chansons. Et puis l’intégrité de la bande de Robert Smith, pronant le ticket pas cher à l’heure des prix dynamiques ou privilégiant les longues intros (…)
Pas même une seconde, A Place To Bury Strangers ne vous laisse aucune chance de mettre un orteil dans l’eau pour en sonder la température. D’emblée les guitares vrillent, le tempo frappe, les souvenirs de six-cordes douces comme du papier de verre reviennent très vite. Le groupe new-yorkais a toujours représenté une certaine idée de la radicalité. Leur déferlement il y a plus de 15 ans était (…)
Les records sont faits pour être battus, les périmètres sont faits pour être étendus. Quand on a traversé le fleuve Trounce, on se retrouve sur les rives du Black Metal Industriel. Recréation d’une œuvre déjà sortie en 2013, cette sortie de Bitume secoue, c’est le moins qu’on puisse dire.
A titre subjectif, le chant grunt ne sera jamais notre truc. Question d’habitude sans doute, on a même (…)
Partons du principe que vous êtes aussi béotien.ne que moi. Le blast-beat est une technique de batterie qui superpose des doubles croches effectuées aux pieds et aux mains à un tempo élevé pour créer un mur du son. Bref, un hénaurme roulement de batterie supporte tous les morceaux, en permanence. Comme une fin de morceau épique qui durerait 44 minutes. A l’instar d’une plongée dans de l’eau un (…)
Beauté monstrueuse
Parmi les labels chouchous des amateurs d’indé exigeant, nul doute que la maison canadienne Constellation fait partie des mieux cotées, que ce soit pour sa contribution à l’envol du post-rock ou son intransigeance. Connue – façon de parler – pour être la première artiste allochtone à s’y faire embaucher pour un CDI, Carla Bozulich s’est depuis lancée dans une pléthore de (…)
Oui, les choses changent, même pour les compagnons musicaux de longue date. Et même après une dizaine d’oeuvres relatées ici, on constate ce changement dès la pochette. On passera sur le changement de police de caractère pour se concentrer sur les visages, présents pour la première fois. Et puis constater que Laurent Leemans n’est plus seul à bord, même si les autres noms ne sont pas (…)
Depuis le 2 janvier 2007, la musique de Basia Bulat est dans nos vies. Et elle y est restée. Après avoir revisité sa discographie avec un quatuor, la revoici avec du nouveau matériel initialement composé en midi. En mode disco donc ? Non, pas vraiment, même si Angel s’en approche un peu. Le décalage avec sa voix chaude est intéressant en tous cas.
Dans le rayon du mid-tempo plus roots, des (…)
Comme Raoul Vignal dans un genre proche, l’évolution de Jawhar l’amène à plus de douceur, à plus de rondeur, avec une vraie beauté qui en résulte, un peu différente de celle des débuts, mais tout autant indéniable. Lui qu’on avait notamment entendu aux côtés de Françoiz Breut ou Monolithe Noir dans un passé récent, il reprend ici le fil de sa discographie avec une certaine continuité. Ne (…)
On apprécie toujours le retour d’un ami de longue date, surtout s’il reste empreint d’une grande beauté. Comme on l’avait signalé à la sortie du précédent Years in Marble, il s’éloigne d’influences comme Nick Drake (avec un picking virtuose) pour favoriser un mid-tempo qui coule de source comme South, Brother qui relate ses retrouvailles avec son frère qui vit en Espagne. La finesse d’écriture (…)