vendredi 20 mars 2009, par
Emotion enfouie
Même si vous êtes déjà au courant, le site listen2fight est sans doute une des façons les plus efficaces de découvrir des groupes. J’ai beau faire partie de l’équipe, il m’arrive vraiment souvent de rencontrer des discographies par ce biais. C’est donc là-bas que j’ai découvert l’existence de The Antlers, alors que l’album était toujours en gestation. Et quand dans un commentaire sur notre site, le presqu’infaillible Laurent criait son enthousiasme, on sait que si le risque zéro n’existe pas, celui d’aversion face à cet Hospice était très faible. J’aime à penser que je ne suis pas aussi prévisible mais là encore, j’ai suivi le mouvement.
Premier contact avec le groupe, une voix de tête très délicate, encore plus aigue que par exemple celles de type Band Of Horses, My Morning Jacket et autres. On pense aussi à celle de Patrick Watson quand elle monte dans les aigus (dans ses collaborations avec The Cinematic Orchestra, ce genre). Mais là n’est pas l’essentiel puisque le chant est placé un peu en arrière, en retrait de sons qui rendent le tout un peu opaque, éthéré. On peut parler d’une forme paradoxale de dream-pop avec les mêmes brouillards de guitare qui ne sont pas ceux des murs shoegaze mais plus proches du drone sur Thirteen. Pour les lecteurs moins ferrés en étiquettes, on dira qu’il s’agit de sons distordus mais pas identifiables, probablement issus de guitare et pas soutenus par une rythmique.
On a affaire à une esthétique indie de ce point de vue. Pas par rapport à la propreté du son, mais par la distance. Pour prendre un exemple dans les crève-cœurs, on est parfois proches de The Veils (avis aux amateurs, l’album arrive à grands pas) pour cette propension à ne pas être décharné avec juste une voix et une guitare (Epilogue) mais on s’en éloigne souvent pour naviguer dans les eaux de certains Archive de l’époque You All Look The Same To Me, (c’est flagrant avec les sons de clochettes de Bear), avec en plus une voix plus en retrait dans le mix. Le tout est donc moins immédiatement viscéral, même si on n’est pas à l’abri d’une explosion qui coupe le souffle sur Sylvia.
Autre motif de satisfaction, les mélodies sont souvent imparables (Bear et Epilogue qui partagent la même), et peuvent subir sans altération toutes les montées (Two)
D’une manière générale, les mélanges fonctionnent bien. Que ce soit celui de la délicatesse et de la recherche sonore, celui d’une voix détachée et de chœurs (le début de Wake) ou encore la conjonction de calme et d’éruption. Un peu comme chez le dernier The Notwist pour un résultat différent. On touche en effet ici au pur ressenti, à la différence subtile entre un groupe vraiment arrache-cœur et l’émo le plus biesse. Et encore une fois, c’est l’intensité qui fait la différence et il est indéniable qu’elle est présente.
Malgré toute la délicatesse, je sentais que j’avais été moins touché que j’aurais pu. Et puis ça m’est apparu comme une évidence. Alors qu’un groupe comme, disons, Shearwater, est prévu pour vous exploser à la face en n’importe quelle circonstance, ceci réclame plus d’attention. Hospice ne s’impose pas vraiment, il faut aller le chercher. L’origine du phénomène est sans doute à chercher du côté de la texture du son, faisant la part belle à des ambiances cotonneuses reposant sur des sons électroniques. C’est surtout manifeste sur un morceau comme Atrophy. Mais c’est aussi ce qui fait la singularité de ce groupe attachant que je vous recommande à mon tour.
On vit une époque formidable : l’album est écoutable gratuitement en stream ici : http://theantlers.bandcamp.com/album/hospice.
Il y a aussi un myspace : http://www.myspace.com/theantlers
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