mercredi 22 juillet 2009, par
L’attaque des oiseaux
S’attaquer à un album en partant de la pochette est souvent une idée de secours pour critique en manque d’inspiration. Je ne vais donc pas me passer de cette ficelle pour aborder le dernier Sébastien Schuller parce que tout d’abord elle est très jolie et regorge d’un charme vénéneux d’une scène charmante qui d’elle-même se décale.
Car il y a toujours dans sa musique une volonté d’intimité, de langueur, d’émotion pure un peu contrecarrée par l’aspect plus policé des arrangements. Mais on est dans un produit haut de gamme, chez un artisan qui n’usera pas de procédés faciles, dans un univers cohérent d’un artiste qui ne fait pas énormément de bruit, certes, mais qui gagnerait à être connu de tous ceux pour qui une certaine forme de mélancolie pas noire mais prenante est une composante essentielle d’une musique réussie. Sébastien Schuller n’évolue pas exactement dans la veine de ces chanteurs à piano (Antony, Patrick Watson…) mais dans une façon plus planante, moins viscérale. Il en ressort une ambiance assez unique, entre apesanteur et réussite mélodique. Ce qui m’a semblé au final assez proche de ce que produit un Eluvium (sur disque, pas le drone soporifique des concerts) par le côté très propre sur soi qui dénote dans un paysage où une certaine forme de folk recherche l’émotion dans une relative âpreté. C’est pourquoi les noms de Mercury Rev (Awakening) et Archive me sont aussi venus.
Mais le cours de l’album n’est pas un long fleuve tranquille. C’est ce qu’on se dit lorsque déboule une nappe de violon qui vient renforcer Open Organ. Arrive alors une batterie discrète, un arpège de guitare et on se rend compte qu’on est accrochés par ce morceau, presque malgré nous. Cette constatation peut s’appliquer à tout l’album qui m’est devenu tout d’abord familier puis rien moins qu’addictif. Par exemple, la guitare qui intervient dans la seconde partie de Last Time m’est restée dans l’oreille après l’écoute. Et il a cette faculté de transcender d’une poignée de notes un paysage placide (High Green Grass). Il faut une partie d’abandon évidemment mais quand on cède c’est pour de bon. Dans le genre, c’est plus émouvant que ses compatriotes d’Aaron parce que plus intransigeant.
On remarquera que sa voix, poussée et bidouillée, n’est pas son atout principal si on la compare, toutes proportions gardées, à celle d’un Konstantin Gropper (Get Well Soon). Elle est de toute façon plus précieuse (The Border), et ne peut parfois que rappeler celle de Thom Yorke (Balançoire). Il (et son groupe) est d’ailleurs une figure tutélaire toute trouvée quand survient l’électronique de la petite batterie de Battle. Et finalement, on n’est pas toujours loin de la dernière façon de Sigur Ros. Mais tout n’est pas viscéral et on distingue des moments plus anecdotiques (Midnight) mais qui montrent une facette plus éthérée.
Oscillant entre une mélancolie douce et agréable et des expérimentations plus éthérées, la musique de Sébastien Schuller cache sous des atours propres une vraie richesse d’ambiances, une retenue qui confère à tous les morceaux une classe certaine. Pour ceux qui comme moi sont jusqu’ici passés à côté de sa discographie, il faut savoir que cet album vous poursuivra plus que vous ne l’auriez soupçonné de prime abord.
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