mercredi 23 septembre 2009, par
Il y a quelques mois, une discrète brève publiée sur le site soulignait un nom à suivre de près. Malgré des déficiences auditives éprouvées par la fréquentation acharnée des salles de concerts, je peux affirmer que ce conseil n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd. Aussi, pour répondre à l’invitation qui m’avait été lancée de commettre ici ma propre critique, et face à une pléthore de sorties séduisantes, le choix m’a finalement semblé évident : autant chroniquer un des très grands disques de 2009, histoire de rendre la pareille aux chroniqueurs qui m’ont permis de le découvrir...
2009 a déjà été riche en rock épique, tendance dite « canadienne » ; autrement dit, de la musique d’enterrement qui finit en feu d’artifice. Dans ce sport international, des groupes comme Fanfarlo ou les Broken Records ont déjà marqué de précieux points cette année, mais personne ne fera autant trembler Arcade Fire sur son trône que cette « chorale de jeunes croyants ». Pour une première bonne raison qui est... que la comparaison s’arrête là. Déjà, il y a la voix de Jannis Noya Makrigiannis, cerveau et c(h)œur du groupe, son poumon surtout, qui élève les compositions (toutes de sa seule plume) vers un souffle prodigieux mais tout en mesure. Jamais un mot plus haut que l’autre (ce garçon est bien élevé), on pense à la sobriété vocale des Sleeping States sauf qu’ici, le reste remplit bien davantage d’espace. À commencer par les chœurs, forcément prépondérants vu le nom du groupe. En revanche, la dimension sacrée à laquelle il pourrait renvoyer ne correspond pas à un réel parti pris esthétique, hormis quelques harmonies séraphiques – tel ce Wintertime Love, qui tutoie effectivement les anges.
Mais d’hiver il n’est pas tant question. Ce disque tombe à point nommé car il est surtout automnal. À ce titre, le morceau d’ouverture Hollow Talk sonne comme un manifeste : un prélude où chaque note de piano évoque le chuchotement des feuilles mortes, puis arrive le sanglot long des violons et l’on retrouve cette ambiance élégiaque croisée récemment chez Other Lives. Et au bout de trois minutes, c’est la surprise qui va faire toute la différence : l’explosion épique, d’une beauté sidérante, vous tombe dessus comme un arbre flétri, et on est loin ici des traditionnelles recettes post-rock. On lorgnerait plutôt du côté du premier My Latest Novel – en mieux produit. Signée par le groupe lui-même, la production est un autre point fort de l’album : chaque élément est à sa place, tout est d’une justesse et d’une maturité remarquables. Même si le son de Choir of Young Believers n’a rien de fondamentalement original, il parvient à contenir une intensité dramatique digne des Dears au sein d’un ensemble compact qui n’oublie pas de respirer. Action/Reaction se permet ainsi d’être infidèle à la gravité, tandis que These Rituals of Mine pourrait être la plus belle chanson de Grizzly Bear – s’ils l’avaient écrite.
Épatant de bout en bout (Yamagata, balade terminale dans le pur éther), "This Is for the White in Your Eyes" est en outre accompagné d’un EP bonus tout aussi recommandable ("Burn the Flag" et sa chanson éponyme plus volontiers portée sur la musique religieuse). Il n’en fallait pas tant pour en faire un des albums les plus essentiels du moment (même si, tout attaché à l’humain, il ne dit rien de son époque) et remettre Copenhague dans la liste des endroits « où ça se passe ». C’est que, en dépit d’Under Byen, CallMEKat, Our Broken Garden ou encore Efterklang, il restait difficile de placer de vifs espoirs dans la patrie d’Alphabeat et Aqua. Quelque chose me dit pourtant que cette chorale danoise va bientôt (re)faire de vous de jeunes croyants.
Le truc du trio allemand Painting, c’est de l’art-rock anguleux dans la lignée de choses comme Deerhoofou Architecture in Helsinki (désolé pour les références pas neuves). Et oui, c’est un genre qu’on apprécie toujours (pas trop Deerhoof pourtant, allez comprendre) surtout quand il est défendu avec autant de verve.
Basé sur l’idée d’une AI qui prendrait ’vie’ et revendiquerait son identité, (…)
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On avait (…)
How come you, too, assume your opinion counts ?
Si cette phrase eut être rude si elle est adressée à un critique du dimanche comme votre serviteur, il prend une autre dimension quand il traite du droit des femmes à disposer de leur corps. Parce que chez la Suissesse Gina Eté, le fond est consubstantiel de la forme. Et cette forme prend encore de la hauteur après un premier EP et un album qui (…)