mardi 3 novembre 2009, par
Chic c’est l’hiver
N’exagérons pas, certes, mais les fêtes de fin d’année, finalement, on y sera bien vite. Et à ceux qui trouveraient cette réflexion scandaleuse, je dirai simplement que les longues soirées pointent le bout de leur nez. Quoi écouter au coin du feu à l’intérieur maintenant que certaines productions de folk de plage pour hippies hirsutes pourront paraitre un peu saugrenues ? Ne vous inquiétez pas, on s’occupe de votre cas et on vous a débusqué Richard Hawley.
La voix profonde est évidemment le point d’articulation de l’album mais on appréciera ou pas sa façon de presque crooner. Il s’en dégage un charme certain, tout porté vers le cocooning hivernal. On va alors évoquer des chanteurs qui évoluent à cette même limite comme parfois Jarvis Cocker (qui l’a encouragé à ses débuts et avec qui il a collaboré) ou Archive dans leurs moments de douceur. Ou même qui ont souvent franchi cette limite comme Neil Hannon (The Divine Comedy). C’est au sympathique Neil qu’on pense souvent pour la voix, surtout sur un For Your Lover Give Some Time qui a été présenté comme morceau annonciateur.
Le premier morceau nous amène un classicisme absolu auquel une vraie retenue confère une certaine classe. Il faudra attendre le second Open Up Your Door pour que les violons déboulent. Mais jamais ils ne verseront dans le mielleux. Les morceaux sont de toute façon trop longs et élaborés (le dernier morceau par exemple) pour être le slow lambda. Bon, un Ashes In The Snow ressemble plus à un chant de la période de Noël que nos habituelles arrache-cœurs indie. C’est donc de musique de diversion dont on cause ce soir. De ces disques à la limite du plaisir coupable qu’on garde pour des circonstances particulières, quand une mélodie répétitive ne vous rebutera pas.
Alors que manque-t-il à ce Truelove’s Gutter (déjà son sixième album) ? Sans doute un peu d’émotion pure. J’ai tenté l’expérience d’enchainer avec le génial Rooks de Shearwater. Alors oui, le procédé est discutable car l’œuvre de Meiburg et sa bande est une véritable pierre de touche et que le but poursuivi n’est pas identique mais c’est sans doute cette différence qui rend cet album plus sympathique que réellement indispensable.
Ne vous méprenez pas cependant, il sait aussi générer de l’intensité en quelques occasions. Les chorus qui prennent leur temps tombent bien (Remorse Code). On prend ces guitares fortement échoïsées avec plaisir parce qu’elles relancent l’intérêt et prouvent que même sans la voix il peut se passer des choses. Un moment de pure intensité peut se déclarer presque sans prévenir sur Soldier On, alors qu’on se laissait bercer par une steel guitar tout en douceur. Voilà le meilleur moment de cet album, qui charrie son flot d’émotion véritable. On se rappelle alors de quoi un Vic Chesnutt et ses amis canadiens sont capables.
N’allez donc pas chercher chez Richard Hawley ce qui ne s’y trouve pas. Ici, c’est la douceur qui est privilégiée par rapport à l’intensité, la constance face à la surprise, le sucre par rapport aux épices. Sa voix chaude sait se rendre attachante et les occasionnelles poussées de fièvre font un peu regretter la trop grande sagesse du reste.
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