vendredi 11 décembre 2009, par
Entre deux mondes
Quand les sorties se font aussi copieuses mais moins attirantes de prime abord, que fait le critique surmené ? Il récupère tant bien que mal son catalogue d’inécoutés, de listes provisoires de conseils. Un suiveur que je suis.
Mine de rien, il y a ici des morceaux qui me sont restés en tête comme Airplanes. C’est que souvent leur sens de la mélodie fonctionne à plein. Plus rarement, certaines partent en sucette et seules des notes tenues rendent viables. C’est flagrant sur Sticky Thread.
La voix qui soutient mine de rien les morceaux est fort voix echoïsée comme chez My Morning Jacket, en moins typée bien évidemment. Peut-être y a-t-il matière à s’enthousiasmer pour ceux qui comme moi avaient aimé le premier Band Of Horses mais pas le second. Donc un rock us indie propre sur lui, avec des voix de tête mises un peu en retrait, ce qui participe du coté un peu impersonnel d’un Wide Eyes. Mais quand les guitares déboulent, un peu en retrait mais appuyées, on se laisse franchement séduire. Dans le même ordre d’idées, on a eu Yeasayer (Sun Hands), quand ils ne partent pas dans des aigus en affolant les micros (World News). On bascule souvent dans les très actuelles harmonies vocales, voire des époumonements sur Shape Shifter ou Warning Sign.
Mais puisqu’il faut parler de sensations purement subjectives, cet album bien fichu m’a laissé sur ma faim question intensité pure, émotion si vous voulez. Je l’ai au début trouvé le tout un peu lisse. Mais voilà, c’est personnel et en aucun cas une contre-indication. D’autant qu’en des moments plus propices, ils distillent une belle sante qui a fini par complètement me convaincre après bien des écoutes. Je suis lent parfois.
Au rayon de leurs qualités, ils savent trouver des usages divers et variés à leur guitare. Riffs ensoleillés, groove, échos lointains (Cards And Quarters), arpèges qui donnent envie de vacances (Warning Sign qui a un petit air de Fleet Foxes). Et puis il y a aussi de belles poussées comme Camera Talk, quand ils font un pas de côté, se font plus légers encore et appuient le tout d’un violon qui nous amène aux belles heures d’un Ra-Ra-Riot. Mais je suis moins fervent de leurs morceaux plus calmes comme Who Knows Who Cares même si la délicatesse n’y est pas mièvre. J’ai eu ce sentiment diffus parfois avec certains Annuals même si sur la longueur cet album-ci m’a plus convaincu
Sans doute qu’on écoute trop de choses trop similaires, que notre capacité d’émerveillement se limite avec le temps et l’âge. Mais une fois qu’on sait quoi a trouvé la porte d’entré de cette musique subtile et légère, on prend ce cocktails d’éléments archi-connus pour ce qu’il est, c’est-à-dire une suite de recommandables chansons solaires.
On a fatalement un panthéon de groupes indés attachants. Et tout en haut figure cette formation du Minnesota. On pourrait aussi citer The Rural Alberta Advantage ou Port O’Brien au sein de cet aéropage héritier d’une époque où l’engagement total était un style en soi. Le résultat est un charme fou lié à cette intensité réelle.
Hors mode donc mais leur inclination pro-climat, leur volonté de (…)
Prendre son temps pour écrire une critique de Loma, ça tombe sous le sens tant la richesse ce troisième album nécessite un certain approfondissement. Même si on fréquente musicalement Jonathan Meiburg depuis 20 ans, découvrir un album de Shearwater ou Loma n’est jamais anodin et il faut un temps pour que toutes ses subtilités se dévoilent. Il en a été de même ici. Petit rappel des faits, Loma (…)
Ça fait belle lurette que le style de John Grant a évolué, et on ne cherche plus depuis longtemps des traces de son fantastique Queen of Denmark. Mais on sait aussi que ce qu’on a aimé à l’époque se trouve toujours sous une forme différente. On le découvre au détour du son profond de Marbles par exemple.
Triturer sa voix est un choix étrange quand on sait à quel point c’est un de ses atouts (…)
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