mardi 15 décembre 2009, par
Le pointilliste
Voilà un album qui vient à point éponger une soif de découverte musicale, de quoi m’empêcher un petit temps de tourner en rond sur les sites de vente en ligne spécialisés de musiques électroniques ... anglosaxonnes. (bref sur bleep) D’ailleurs c’est sur le site allemand à l’origine plus orienté hiphop et culture street hhv que j’ai croisé le chemin de Paul Movahedi alias The Clonious.
Fini de s’humecter les lèvres de samples electro peu originaux, voilà du lourd, de la fusion des genres, de l’alien, du post-classique futuriste.
Jazz, hip-hop, funk, soul, electronic, dance, rare groove, Latin jazz et club music, si, en tirant un peu sur la couette, ça correspond au descriptif musical de The Clonious, c’est avant toute chose le descriptif du label Ubiquity Records qui a signé cet artiste, et on comprend donc, à l’écoute de Between The Dots, que les morceaux de ce jeune autrichien aient atteri sur ce label.
Ca commence par un triphop aliené aux beats efficaces, avec un côté simple mais profond. Le second titre One At A Time (featuring Muhsinah) offre à la fois le côté ludique et fantaisiste de Leila et l’abstraction de Flying Lotus. On ressent toujours cette envie de transgresser les styles, du jazz au wonky hiphop, du funk à la blip electro.
If Joe Had The Power est retro futuriste, branché sur un clin d’oeil aux expérimentations Moog de Gershon Kingsley, le morceau prend un virage vers des expérimentations jazz récemment aperçues sur l’album de David Torn and The Prezens. De telles expérimentations ambitieuses sont trop rares dans la communauté jazz. Ce morceau montre également que The Clonious n’est pas juste un cloneur/bidouilleur d’électro mais est un musicien avec une formation musicale plus classique. Bien sûr si on ne supporte ni le jazz ni les bizzareries, il vaut mieux passer son chemin.
Le titre Emora, plus simple, propose un jeu de notes électroniques rappelant des ambiances de Royksopp avec une mélodie prévisible mais mémorable...certes en plus acidulé.
Ensuite on enchaîne avec des morceaux de jazz plus convenus, sans inspiration dans le style et qui sortent du cadre de cet album. C’est là à mon sens la note négative de cet opus. Bien sûr entre les points il y a beaucoup de choses et si c’est cela que Paul Mohavedi veut nous faire partager, le fait de nous en faire part semble faire partie de sa démarche artistique.
Bugs N’Fools louche clairement acidjazz côté St-Germain, voir même house filtrée époque Dimitri From Paris.
Signalons également une collaboration avec Dorian Concept, également basé en Autriche. Si on prend les titres Hello et Dataflow, proche du style des Boozoo Bajou, on pense inévitablement à une nouvelle génération de producteurs germano-autrichienne, affiliée à la scène downtempo des Kruder und Dorfmeister, Jazzanova, Tosca et autre Terranova.
Vous l’aurez compris, The Clonious livre un album charnu, avec plein de références à divers styles electro de ces 15 dernières années. Parfois j’ai l’impression de retomber sur une de ces compiles du magazine français TRAX, lesquelles proposaient toujours des choses pointues.
Emora
http://www.youtube.com/watch?v=CJsWboG2gFg
feat. Muhsinah - One At A Time
http://www.youtube.com/watch?v=wi33dHfaCIg
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