jeudi 11 février 2010, par
Massive sait toujours faire un bon album
Tout snobisme mis à part, cet album d’un groupe pourtant essentiel sur l’échiquier de la musique contemporaine n’était pas plus attendu que ça. Sans doute que le trop austère 100th Window a-t-il refroidi les ardeurs. Ou alors est-ce la lassitude d’entendre depuis des années qu’il est imminent, ce qui a découragé bien des impatients. On écoute donc parce que l’EP Splitting The Atom avait plus qu’attisé la curiosité, et pour voir comment ceux qui ont façonné une partie du son des nineties s’en sortiraient dans notre contexte si morcelé.
C’est l’intensité qui décide souvent de l’intérêt d’une musique, on l’a assez dit. On la retrouve dès la seconde partie de Pray For Rain après une introduction plus évocatrice. Il n’est d’ailleurs pas innocent de retrouver Tunde Abedimpe de Tv On The Radio sur ce morceau parce qu’il y a dans les deux formations cette volonté de fusion de feu et de glace, ce résultat froid mais intense par la tension black sous-jacente. A tel point que Massive Attack a parlé de gothic soul pour définir cet album. Ca a le clinquant facile des étiquettes préfabriquées, mais il y a un fond de vérité là-dedans. Ils ont à chaque fois su imprimer une ‘couleur’ à chaque album même si elle apparait comme moins tranchée que par le passé.
Il y a du y en avoir des prises de tête et des questionnements existentiels lors d’une genèse aussi longue. On ne sent pourtant pas de peur au ventre, mais une volonté de revenir au premier plan qui convainc. D’album de trip-hop passéiste et mollasson il ne sera jamais question. C’est qu’ils sont nombreux les albums de producteurs, de Chemical Brothers à Death In Vegas en passant par Simian Mobile Disco. Que ce soit clair, par rapport aux productions récentes de tous ces groupes, Massive Attack est hors de portée. En partie grâce à des voix de tout premier plan. Une énumération ne vous sera donc pas épargnée. On retrouve donc aux côtés du duo Del naja – Daddy G (à la voix si chaude), le timbre si particulier d’Horace Andy, à la limite de la fausseté mais tellement à son affaire pour donner un petit air de malaise et de soleil. Oui, en même temps. Pas de doute, c’est un album de Massive Attack pur jus, avec ses marottes comme un roulement de batterie très connotées trip-hop.
Ironie de l’histoire, Martina Topley-bird avait lancé sa carrière quand elle était encore toute jeune sur le formidable Maxinquaye de Tricky, ancien membre de Massive Attack qui lui aussi lançait sa carrière solo après s’être définitivement brouillé avec ses partenaires. On la retrouve avec beaucoup de plaisir sur plusieurs titres ici, judicieusement placée en avant notamment sur un Psyche au gimmick entêtant. Du côté féminin, on avait annoncé la peu riante Hope Sandoval et c’est sur Paradise Circus qu’elle pointe le bout de la voix. Alors qu’on a surtout l’habitude de l’entendre déclamer froidement de sa voix tellement particulière, ce qu’elle fait ici ressemble bien plus à du chant comme elle le pratiquait chez Mazzy Star et c’est évidemment envoûtant, du début aux gerbes de violon finales.
Je ne suis pas un inconditionnel de la performance de Guy Garvey mais il faut reconnaitre que le décalage entre sa voix et une des nappes sonores les plus barrées de l’album fonctionne. Surtout dans sa seconde partie. Damon Albarn est logiquement plus à l’aise, mais on sent qu’ils ont évité la prise de risque. Ils concluent sur un Atlas Air dont le début est classique en leur chef mais ils nous réservent une explosion finale pour marquer les esprits.
Finalement, on peut dire que c’est un retour en grâce après une longue absence, tout comme Portishead. Comme la bande à Barrow et Gibbons, ils n’ont pas choisi la facilité, et reviennent vraiment en force, avec un album solide fait de vrais morceaux intéressants. Sans doute ne définissent-ils plus le style d’une époque, mais au moins ils déclinent le leur comme personne.
On vous avait dit en son temps à quel point on appréciait l’electro un peu vintage du duo suisse Bitter Moon. On dirait que le duo After 5:08 (Aloys Christinat et Matthew Franklin) qui les accompagne est dans un mood plus ambient. La répartition des rôles n’est pas précisée mais on se doute que les plages plus apaisées (on peut même y entendre des bruits d’eau) leur sont attribuables.
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