Accueil > Critiques > 2007

Yacht - I Believe In You. Your Magic Is Real

mercredi 6 juin 2007, par marc

Le cul entre deux chaises


Dans notre grande série « Les critiques à potentiel populaire limité », je vous présente cette semaine Yacht. J’ai découvert ce projet solo de Jona Bechtolt (de Portland, Oregon) un peu par hasard, en première partie d’un concert de LCD Soundsystem. Sans crier gare, il transforme la prestation en un réjouissant happening, dansant dans le public, organisant des séances de question-réponses. Encouragé par cette découverte, je me procure illico l’album. Après une écoute, on se rappelle précisément ce qui a été joué en direct. Première constatation, on a bien mémorisé les morceaux. Ce qui est suffisamment rare pour être mentionné.

Ce que ça m’évoque, c’est un peu le premier album de Miam Monster Miam, celui des déconnades pré-américana. Les remerciements en fin d’album (Your Magic Is Real) renforcent encore cette impression. Les sons de synthés un peu cheap aussi. Sauf que, bizarrement, on aimerait qu’ils le soient plus, histoire de pousser le procédé dans ses derniers retranchements. La volonté de construire des morceaux qui tiennent la route, pour louable qu’elle soit, impose de choisir son camp. L’album ne souffre donc pas tant de mauvais choix que cette impression de derrière entre deux chaises, n’osant pas vraiment lorgner vers une electro rentre-dedans et bouffonne et une écriture pop plus fine. De même, la reddition en live doit énormément à l’abattage du personnage mais aussi à l’aspect d’hymne de certaines phrases. Englobées dans une musique plus étoffée, elles perdent un peu de leur pertinence.

Il y a des moments d’essai-erreur qui pourraient à la limite se justifier dans l’impro sur scène mais semblent juste avoir échappé à un choix laxiste de titres. Le court Drawing In The Dark est à cet égard très dispensable. Autre exemple, le Women Of The World, qui est un genre de post-electroclash, est plus bruyant que bastoneur. Les inserts plus ‘dance’ sentent le bricolé. Ce qui n’est pas un problème en soi, mais on sent trop la volonté de ‘sonner moderne’ à tout prix. Alors, qu’est-ce qu’il aurait fallu à Yacht ? Sans doute une oreille amie et productrice pour lui suggérer d’épicer ces titres au double visage, efficace et un peu simpliste sur scène et un rien trop fade sur disque.

Très digeste, fort souvent amusant, cet album est un peu frustrant parce qu’on sent qu’un peu plus de rigueur en aurait fait un album d’electro-pop de haute tenue. Reste un bon moment ludique qui ne peut qu’être recommandé à l’esprit curieux.

    Article Ecrit par marc

Répondre à cet article

  • Ultra Sunn - US

    Suivre des artistes, découvrir de prometteurs EP et puis écouter leur premier album qui confirme tout le potentiel soupçonné, c’est vraiment un des plaisirs de cet étrange hobby. Et dans les EP qui nous avaient vraiment plu (et pas qu’à nous si on en juge par l’ampleur de leur tournée), le duo bruxellois se plaçait assez haut. Gaelle Souflet et Sam Huge nous reviennent donc US qu’ils ont écrit, (...)

  • Danube - Cities

    Plusieurs morceaux étaient disponibles et ont attisé l’attente qui n’a pas été déçue par ce premier album de Danube dont les noms de morceaux sont des capitales européennes. Oui, un peu comme dans La Casa de Papel. Ce qui n’est pas clair par contre c’est qui se cache derrière ce projet. C’est secondaire évidemment, la musique primant tout.
    Quoi de plus compliqué à définir qu’un son ? C’est un challenge (...)

  • Dark Minimal Project – Remixes

    On vous avait déjà dit tout le bien qu’on pensait du second album de Dark Minimal Project, Ghost of Modern Times. On avait décelé un cousinage certain avec Depeche Mode et c’était loin de nous déplaire. Et la ressemblance se prolonge avec ces remixes, le groupe anglais étant très friand de l’exercice. Sur la pochette, les deux protagonistes Guillaume VDR et Ange Vesper semblent avoir pris cher mais (...)

  • Tinlicker – Cold Enough For snow

    Chacun va mettre sa ligne rouge sur cet album du duo de producteurs bataves Micha Heyboer and Jordi van Achthoven. C’est forcé tant cet album oscille entre trop et beaucoup trop, délicatesse et évanescence. Mais il est aussi impossible de ne pas trouver son compte non plus. Ce continuum qui va de la pop dansante et cotonneuse à du matos pour une rave à 4 heures du matin est en tout cas assez (...)