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Séance de Rattrapage #84 - Mayflower Madame, Princess Thailand, Sure

jeudi 30 avril 2020, par marc


Les hasards des sorties (toutes distribuées par Five Roses Press d’ailleurs) mettent dans nos oreilles trois formations qui partent d’une base cold pour en faire trois albums au final très différents.

Mayflower Madame - Prepared For a Nightmare

La première formation un peu cold nous vient d’Oslo et livre ici son second album. On remarque tout de suite la voix sépulcrale et planquée dans le mix, volontairement peu démonstrative, ce qui est un effet déjà entendu, de Sisters of Mercy à A Place To Bury Strangers. Le timbre rappelle d’ailleurs l’ami The Imaginary Suitcase.

C’est tout-à-fait à sa place bien évidemment et on est toujours clients mais la spécificité des Norvégiens est ailleurs, leur côté rock un peu inquiétant les ramènent à Clinic (Sacred Core). Une fois détectée, c’est une ressemblance qu’on retrouve souvent au long de l’écoute. Mais pas toujours puisqu’on y entend aussi des sons de synthés sur Swallow. Ils sont donc peu métronomiques, avec une touche de psychédélisme. Le résultat est étonnamment aéré mais il n’est pas interdit de préférer quand c’est plus dense et sale (Goldmine). Une belle personnalité donc.

Princess Thailand - And We Shine

On poursuit donc dans le genre avec ce groupe français. Contrairement aux deux autres exemples, c’est une voix féminine qui est la figure de proue. Avec de l’écho qui pousse avec bonheur sur First Time, elle dégage occasionnellement un petit air de Siouxie qu’on avait déjà décelé chez Zola Jesus.

Sonar exploite des sons bien plus distordus, plus proche de la vague no-wave que des caves eighties. Mêlés à des sons avec plus de reverb, dans la norme cold wave, avec un roulement de batterie est bien puissant. We Shine semble ainsi plus apaisé mais ce n’est que temporaire. La remontée vitaminée dégage une belle énergie. In This Room est aussi plus prenant précisément parce que moins furieux. Donc il y a de bonnes et fortes choses sur ce second album qui a décapé comme on l’espérait.

Sure - 20 Years

On sera toujours à l’écoute des variations sur le mode post-punk. Des beats et des guitares, c’est un mélange qui fonctionne souvent, l’envie et l’allant faisant toute la différence et servant bien le trio français. Ce n’est pas parce qu’on maîtrise la grammaire qu’on a du style. C’est une condition nécessaire mais pas suffisante, et du style ils en ont trouvé.

On passe logiquement par un morceau d’intro synthétique et éthéré avant que l’album ne décolle avec un bon traitement sur les voix. Aux lisières du cold et du noise, post-punk dans l’âme pour sa pluralité, le trio dégage surtout une énergie jamais crevée jamais crevante. Surtout que quand les beats sont là (What’s Left) c’est accessible et percutant. Mais ils osent aussi ralentir, faisant de la plage titulaire un moment plutôt intense. Morrows a aussi cette lourdeur pas plombante. Avant de reprendre le chemin d’un peu de fureur bien maîtrisée, comme A Place To Bury Strangers dans leurs bons moments. Si la formation new-yorkaise a vos faveurs, c’est en effet un conseil sans réserve.

    Article Ecrit par marc

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