Accueil > Critiques > 2007

Gruff Rhys : Candylion

jeudi 15 mars 2007, par marc

La revanche du lion rose


Le premier contact qu’on a avec un album, c’est sa pochette. Voyez-y de la régression si vous voulez mais je la trouve fort réussie. De plus, elle est en bonne adéquation avec son contenu. On n’est donc pas trompés sur la marchandise et j’y ai trouvé ce que j’y cherchais.

Derrière le cocasse (véritable) nom de Gruff Rhys se cache le chanteur des Super Furry Animals. Si l’album de ces derniers ne m’avait pas exactement séduit, les morceaux disponibles de ce Candylion avaient attiré mon attention. Il s’agit de sa seconde tentative solo. La première étant entièrement en Gallois, elle m’avait échappé. Il reste deux titres dans cette langue, l’entraînant Gyrru Gyrru Gyrru et Ffrwydriad Yn Y Ffurfafen fait quand même un peu compote de lettres. Cette mention n’est pas anodine puisque les regrettés Gorki’s Zygotic Mynci qui s’exprimaient dans ce dialecte déroutant avaient aussi un univers barré et loufoque qui peut y être associé.

La volonté de départ était de faire un album pour enfants. On échappe heureusement aux horripilantes berceuses que nous ont infligées en leur temps Bénabar, Renaud ou Miossec et ça c’est une bonne chose. Les enfants qui auront la chance d’écouter ça seront des petits veinards. C’est que la bonne surprise, c’est que le tout est léger, fort bien emballé.

Le psychédélisme des Super Furry Animals ne m’avait pas attiré mais quand comme ici il est baigné de folie douce, de bonne humeur et dénué de prétention, je retrouve le sourire. Les procédés sont parfois les mêmes, les sons aussi, mais on aborde le genre par la face amusante. On se doute que cibler un public jeune n’est qu’un prétexte facile pour se laisser aller à ses penchants ludiques. Et on se rend compte très vite qu’à part quelques morceaux, on n’est pas dans la chanson spécialisée. Il y a trop d’invention dans ces arrangements pour que tout le monde n’en profite pas.

Comme toujours, il y a des morceaux qui fonctionnent mieux que d’autres. Isolons Lonesome Words avec ses percussions qui emballent le morceau et en font une gigotante réussite. Le morceau suivant (Cycle Of Violence) essaie d’appliquer les mêmes recettes mais y réussit moins. C’est un bon exemple du fragile équilibre qui existe entre une franche réussite et un succédané. J’ai aussi passé un bon moment avec Skylon ! qui est la narration cocasse d’un vol stratosphérique perturbé. C’est vraiment plaisant de se laisser raconter une histoire. Evidemment, c’est un peu long (plus de 14 minutes quand même) et répétitif mais le genre s’en accommode très bien.

Pour pleinement profiter de l’ambiance de cet album, il vous faudra un peu baisser la garde et ne pas chercher ce qui ne s’y trouve pas. Mais comme la récréation est dans l’esprit et pas la réalisation, il est possible d’en tirer le meilleur. Et voire des allusions à certains Pink Floyd acoustiques de leurs débuts (Beacon In The Darkness).

Certes ce bonbon-lion n’est pas destiné à faire un raz-de-marée lors des classements de fin d’année, mais comme c’est présenté comme délibérément léger et que les morceaux ont été soignés, je le prends comme une pause bienvenue. Il n’y a qu’à jeter un coup d’œil aux critiques précédent et suivant celle-ci pour se convaincre qu’un peu de rose bonbon (pas la boisson hein...) puisse me faire du bien.

    Article Ecrit par marc

Répondre à cet article

4 Messages

  • Squid – Cowards

    En matière de critique, tout est question de perception. Certes, on tente de définir le contexte, de placer une œuvre dans une époque au moment où elle se déroule (oui, c’est compliqué) mais souvent, on essaie en vain de définir nos affinités électives. Et puis si on n’arrive pas à expliquer, rien ne nous empêche de partager. Ainsi, on a adoré tout de suite ce que faisait Squid. En alliant (…)

  • The Veils - Asphodels

    Après l’énorme dans tous les sens du terme ...And Out The Void Came Love, le retour de The Veils a été plus rapide que prévu. Et il y a sans doute une explication à ça. En revenant, ils se sont concentrés sur un des aspects de leur style. On avait eu par le passé un album comme Time Stays, We Go qui était aussi plus uniforme dans un mid-tempo certes agréable mais pas vraiment à la hauteur de (…)

  • The Cure - Songs of a Lost World

    ’Cette année c’est la bonne’. C’est ce qu’on s’est dit quelques fois avant d’abandonner l’espoir d’un nouvel album de The Cure. Lequel n’était même pas indispensable, on les sait toujours capables de longues tournées de longs concerts de longues chansons. Et puis l’intégrité de la bande de Robert Smith, pronant le ticket pas cher à l’heure des prix dynamiques ou privilégiant les longues intros (…)

  • Kate Nash – 9 Sad Symphonies

    Nous sommes en 2013. Après un premier album acclamé emmené par le tube Foundations, la star de Myspace a confirmé avec My Best Friend Is You la plupart des espoirs placés en elle et la voici en position de définitivement asseoir son statut avec un troisième album traditionnellement piégeux. Mais elle va relever le défi.
    Sauf que vous savez que ça ne ça ne s’est pas passé comme ça. Larguée (…)