Accueil > Critiques > 2007

Eluvium : Copia

lundi 23 avril 2007, par marc

Parce qu’on a tous besoin de calme


Comme je suis un garçon consciencieux, je prépare mes concerts futurs. Quand j’ai su que c’était Eluvium qui faisait la première partie d’Explosions In The Sky, je me suis procuré l’album qui par ailleurs reçoit un accueil critique élogieux unanime. Nous verrons que c’est justifié (ceci est une phrase pour ceux qui ne lisent pas les critiques jusqu’au bout).

Encore une fois et sans que je le veuille, c’est encore une production d’un résident de Portland, Oregon. Avec Menomena, The Shins, Modest Mouse et autres The Decemberists, cette ville est sans doute un des plus riches viviers de la musique indé américaine. Donc mondiale par extension. Matthew Cooper nous livre ici son cinquième album. C’est par ici que j’aborde sa discographie, excusez mon manque de références donc.

Majestueux, c’est sans doute le terme le plus approprié qu’il soit possible d’accoler à la musique d’Eluvium. Ambient, atmosphérique, dénuée de toute rythmique, la musique qui compose ce Copia coule comme un fleuve pas si tranquille.

Si la tendance générale est calme, on ne tombe jamais dans de l’easy-listening. Car si c’est tout sauf difficile, il y a trop d’intensité pour servir uniquement de musique de fond, trop de sincérité pour juste servir d’inducteur de sommeil. Paradoxalement, c’est dans les moments où on est à deux doigts du kitsch et du joli (étrangement presque synonymes à notre époque) qu’Eluvium élève le débat. On peut trouver Prelude For Time Feelers un peu limite écouté seul, mais dans le contexte à la fois espacé et sombre, un morceau comme ça prend son sens, donnant un peu de sentiment à une musique d’un abord froid. La montée en puissance du morceau reste de toute façon un des meilleurs moments de l’album. Il a de plus le bon gout d’alterner moments plus torturés (tout est relatif) et pièces plus orientées vers la mélodie pure où le piano prend une place prépondérante (Radio Ballet).

La mélancolie la plus sourde peut vous prendre n’importe quand, au détour de quelques nappes de violon bien senties (le court After Nature). C’est dans ce genre de moment qu’on comprend qu’on n’est pas toujours maitre de ses impressions, que quelques notes roublardes sont à même de vous faire gouter à cette espèce rare de post-rock synthétique mais humain.

Vous avez besoin d’un album instrumental inspiré, doux et rassurant, je le sais. C’est donc vers celui-ci que vous pouvez vous orienter. Ne sombrant pas dans la facilité, cette musique sait prendre son temps. Elle se situe d’ailleurs en dehors de toute mode, presque de tout courant, pouvant plaire aussi bien aux fans de Philip Glass qu’à ceux de Mogwai. A moins que vous ne juriez que par le Speed-trash-metal, il est indiqué de jeter une oreille sur Eluvium.

    Article Ecrit par marc

Répondre à cet article

5 Messages

  • Eluvium : Copia 23 avril 2007 13:53

    Tiens, les gens sont-ils avares de commentaires pour le moment ?
    Ou alors, c’est le système de commentaires qui ne marche pas ?
    Testons voir....

    repondre message

  • Eluvium : Copia 26 septembre 2007 17:44, par nellospace

    Je suis d’accord, cet album mérite qu’on prenne le temps de l’écouter.

    Ca peu prendre un peu plus de temps à assimiler si vous n’êtes pas amateur de musique ambiante, mais en bout de ligne ca vaut vraiment la peine car il reflète beaucoup d’émotions à travers ses mélodies lentes et calmes.

    repondre message

  • Endless Dive – Souvenances

    On ne va pas tourner autour du pot, si vous tenez à apposer une étiquette sur votre flacon d’Endless Dive, celle de post-rock adhèrera. Mais on est clairement à la limite du genre, avec une vraie personnalité qui dévie souvent vers le folktronica. Il faut dire que le ton très fortement mélancolique est encore augmenté par des incrustations de sons et dialogues fixés sur VHS ou cassette, voire (…)

  • Mogwai – The Bad Fire

    Si Mogwai est un des premiers noms qui vient à l’esprit quand on parle de post-rock, ils en ont abandonné bien des recettes il y a fort longtemps. C’est sans doute cette volonté d’évolution, certes mesurée mais constante qui leur permet ces 30 ans d’existence déjà et de nous gratifier d’un onzième album.
    Une constante, c’est leur amour du titre tordu, sans doute des private jokes opaques (…)

  • Explosions in the Sky – American Primeval (Soundtrack)

    Les groupes indés dont on parle ici ont parfois l’occasion d’arrondir leurs fins de mois en plaçant un morceau ou l’autre dans une œuvre audiovisuelle. Pour les groupes de post-rock, le potentiel est encore plus grand. Outre ceux qui placent un titre comme la très belle utilisation de East Hastings de Godspeed You ! Black Emperor - No Title as of 13 February 2024 28,340 Dead dans Under the (…)

  • Wyatt E - amāru ultu qereb ziqquratu Part 1

    Le style, les ambiances de Wyatt E. étaient déjà connues et on les retrouve toujours avec autant de plaisir. A la lisière de choses connues (post-rock, doom), ils ont toujours su ajouter une touche personnelle. Il existe des exemples de post-rock avec des ambiances proche-orientales. Citons Esmerine ou Oiseaux-Tempête mais ceci a une coloration différente. L’ambition est d’explorer l’ancienne (…)