vendredi 13 février 2009, par
La délicatesse est une force
Il y aurait comme un semblant de buzz autour du teuton à tête de playmobil Patrick Zimmer que ça ne m’étonnerait qu’à moitié. Rien de bien envahissant, son projet Finn le méritant en plus. Ne vous attendez cependant pas à un rouleau compresseur qui va révolutionner la bande FM, nous resterons entre amateurs du genre. J’ai bien aimé, je vous suggère, vous me dites ce que vous en pensez, c’est comme ça qu’on fonctionne vous et moi.
Dès les premières notes, vous êtes donc potentiellement chez vous. L’agencement de l’album est tel qu’il installe presque un instrument supplémentaire par morceau. Au simple arpège d’Half-Moon Stunned, Truncheon Sound ajoute un discret vibraphone avant que les cuivres puis le violoncelle ne se mêlent au jeu. Mais rassurez-vous, on ne prend pas tout un orchestre au passage. Il faut peu de choses en général si l’écriture touche. Pour que ça marche, il faut de la mélodie et de l’intensité. Il y a les deux ici (par exemple sur Dew), donc tout va bien. La variété n’est pas la qualité première mais bon, comme l’ambiance installée l’est pour longtemps, c’est juste une remarque plus qu’un reproche.
Le point d’articulation du style reste quand même la voix. Dans ces références pleines de réverb on citera pêle-mêle Neil Young, Band of Horses et My Morning Jacket. Donc à la fois personnelle et référencée, et un peu maniérée il faut le dire. Mais je la préfère, dans le genre, à celle d’Okay. Si la voix vous rebute, passez clairement votre chemin. Mais dans le cas contraire, vous pouvez rester pour un moment, prendre vos aises, le voyage peut commencer.
L’ambiance d’un Boy-Cott est fantastique, relevée de cordes et de cuivres, mais en couche mince, pour appuyer l’ambiance. Ajoutez à ça une mélodie qui colle parfaitement au contexte et on a un moment précieux, avec ses relances d’intérêt. Quand il n’y a qu’une guitare, l’intrusion de violon est vraiment poignante. Les insertions de violon et les cuivres assez dissonants de Julius Caesar frappent en tous cas juste et fort. Si vous ne trouvez pas ça exagérément geignard, l’effet pourra approcher la grâce d’un Shearwater, donc pas trop éloignée de certains Radiohead (In The Wake Of, The Fourth, The Fifth). J’ajouterai que presque à mon insu, la mélodie d’In The Wake Of m’a poursuivi longtemps.
L’album est certes copieux avec ses 16 titres mais il faut compter les instrumentaux qui servent d’interlude ((…), Please Don’t… Please) et ceux qui sont le prolongement du morceau précédent (The Can, Girl-Cott). Ce procédé permet de continuer à travailler un thème sans nécessairement allonger un morceau.
Conseiller l’album de Finn, c’est un peu comme faire goûter un whisky avec de la personnalité. Il faut savoir à qui le proposer et une certaine habitude est nécessaire. Il s’agit une fois encore d’un album qui m’a intéressé vaguement à la première écoute pour grandir dans mon estime et finalement se révéler d’une richesse insoupçonnée. C’est qu’il faut trouver le bon état mental pour l’aborder. Ca peut ne jamais venir mais quand on est entré dedans, je vous en défie d’en sortir. En tous cas moi j’y reste.
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