mercredi 28 juillet 2010, par
Pour les beaux cow-boys
L’expérience m’apprend que dès que quelqu’un se pose des questions sur la finalité de l’écriture musicale en ligne, la fin du blog est proche. Je ne serai pas cruel au point de citer des noms. Parce que la toile est une entité changeante, évolutive et comme c’est principalement un loisir dans la plupart des cas, il n’y a aucune raison de se forcer. Si on continue malgré tout après presque sept ans d’existence, c’est aussi parce que ces doutes restent marginaux. Serait-on compulsifs et ne publierait-on que parce qu’on ne peut pas faire autrement ? J’éluderai calmement cette question parce qu’elle n’est pas vraiment d’actualité. Rassurez-vous, on va continuer dans la mesure de la disponibilité. Cette impression est encore un peu renforcée par ces conditions estivales, où la fréquence des publications, la fréquentation du site et l’abondance des commentaires chute sensiblement. Et puis parce qu’on sait que pour un article sur un artiste dont on ignorait tout il y a peu, il n’y a que deux possibilités : il sera peu lu et que par ceux qui lisent tout ici (un grand merci à eux) ou alors beaucoup grâce à ceux que les moteurs de recherche nous auront envoyé par manque d’autres liens (bonjour à eux).
Un des slogans les moins réussis de l’histoire de la publicité, c’est « Flint, la cigarette blonde qui n’est pas faite pour les beaux cow-boys ». Et le visuel montrait des photos de gens de la vraie vie dans des tâches pas très photogéniques. L’ironie ne marche pas en pub, et personne n’aime être un moche cow-boy. Moralité, il n’est pas toujours judicieux de renverser des clichés. Et de Flint à Flynn, sautons le pas parce que ce dernier n’a pas peur des clichés d’une certaine musique de (beau) cow-boy.
De cet Anglais on sait finalement peu, sinon que ceci est son second album, mais on ne part pas complètement dans l’inconnu parce qu’on a une collaboration avec Laura Marling, le très beau The River. La voix féminine sur Agnes est plus burnée (si je puis dire), plus dans les poncifs du genre, et le morceau est ce qui me plait le moins ici, parce que trop caricatural.
Maintenant qu’on a liquidé le moins bon, il faut parler du meilleur, du songwriting soigné sur Lost And Found, de la jolie intensité de Barnackled Warship, la simplicité d’Amazon Love. Je vous encourage aussi à vous laisser aller à Sweet William. Rien ne m’avait préparé à aussi bien goûter ces chansons mais vous l’aurez compris, c’est la qualité de l’écriture qui fait la différence.
Il peut aussi se lancer plus franchement pour le judicieusement nommé Howl et n’a pas peur de la joie simple des morceaux qui s’éclairent d’un trait (The Prizefighter And The Heiress), même s’il faut avoir perdu ses inhibitions vis-à-vis d’un country-folk propre sur lui mais qui ne gâche pas
Cet album est livré avec un second cd de versions démos et alternatives qui sont loin d’être d’indignes épluchures. Parce que deux voix féminines sur The River, ça marche aussi très bien, parce que plus de violons enjolivent encore la plage titulaire, et que surtout, notamment avec plus d’echo, la tonalité générale est un peu différente.
Vous avez sans doute très bien vécu sans soupçonner l’existence de Johnny Flynn. Moi aussi. Il n’en reste pas moins que je suis content de l’avoir trouvé sur ma route et peut-être que vous aussi. Tant qu’on aura ce genre d’attente vous et moi, pas de raison d’arrêter, pas vrai ?
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