Accueil > Critiques > 2012

The Ting Tings - Sounds From Nowhereville

mercredi 29 février 2012, par marc

Raide boule


Exercice difficile de celui de l’album pop. Il faut quelques figures de proue qui peuvent tenir sans le support des autres titres et des interstices suffisamment costauds pour tenir le choc entre les hauts faits. Le premier album du duo mixte Ting Tings pouvait compter sur trois singles absolument imparables et avaient comblé les vides de fort élégante façon. Ils ont mis un peu de temps pour nous revenir sous une pochette qu’on penserait reprise d’une pub Eastpack (dues au chanteur de Ghinzu pour la petite histoire), même si entretemps, on a craint qu’ils poursuivent sur la lancée de leur single paru entretemps et pas trop réussi (Hands) mais qui n’est pas repris ici.

Leur énergie prend son envol avec un morceau paradoxalement intitulé Silence, mise en bouche prometteuse, un peu pompière, mais qui n’est envisageable que dans le contexte de l’album. C’est cette énergie qui prend alors le relais, parfois poussée par un chant un peu rappé comme on en entendait il y a quinze ans et qui n’est plus utilisé que par des suiveuses peu recommandables (Ke$ha, ce genre). Dans le tas un peu répétitif, guitares en avant et refrains moins emballants (Guggenheim), Hang It Up a sa chance de surnager. Mais fort heureusement, une fois l’album vraiment lancé, on est un peu récompensé de son assiduité. Give It Back dégage une belle pêche et semble un morceau des Kills égaré sur la bande fm.

Et puis pour se désembourber, ils tentent le cross-over. Avec le reggae léger sur Soul Killing ou l’electro sur One by One. Au final, ce seront mes deux morceaux préférés. Les autres tentatives déviantes sont par contre bien moins gratifiantes, puisqu’on retrouve une balade éculée comme on n’en entend plus depuis les années ’90, avec les mêmes effets d’écho usés (Day To Day passionnant comme du Sheryl Crow) ou du violon qui sonne vraiment toc (In Your Life).

Donc il y a de la variété sur ce court album (34 minutes pour 10 titres), mais le discernement ne permet pas toujours la fulgurance. Cet album aurait pu servir d’écrin correct à des singles hors normes. Las, on ne retrouve plus ces pépites, donc c’est l’ensemble qui en pâtit, même s’il est de bonne facture, Sounds From Nowhereville est comme une boisson énergétique sans l’alcool, un gosier de chimie bien fait et efficace mais sans l’ivresse.

    Article Ecrit par marc

Répondre à cet article

4 Messages

  • The Ting Tings - Sounds From Nowhereville 29 février 2012 12:35, par Christophe

    Hello
    Effectivement le premier album était "sauvé" par les quelques tubes imparables, mais là je n’ai même pas réussi à aller au bout de la 1ère écoute tellement je trouvais cela mièvre, sans homogénéité, partant dans tous les sens. En réecoutant, j’ai pu apprécier un ou deux titres, mais pas plus (Give it back et éventuellement ... ben non je vois pas !).
    Une grosse déception pour ma part et je te trouve généreux avec 3 étoiles ;)
    @+

    Voir en ligne : http://edgarsmiouzik.wordpress.com/

    repondre message

    • The Ting Tings - Sounds From Nowhereville 1er mars 2012 17:37, par Marc

      Ma première impression était aussi très mitigé, et même si je suis revenu à des sentiments meilleurs, il y a sans doute matière à être plus sévère (et à ne jamais le réécouter). Pitchfork a sorti le lance-flammes en tout cas...

      repondre message

      • The Ting Tings - Sounds From Nowhereville 1er mars 2012 22:59, par Mmarsupilami

        Je ne sortirai même pas un briquet, ils ne le méritent pas !
        J’ai la dent dure pour les gens qui ne me respectent pas.

        Un jour, un ami me conseille de venir les voir.

        Jamais entendu, mais je fais confiance.

        Malgré le sold out, je trouve le ticket.

        A l’Orangerie, ils ont joué grosse modo 25 minutes.

        Ma seule vengeance aura été que le conseilleur, venu de Liège, n’a lui, rien vu. Le concert avait commencé à l’heure, alors que l’ami était en retard d’un quart d’heure et puis essayer de rentrer dans l’Orangerie quand elle est pleine (syndrôme on ne passe pas à l’entrée, même s’il y a de la place de l’autre côté). On ne pardonne pas ce genre de choses !!!

         :-D

        Voir en ligne : mmarsupilami

        repondre message

        • The Ting Tings - Sounds From Nowhereville 2 mars 2012 13:38, par Marc

          Je ne les ai vus qu’une fois en concert, un demi-concert plutôt un après-midi de Pukkelpop. Ce qui m’avait le plus marqué, c’est que les boutons de la guitare de la chanteuse étaient bloqués avec du tape, ce qui en dit long sur la virtuosité...

          repondre message

  • Daydream Three – Stop Making Noise

    ‘Si ça va trop vite ou trop fort, c’est que vous êtes trop vieux.’
    C’est ce que veut l’adage et l’Italien Enzo Pepi a décidé de le prendre à contrepied, intitulant son album d’une réflexion souvent entendue. Mais on se doute qu’on lui fasse encore la remarque. Surtout que de fureur il n’est finalement pas question ici. Ce vétéran italien de la scène rock/noise utilise la distorsion, certes, (…)

  • Lazy Day – Open The Door

    On avait appréhendé l’univers de Lazy Day à travers un morceau à la fois rêveur et tendu. Concrete dégage un charme qui nous rappelle notre attachement à Broken Social Scene et on le retrouve ici mais ce n’est qu’une des nombreuses facettes développées par Tilly Scantlebury (de Londres). Ce qui déconcerte, c’est précisément de ne pas être plus déconcertés quand on fait le détail qui balaie (…)

  • Andrew Bird & Madisson Cunningham – Cunningham Bird

    Il semble qu’Andrew Bird puisse disputer à Rufus Wainwright le prix de la dispersion des envies musicales mais on peut aussi dire avec un peu de certitude que le premier l’emporte dans l’intérêt de ses projets parallèles. Après avoir exploré l’ambient in situ avec ses Echolocation et sa relectured’Inside Problems et attaqué des standards de jazz, le voici qu’il s’allie à Madison Cunningham (…)

  • Saint Sadrill – Frater Crater

    La présentation du second album de Saint Sadrill name-droppe James Blake, Mark Hollis, Scott Walker et St Vincent. Ambitieux évidemment, contre-productif peut-être mais on ne peut nier une certaine pertinence là-derrière. Ce qu’on peut en déduire aussi, c’est que si ces climats amples et les surprises font partie de vos plaisirs d’écoute et si aucun des exemples ne vous rebute, vous prendrez (…)