vendredi 1er novembre 2013, par
Journée du patrimoine
Moriarty, c’est un groupe international, qui réussit à imposer en France une musique très américaine, extrêmement roots et classique. Le mérite en revenant notamment à une scénographie soignée et la voix et la présence de la chanteuse Rosemary Standley. Entre les deux premiers albums, on a senti que la première caractéristique cédait le pas à une écriture plus resserrée. Pas de gros chambardement en vue, surtout qu’ils s’attaquent au répertoire, au patrimoine de façon assez frontale. Alors, oui, c’est assez facile, il n’y a qu’à se baisser pour ramasser les chefs-d’œuvre mais se frotter à des interprétations plus connues d’artistes parfois iconiques ou légendaires, c’est un risque aussi. Pas énorme, certes, mais un petit risque quand même.
Le choix s’est porté sur des morceaux du folklore américain d’avant Bob Dylan (qui avait d’ailleurs commencé sa carrière dans ce genre de reprises comme le souligne l’indispensable reportage No Direction Home de Martin Scorsese) ou Johnny Cash puisqu’on retrouve tout ce qui constitue la base sur laquelle ces deux monuments se sont appuyés. Tous les deux ont repris Little Sadie présent ici (le second sous le titre de Cocaine Blues). On retrouve aussi une belle version du Ramblin’ Man de Hank Williams avec le renfort du n’goni (guitare à quatre cordes) de Moriba Koïta. Pour être tout à fait honnête, une oreille distraite comme la mienne avait pris ça pour de la bombarde. Je veux dire que c’est parfaitement intégré et ne signe pas un clash culturel.
The Crying Crapshooter’s Blues est de Blind Willie Mc Tell (qui chante le blues comme personne, Dylan et Cabrel nous l’ont rappelé) et Pretty Boy Floyd a été écrite par l’icône Woody Guthrie. Souvent d’ailleurs ces morceaux appartiennent à la tradition orale et n’ont été fixés dans le vinyle que plus tard. Down in the Willow Garden est censé être créée au 19ème siècle et Moonshiner est de ces titres qu’on trouve classiques au premier coup d’oreille. Difficile de ne pas voir dans Saint James Infirmary l’essence même du blues. C’est Louis Armstrong qui l’avait popularisé, ce qui ne nous rajeunit pas non plus.
On retrouve aussi deux morceaux dans une langue qu’on n’osera tout de même pas qualifier de ‘de Voltaire’. Matin pas en Mai interprété avec la formation Mama Roisin et Belle sont pour moi au-delà de ma tolérance. Mais j’admets que c’est une réaction tout à fait subjective et de mauvaise foi.
L’interprétation est impeccable et ils arrivent à garder une vraie légèreté dans leur son, très loin de la course aux armements du folk actuel, ce que la présence vocale de Rosemary leur permettrait. Ici, plus de bruits divers et variés qui faisaient leur particularité, ils se départissent peu à peu de leurs spécificités et on en vient à ne pas le déplorer.
Il est entendu que le gros du public de ce groupe est de ce côté-ci de l’Atlantique, et est donc moins familier de ces morceaux tous immortels et pas encore trop usés pour nous. Mais sans le support historique et sentimental, certains morceaux pourront paraitre bien quelconques. Si vous vous endormez en serrant votre exemplaire du premier pressage du premier Bob Dylan et si vous connaissez chaque strophe du coffret This Land Is Your Land, cet exercice vous paraîtra un peu vain mais dans le cas contraire (plus fréquent il faut le dire), cette collection de classiques impeccablement exécutés montrera que le répertoire folk américain résiste à tout. Ces versions-ci n’apporteront rien à la légende, mais permettent de situer Moriarty dans une perspective plus large, ce qu’on savait de toute façon depuis le début.
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